Cap 1 : Le temps du Réveil

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- C'est finis. J'arrête la voile. Je ne remettrai plus jamais les pieds sur un voilier.

Léonard venait de lâcher cette phrase devant ses parents et sa petite soeur, le coeur lourd. Il ne pouvait plus les supporter... Alors il avait décidé de tout arrêter, pour moins souffrir. Mais il savait que c'était trop tard, de toute façon. La douleur de leurs paroles ne cessait de le détruire, grignotant peu à peu son coeur...

- Je vais aussi partir de la maison. J'ai trouvé un appartement dans une ville à une dizaine de kilomètres d'ici. Je m'en vais d'ici quelques heures, dès que j'aurais fini mon sac.

Ses paroles avaient laissé sa famille dans le plus grand des mutismes, toujours sous le choc des deux nouvelles annoncées de but en blanc. Puis la petite soeur réagit enfin.

- Mais... Léo ! La voile c'est toute ta vie ! Pourquoi arrêter maintenant ?!

Le jeune homme de dix-neuf ans se retourna, le regard vide.

- Ça l'était, Anaïs...

Puis il disparu dans sa chambre pour terminer son bagage déjà presque bien rempli.

Léonard sortit de des pensées soudainement. Il observa encore la mer qui lui faisait face depuis son bureau et soupira. Il ne voulait pas se souvenir de son départ d'il y a quatre ans. Cela ne servait à rien. Il reprit son travail, désireux de ne pas replonger dans des pensées qui auraient plombé son moral déjà bien bas.

Au bout d'un temps certain, on frappa à sa porte, lui faisant lever la tête.

- Entrez, dit-il simplement.

Une jeune femme brune avança dans la pièce.

- Tu travailles encore, Léonard ? s'étonna-t-elle en refermant la porte derrière elle. Il est passé midi ! Tu devrais aller manger.

Le jeune homme soupira, lassé d'entendre cette remarque.

- Je n'ai pas encore finis les plans de construction pour la maison de retraite, Susanna... Je mangerai plus tard.

La dénommée Susanna posa ses mains sur ses hanches, ses iris sombres brillantes de mécontentement.

- Alors ça, ça ne passera pas, cher cousin ! Je ne tiens pas à me faire tuer par tante Aurélie et Anaïs ! Va manger, et plus vite que ça ! Tu es déjà bien trop maigre.

L'architecte grommela et finit par se plier à la volonté de sa cousine. Il se leva donc et parti grignoter son maigre sandwich à l'extérieur du bâtiment où il travaillait.

Léonard n'avait jamais faim, jamais soif. Ou plutôt, il ignorait les sensations de son corps, ne vivant que pour sa famille. Il n'était pas vraiment en dépression, selon lui, mais il n'avait plus goût à la vie comme autrefois.

Au fond, il connaissait très bien la raison de cette sécheresse intérieure. Mais il refusait de le voir, d'admettre ce besoin, cet appel intérieur que son âme criait avec désespoir.

Soudain, son téléphone vibra dans sa poche, à son plus grand désarroi. On ne l'appelait pas souvent. Il était toujours seul depuis quatre ans, ayant perdu espoir de renouer des liens avec quiconque.

Il ne réfléchit pas plus longtemps et saisit son smartphone et décrocha sans faire attention au nom inscrit dessus.

- Léonard Meyart j'écoute ?

- Coucou grand-frère !

La voix d'Anaïs réchauffa immédiatement le coeur du jeune homme et un mince sourire étira ses lèvres.

- Hey, ça va ? demanda-t-il doucement, lui parlant de cette façon si particulière que seule sa petite soeur chérie connaissait.

- Oui, je vais plus ou moins bien... En fait, j'ai eu un petit problème dans les escaliers ce matin et... Je me suis cassée la jambe.

L'inquiétude naquit en Léonard, et presque affolé, il posa une dizaine de questions auxquelles sa soeur répondit avec un petit air amusé dans la voix.

- C'est bon Léo, je ne suis de loin pas devant les portes de la mort, ne t'en fais pas. Enfin bref, ce n'est pas la seule raison de mon appel.

Le plus vieux fronça les sourcils, perplexe.

- Ah ? Comment ça ?

Le silence qui suivit durant quelques secondes ne plu pas vraiment à l'architecte.

- Hé bien... Tu vois... J'avais une régate de prévue pour la semaine à venir. Cette course me tenait à coeur et mon partenaire mourrait d'envie d'y aller. Malheureusement, j'ai eu cet incident et Néo n'a pas le temps de trouver un partenaire. Alors... J'ai pensé à toi, bien que tu aies arrêté il y a quatre ans...

Aussitôt, une peine mêlée à de la panique prit possession de Léonard. Il ne pouvait pas. Pas après ce qu'il s'était passé.

- Léo ?

La voix de sa soeur le rammena sur terre. Il replaça correctement le combiné à son oreille.

- Oui ?

- Tu n'as rien répondu. Tout va bien ?

Aucune réponse ne vint durant  l'espace de quelques secondes.

- Ouais... Ça va.

- D'accord. Je me doute bien que tu comptes sûrement refuser mais... J'aimerai au moins que tu rencontres Néo et le voilier qu'il possède. Tu veux bien ?

Un autre silence suivit. Léonard pesait le pour et le contre.

Puis il soupira.

- Quand puis-je le rencontrer ? finit-il par lâcher d'une voix faible.

- Viens me chercher chez moi à dix-huit heures ! Je t'expliquerai le chemin, déclara sa soeur d'un ton bien trop enjoué à son goût.

Les deux compères se saluèrent et Léonard prit le chemin de son bureau, ayant fini sa pause. Puis, face à la fenêtre, il senti remuer quelque chose au fond de lui quand il remarqua la silhouette blanche d'un catamaran.

Il était temps pour Léonard de se réveiller, et ça, il le sentait malgré son refus de le reconnaître...

Le Vent de nos CoeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant