Fiction OrelxGringe - Où es-tu ?

Je te protégerai.

« Je suis sûr que j'ai déjà vu son visage quelque part. »

Aurélien releva le visage et se tourna vers  Guillaume, le regardant d'un air interrogateur. Ils étaient en train de fumer en silence devant le tour-bus avant que Guillaume ne se mette à parler. Enfin, Skread et Guillaume fumaient  pendant  qu'Ablaye buvait une bière et  que lui... était simplement là.

« Comment ça ? » demanda Ablaye.

Guillaume plissa les yeux, tirant une bouffée sur sa cigarette, avant de reprendre :

« Ce mec, là... sa tête me dit un truc. Mais j'arrive pas à mettre le doigt dessus. »

Aurélien le dévisagea d'un air paniqué, attendant la suite, mais Guillaume soupira seulement.

« J'sais pas où je l'ai déjà vu. »

Le silence tomba de nouveau entre les  quatre amis et Skread éteignit sa cigarette avec sa chaussure.

« Peut-être  que ça te reviendra. Pas la peine de se faire du mauvais sang par rapport à cette histoire. Orel est en sécurité ici. »

Aurélien vit le regard pas convaincu de Guillaume et Skread se tourna vers lui :

« Tu le sais Orel, non ? Il ne peut rien t'arriver tant  qu'on est là, n'est-ce pas ?

- Euh oui... je suppose...

- T'inquiètes mec, on va éclaircir toute cette histoire. Comme dirait Deuklo : faudra nous passer sur le corps si quelqu'un veut te faire du mal ! hein ? » rit Ablaye.

Aurélien déglutit et hocha la tête. Faire du mal. Mais pourquoi quelqu'un voudrait s'en prendre à lui ? C'est ce qu'il aimerait comprendre en premier lieu. Ses amis sourirent et s'éloignèrent en leur souhaitant une bonne nuit, les laissant seuls à nouveau.

Un grand silence les enveloppa et il se mordit la lèvre, baissant les yeux pour cacher son embarras.

« Je te protégerai. »

Les mots claquèrent dans le silence de la nuit et il releva la tête à la vitesse éclaire, le cœur battant la chamade dans sa poitrine.

« Pardon ? »

Guillaume écrasa sa cigarette sous son pieds et s'avança vers lui jusqu'à n'être qu'à deux pas de lui.

« J'ai dit je te protégerai. Je laisserai personne te faire de mal, Orel. Pas tant que je suis vivant. »

Aurélien sentit ses yeux le piquer et la boule dans sa gorge doubler de volume. Guillaume toucha légèrement son bras et il frissonna au contact.

« Dis pas ça, Gringe. Tu ne peux pas être sûr de ça, dit-il en baissant les yeux. J'aimerai que ce soit vrai, me dire que je suis en sécurité tant  que je t'ai à mes côtés, mais c'est faux. Tu dois retourner à la fac. Tu ne peux pas être H24 avec moi. Et même si c'était le cas, tu ne peux pas veiller sur tout. La vie est faite d'imprévus... et surtout, je ne veux pas que tu te sentes coupable si un jour il m'arrive  quelque chose. »

Guillaume lâcha son bras, laisant glisser délicatement ses doigts sur sa peau, et il releva le visage. Guillaume avait l'air triste, les yeux embrumés de larmes, et Aurélien posa ses doigts sur sa joue après une nette hésitation.

« Je suis désolé... Si seulement je n'étais pas un tel froussard, tout ça ne serait pas en train d'arriver. Mais je te remercie... d'être aussi attentionné envers moi. Claude serait jaloux de ça, tu sais ? rit-il doucement et il vit Guillaume esquisser un minuscule sourire malgré lui.

- C'est moi ton meilleur ami, minus. C'est normal  que je m'en fasse pour toi. N'en déplaise à Deuklo. »

Aurélien sourit. Son meilleur ami. C'est vrai, c'est ce qu'il était. Une seconde auparavant, il avait ressenti un désir irrépressible de l'embrasser. Il s'était senti attiré par ses lèvres. Il avait eu la soudaine envie de passer une main derrière sa nuque et de l'attirer à lui, afin d'écraser sa bouche contre la sienne. Il sentit une drôle de sensation dans son bas-ventre et il dû se mordre violemment la lèvre pour se faire violence.

« On rentre ? » demanda-t-il alors et lorsque Guillaume hocha la tête, il enleva sa main de son visage et entra dans le tour-bus, suivit de près par son ami.

Il lui souhaita une bonne nuit et se dirigea vers sa chambre, le sang battant contre ses tempes, réfléchissant à ce soudain tournant qu'avait pris leur relation.