Chapitre 2 : L'hypocrisie des hommes

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Il était passé midi lorsque le soleil éclaira la totalité du grand et célèbre château de Versailles, le grand et sublime jardin posté à l'avant du château était à présent comblé de gardes, de marquis, de comtes, ou de serviteurs en tout genre. Le silence que tous pouvait entendre le matin fut vite remplacé par un chahut assourdissant de bruits de pas sur du gravier, de voix étouffées dans la foule des passants. Le gigantesque domaine se transformait en une ville miniature, près d'un parterre de tulipes, un rassemblement se formait devant un banc unique où s'y était installé une dame dont la robe brillait tellement au soleil qu'elle éblouissait les yeux à s'en brûler la rétine.

La femme posée sur le banc, portant une coiffe qui aurait pu faire office de nid d'oiseau, observa les personnes qui l'entouraient avec un air hautain. De ses lèvres pulpeuses, son regard d'aigle perça celui d'un serviteur qui posa un genou sur le sol présentant un plateau à la belle femme. Cette dernière posa son regard vif sur le plateau, un éventail dormait paisiblement sur l'argent plat, elle plaqua sa main sur le morceau de tissu qu'elle ouvrit et apporta vers son visage rond. Elle s'éventa un long instant, ses cheveux châtains qui dépassaient de sa longue coiffe flottaient au vent que l'éventail produisait tout le long des mouvements de la femme.

- "Quelle chaleur, mais quelle chaleur ! N'y aurait-il personne qui saurait satisfaire comme il se doit votre souveraine?" dit alors la femme assise sur le banc d'une voix plus que déplaisante, l'assemblée leva les yeux vers elle qui attendait qu'un de ses serviteurs puissent trouver le moyen de subvenir à chacune de ses envies. Aucun ne bougea le moindre petit orteil, ce qui énerva la femme qui s'empressa de lever son précieux derrière du banc et de commencer une marche assurée en direction du château au travers des jardins splendides, tout le long du trajet elle se ventila sans succès.

La femme, suivie de près par l'ensemble de ses serviteurs arriva à l'entrée de son château, elle enjamba chacune des marches, ses talons claquants toujours plus fort sur le marbre des escaliers pour montrer son agacement de l'inutilité de ses serviteurs. Les deux gardes postés devant la porte lui ouvrirent la porte avant même qu'elle n'eut dit le moindre mot, elle s'engouffra sans un regard pour les deux hommes dans le long couloir dont les murs étaient ornés d'or. Le couloir était rempli de longues tapisseries sur ces murs mais également au bas de chaque petite colonne nous pouvions observer une petite statuette ou un objet de valeur, souvent en or ou en argent éclatant. L'intérieur était beaucoup plus respirable que le jardin et tout aussi somptueux. La femme marcha longuement dans le long couloir avant de se stopper net au centre de ce sol doré.

Un homme, dos tourné et bras croisés, attendaient au centre du couloir, il était vêtu d'une longue veste noire décorée de boutons dorés, ses manches de veste garnies de deux chaînes toujours dorées au niveau de ses poignets. De dos, on pouvait apercevoir qu'il possédait de longs cheveux noirs peignés en queue de cheval, deux mèches dorées descendaient jusqu'à ses oreilles. Etabli comme un piquet, l'homme n'avait pas posé un seul regard à la dame qui se tenait derrière lui à présent, elle toussota pour marquer sa présence, l'homme se retourna, il avait l'air d'être sorti de ses pensées, à la vue de la femme il s'empressa de sourire.

- "Majesté, que me vaut l'honneur de votre présence? Auriez-vous besoin de mes services? Rien ne me ferait plus plaisir que de vous savoir satisfaite !" lança l'homme d'une voix mielleuse à l'égard de la femme présentant une coiffe des plus surmontées, un sourire trop beau pour être vrai se dessina sur son visage et c'est alors qu'il prit la main de la dame qu'il appelait majesté, pour y déposer un doux baiser. La femme lâcha un petit rire vis-à-vis des gestes de l'homme vêtu de noir.

- "Vous me flattez, comte de Bordeaux. Vos manières sont d'autant plus appréciées lorsque je ne suis entourée que de larbins qui ne savent absolument pas me servir." La femme, qui n'était autre que la grande reine de France, Marie-Antoinette, se retourna brusquement en direction du serviteur qui lui avait tendu un peu plus tôt l'éventail, elle le désigna du doigt. "Voyez-vous, compte, ce larbin ne me sert plus à rien, il n'a jamais été utile après tout ! Auriez-vous l'obligeance de me débarrasser de ses services !" Sur ces dires, la reine rebroussa chemin pour se diriger vers des escaliers qui montaient vers le premier étage du château, dans un même instant le comte de Bordeaux, nommé également Charles Moreau, fit une révérence à la dame qui ne le vit certainement pas avant de chavirer du côté du serviteur apeuré qui venait d'être châtié par la reine. Le comte leva simplement le bras droit et deux hommes costumés tous deux de longs manteaux noirs sortirent d'une pièce voisine et agrippèrent violemment le bras du jeune homme, ils le portèrent jusqu'à une pièce souterraine du château où ses cris se faisaient de plus en plus aigus, il hurlait à mort connaissant son sort scellé dès à présent.

Amour interdit, mais infini [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant