L'aveu, pt. 1.

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Un mois passa lentement. Les cauchemars se firent de moins en moins fréquents avec les semaines et un soir, après un énième cauchemar, Guillaume était resté dormir avec lui. Il n'avait plus quitté son lit depuis ce soir-là. Aurélien voyait toujours Julien, il le voyait en surprenant son regard dans le vague de temps à autres, mais semblait réussir à apprendre à vivre avec. Il se dit qu'il arrivait à faire la distinction entre le rêve et la réalité à présent et qu'avec le temps, Julien disparaîtrait, comme l'avaient fait ses cauchemars. Il avait repris la fac, laissant Aurélien parfois seul une journée entière à la maison. Il sortait aussi beaucoup, histoire de s'occuper, et il savait qu'il regrettait les jours de concerts. Mais il n'était pas encore prêt pour repartir en tournée. Ils avaient vu plusieurs fois leurs amis depuis la dernière fois et leur fréquence de retrouvailles au bar L'Embuscade se fit de plus en plus courtes. Il espérait être en bon chemin pour que leur vie redevienne comme avant, à l'exception faite qu'ils étaient maintenant plus ou moins en couple. Ils étaient ensemble, oui, mais leur relation était si forte qu'ils se comportaient encore comme avant, lorsqu'ils n'étaient que meilleurs amis. A vrai dire, peu de choses avaient changé entre eux, malgré ce qu'il craignait au départ. A part le fait qu'ils s'embrassaient plusieurs fois par jours, se disaient des petits mots tendres, qu'Aurélien se blottissait encore plus volontiers qu'avant contre lui et qu'ils dormaient serrés l'un contre l'autre... rien n'avait changé entre eux. Et ça lui plaisait. Il avait eu peur que le fait d'avouer ses sentiments à Aurélien détruise leur amitié et au contraire, elle n'en était devenue que plus forte.

Il sentit son portable vibrer dans sa poche de pantalon et posa son sac de courses au sol pour l'attraper. Il sourit en voyant le nom d'Aurélien apparaître sur l'écran et décrocha, une douce chaleur s'immisçant alors dans tout son être.

« Allo Orel... ? »

Son sourire s'effaça lorsqu'il entendit la respiration irrégulière d'Aurélien à l'autre bout du fil.

« Orel, t'es là ?

- Guillaume... reviens. »

Guillaume se figea sur place, un frisson lui parcourant l'échine.

« Reviens, j'ai pas réussi...

- Pas réussi quoi, Orel ?

- Je... je suis désolé... je voulais pas... reviens.

- J'arrive tout de suite, Orel. Ne bouge pas. Et respire ! »

Il abandonna son sac de courses et se précipita hors du magasin, courant de toutes ses forces sur le chemin du retour.

Il entra dans l'appartement en claquant violemment la porte derrière lui et s'immobilisa en entrant dans le salon. Aurélien était adossé au mur, la tête baissée, une main recouvrant l'autre par dessus son ventre. Il se précipita par terre à ses côtés et le secoua. Il y avait du sang au sol, coulant de sa main, ainsi que plusieurs éclats de verres et il paniqua :

« Orel, putain ! Répond-moi ! »

Ce dernier ouvrit alors les yeux en sursaut et inspira profondément en le voyant penché sur lui.

« Je suis désolé, j'ai pas réussi... balbutia-t-il et Guillaume attrapa sa main brusquement, regardant l'entaille dans la paume de sa main.

- C'est quoi ça, Orel ?! Qu'est-ce que tu as foutu ?

- Je... c'est le seul moyen que j'ai trouvé... il était trop fort...

- Mais qu'est-ce que tu racontes, putain ?! J'ai cru que tu étais mort, bordel !!

- Il m'a sauté dessus, pleura Aurélien autant apeuré par ce qu'il venait de se passer que par la colère de Guillaume. J'ai cru qu'il allait m'agresser... encore... alors j'ai attrapé un verre et je me suis tailladé la paume de la main avec un morceau, après l'avoir cassé au sol. C'était le seul moyen, crois-moi. Le seul moyen pour qu'il disparaisse. J'avais perdu le sens de la réalité. Je n'arrivais pas à m'en défaire malgré le fait que je me répète en boucle qu'il n'existait pas, qu'il était mort, que c'était seulement dans ma tête... Je suis désolé, Gringe... »

Guillaume resta interdit devant ses larmes. Il n'avait pas fait ça pour se tuer, au contraire. Il l'avait fait pour rester vivant, revenir au monde réel... Et...

« Comment ça, encore ? »

Aurélien releva la tête, à travers ses larmes, et il crut qu'il avait littéralement arrêté de respirer. Il le regardait les yeux écarquillés, comme s'il avait dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû.

« Je... balbutia-t-il en reculant, mais le mur l'arrêta.

- De quoi tu parles ? Pourquoi j'ai l'impression que tu ne parles pas de la nuit où il t'a tiré dessus...? »

Il ne put s'empêcher de jeter un œil à sa cuisse, à l'endroit où il savait que la blessure n'était pas tout à fait guérie, en disant cela. Aurélien secoua la tête devant lui, incapable de lui dire la vérité.

« Non, bégaya-t-il. Je ne peux pas...

- Dis-le moi, putain !! cria-t-il, s'emportant. Tu dois me dire la vérité maintenant !! »

Aurélien pleura de plus belle, complètement terrorisé à présent, et il afficha un regard coupable. Il n'aurait jamais dû s'emporter ainsi.

« Je suis désolé, Orel. Je ne voulais pas, je m'inquiète c'est tout... » se confondit-il en excuses en essayant de le prendre dans ses bras.

Aurélien le repoussa, se débattant pendant plusieurs secondes, et soudain il abandonna, lui tombant dans les bras en poussant un cri de douleur. Tout son épiderme frissonna en entendant son cri de douleur. Jamais il n'avait entendu de cri plus déchirant.

« Il m'a fait mal... tellement mal... !! »

Guillaume sentit son cœur se briser en l'entendant crier tout contre lui et il resserra son étreinte, comme si ça pouvait le soulager de sa douleur.

Fiction OrelxGringe - Où es-tu ?Where stories live. Discover now