C H A P I T R E 1 6

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Ce rythme banal et classique qui s'est installé entre nous, ce rythme de tournée, Louis étant comme devenu un membre à part entière de l'équipe, a juste continué durant toute la durée de celle-ci. Personne ne se demandait pourquoi il était là ; enfin, je reformule, personne ne demandait à haute voix pourquoi Louis était là, mais en réalité ce n'était pas un secret. Non, nous ne nous affichions toujours pas, nous étions très pudiques et intimes dans cette espèce de relation secrète et inédite que nous vivions, mais il fallait tout de même être sacrément aveugles pour ne pas le voir. C'était un secret sans vraiment en être un auprès de mon équipe, et par contre un secret total auprès du public et des fans, qui n'avaient aucune idée de ce qui se passait entre Louis et moi. Ils avaient tendance à rendre notre relation actuelle très belle, ou très triste. En l'occurrence, elle était... Bon, je reconnais, je ne sais pas trop ce qu'elle était. Tristement belle, sûrement.

Cela a duré, toute ma tournée. Celle-ci ne s'est pas non plus étendue sur des années, évidemment que non ; juste plusieurs semaines, constituant des mois. C'était épuisant, mais il y avait un côté addictif et au final, avec le recul, c'est passé vite. Ma première tournée en tant que chanteur solo touchait à sa fin le 13 juillet. J'étais à trois semaines de cette fin, touché par cela quand même. Je m'étais rapproché de mon public comme jamais, c'était inédit, terrifiant au début, mais au final c'était génial. Et oui, cela me déprimait un peu ; comme les fans, j'en ai conscience.

La fin approchait alors, le jour où je me produisis à New-York. Trois semaines avant la fin. Le décompte était proche du zéro. C'était impressionnant. 

« Je vais chanter à Madison Square Garden... »

Je regardai la grande salle d'où j'étais, un peu en hauteur par rapport à tout ça. C'était fou. Il n'y a pas d'autres mots. C'était juste dingue, réellement. J'avais des étoiles dans les yeux, je me sentais fier de moi-même et c'était une sensation impressionnante. Car j'avais déjà chanté sur cette scène, oui, et j'avais été bien heureux également ; mais cela remontait à quelques années et surtout, ce n'était pas moi seul. C'était avec mon groupe, ce boy-band qui a eu un succès dingue, mais j'aurais pu ne pas avoir la même chose en tant qu'artiste solitaire. Et pourtant... J'en étais là. A regarder mon équipe tout mettre en place car quelques heures plus tard, j'allais me produire devant plus de 20 000 personnes. Parce que oui, en plus, c'était complet. Wow.

« C'est merveilleux, dit Louis, à mes côtés.

- C'est plus que ça encore. »

Je ne le regardai pas, je fixai devant moi. Il n'y avait pas grand chose à voir pour le moment, mais c'était comme si j'avais besoin de regarder encore et encore cette salle pour le moment vide, pour m'imprimer cette image en tête, pour en garder un souvenir éternel.

« Je suis fier de toi, Harry. »

Je tournai la tête vers Louis. C'était des mots que je n'avais plus entendu de sa bouche depuis un long moment. Il n'avait pas nécessairement de le dire pour que je le sache, c'était évident ; nous étions tous fiers du parcours des uns et des autres depuis la mise en pause du groupe, et cela s'appliquait également à Louis et moi, peu importe si nous étions des ex, enfin pas tant ex que ça. Nous étions fiers l'un de l'autre et cela n'avait rien à voir avec l'amour je pense. Cependant, j'aimais Louis. Et l'entendre me dire qu'il était fier de moi me fit du bien, presque autant que cela me fit mal.

« Tu rempliras cette salle aussi, je lui répondis en le regardant.

- Oh Harry, rit-il nerveusement. Ne raconte pas de conneries pareilles.

- Tu la rempliras », j'insistai.

Ça aussi, cela n'avait rien à  voir avec l'amour. Évidemment, cela jouait un peu mais vraiment d'un faible pourcentage. Ce n'était pas mon amour pour Louis qui me faisait dire qu'il allait remplir une si emblématique salle, c'était juste ma confiance en lui et en sa voix, dont il manquait cruellement.

Pour tes yeux seulement - Larry StylinsonWhere stories live. Discover now