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Ça fait 15 jours que je suis hospitalisée.
15 jours que je dors seule. Que je dors peu.
J'attends chaque jour avec impatience les visites de ma famille, de mes amis, de Fred surtout.

Le verdict est tombé. J'ai une infection du sang qui n'a pas été détectée lors des précédents examens. Cette infection a abîmé un de mes reins. Ce n'est pas irréversible. Et on peut vivre avec un seul rein.
Je fais du diabète également.
Voilà pourquoi je mange peu maintenant et encore moins de sucre.
J'ai fini mon traitement par perfusion. J'attaque maintenant par comprimé.
Je reste encore une semaine en hospitalisation pour voir si je réagis bien au traitement per os.
J'en vois le bout.

J'appréhende mon retour. Est ce que tout sera comme avant. Est ce que Fred sera encore là.

Je m'endors sur ces pensées. Il est 16h. Je n'ai encore eu aucune visite.

Je me réveille à 18h, on m'apporte le repas. Beurkkk c'est pas appétissant.
Je mange un peu. Je referme le plateau et vais me brosser les dents.
Je me couche.
Personne ne viendra aujourd'hui.
La solitude m'envahit. La peine aussi. Les larmes et le chagrin viennent m'emporter.
Je dors d'un sommeil agité. Je me réveille à 4h. Ma nuit est finie. Je vais me laver. Et préviens les infirmières de services que je descends à la cafet.

Je reste là jusqu'à 6h. La relève arrive. Et le 1er tour du matin va être fait.
Bientôt j'aurai 24 ans...

J'ai droit à une nouvelle prise de sang aujourd'hui. Les résultats sont encourageant. Je sortirai sûrement la semaine prochaine.

Mon téléphone s'affole ce matin. Tous s'excusent de ne pas être venu. Je ne réponds pas. Ils appellent dans le service. L'infirmière me fait passer le message.
Je lui demande de leur dire que je ne suis pas joignable ce matin.
Elle comprend que je ne vais pas bien et appelle la psy.
Elle passe 1h après. Je parle beaucoup. Elle m'écoute. Elle relativise toute mes peurs et ça le fait du bien.

L'après midi, je pars dans le service pédiatrique. Il y a des animations avec les enfants et j'ai envie de partager un moment avec eux.
Certains sont là pour des petits bobos d'autres pour de plus grosses maladies.
Ils ont une force et un courage monstre. Ça donne une claque de les voir se battre et relativiser leur maladie.
Ça donne des leçons.
Certains sont là seul. Car leurs parents habitent loin, parce que leurs parents n'ont pas de congés.
Aujourd'hui, je prends une leçon de vie.
Je retourne dans ma chambre, les bras pleins de dessins.
Le coeur gonflé d'amour et pleine de force, de courage.
Je passe en salle de soins prévenir que je suis rentrée.
Je rentre dans la chambre et tombe sur mes amis qui tournent en rond comme des fauves en cage

_Fred : t'étais où ? Bordel !
_Sonia : Bonjour.

Je dépose mes dessins sur la table. Et je vais dans la salle de bain.
Je les entends râler mais je ne vais me battre contre eux.
J'ai assez à faire avec moi même. Quand je sors, Magalie, l'aide soignante me dépose mon plateau repas.

_Mag : bon appétit Sonia. Tu y retourne demain ?
_Sonia : Merci Mag. Je pense oui. Ils sont fabuleux. J'ai adoré passer mon aprem la bas.
_Mag : à toute je passe à la fin de mon poste si j'ai le temps.
_Sonia : ok bon courage.

Elle s'en va. Super soupe tomate. Je mange tout mon bol avec une tartine au beurre. Et mon dessert, une orange. Je suis repue.
Mes amis sont toujours là. Ils me regardent manger, le sourire aux lèvres.
Exploit Sonia a manger !

_Sonia : vous attendez quoi ? Vous avez pas une vie au lieu de me regarder bêtement.
_Thomas : qu'est ce qu'il y a ?
_Sonia : rien.
_Cindy : ça va ?
_Fred : tu as fait quoi aujourd'hui,? J'ai pas réussi à te joindre.
_Sonia : rien de bien intéressant. Vous restez longtemps ?
_Thomas : non on va te laisser si tout va bien.

Cindy et Thomas me font la bise et s'en vont. Rémi me serre dans ses bras et m'embrasse le front.
Fred reste assis sur la chaise et il me regarde.
Quand les autres sont partis, il se lève et se met devant moi.

_Fred : tu joues à quoi Sonia ? J'ai flippé toute la journée. Impossible de te joindre.
_Sonia : j'étais joignable hier mais personne n'a pris de mes nouvelles. Alors aujourd'hui, je n'ai attendu personne. J'ai fait ma vie.
_Fred : et tu as fait quoi ?
_Sonia : j'ai rencontré des personnes très intéressantes. J'ai appris ma leçon aujourd'hui. Même seule, il faut se battre car notre pire ennemi c'est soi même. Même entouré, nous restons seule.

Je le vois baisser sa tête. Les larmes aux yeux.
Il se lève et me prend dans ses bras.

_Fred : ne me rejette pas Sonia. Sans toi, je suis plus rien. Hier je me suis mis minable car tu es ici et que je ne peux rien faire pour toi. Les autres sont restés avec moi car ils avaient peur que je fasse une connerie. S'il te plaît Sonia. Ne me rejette pas.

Fred pleure contre moi. Magalie passe chercher mon plateau mais il ne bouge pas. Il reste blotti contre moi.
Quand elle s'en va, je lui glisse à l'oreille que je l'aime. Je m'allonge dans mon lit et lui demande de se coucher avec moi.
Cette nuit, il dort avec moi. Les soignants ne sont contents mais je m'en fous.
J'ai besoin de lui. Comme lui a besoin de moi.

Je me réveille dans ses bras. J'ai dormi. J'ai bien dormi. Lui dort encore. Je me lève et vais me laver.
L'équipe du matin est sympa. Elle lui met un petit déjeuner avec le mien. Je lui caresse la tête et l'embrasse sur la bouche pour le réveiller. Il grogne. Ça me fait rire. Il n'est pas du matin.
Il me prend dans ses bras et me recouche avec lui.

_Fred : je voudrais passer ma vie comme ça.

Mes chances  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant