| Chapitre XXIII |

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12 septembre (Mercredi) – 18 :04 – Chicago – Lauralee

Cela fait environ vingt-quatre heures que nous sommes arrivées dans ce nouveau bâtiment. C'était la première fois que cela arrivait, mais ils ont utilisé une seule voiture pour nous transporter dans notre nouvel environnement pour le prochain mois.

Nous ne sommes plus dans ces grands immeubles éloignés de toutes civilisations. La pièce est minuscule comparativement à celles des derniers mois. Il y a une seule qui prend presque tout l'espace et nous sommes toutes enfermées ensemble. C'est comme si nous étions dans le sous-sol d'une maison ou encore d'un magasin. J'entends même le bruit des voitures, les cris des passants, etc.

Nous sommes seulement cinq filles dorénavant. Malgré la difficulté de la tâche comme nous ne sommes plus nombreuses, la moitié du groupe a réussi à s'enfuir lors du déménagement hier.

- Est-ce que ça va Dove? Me demande l'une d'elles en s'approchant de moi.

Elle m'aide à m'adosser contre le mur et je murmure :

- C'est... C'est comme si je ressentais des contractions.
- Pourquoi es-tu surprise?
- C'est normal, tu es enceinte! Complète son amie qui nous retrouve.
- Je n'ai aucune preuve que cet enfant est toujours vivant.
- Tu n'as aucune preuve que ton enfant est mort aussi.
- Comment veux-tu qu'il ait survécu dans ces conditions?
- Il ressemble probablement à sa mère : ton bébé est fort, courageux et résistant comme toi.
- C'est presque impossible, vous le savez autant que moi.
- Oh Dove, si seulement tu savais!
- Personne ne comprend comment tu as fait pour survivre aussi longtemps! Ajoute-t-elle en passant un bras autour de mes épaules.

Je rigole, mais je m'arrête immédiatement : la douleur est pénible.

- Fais attention à toi! Me dispute l'une d'elles.
- Je me sens si faible : je n'ai même plus la force de rire.
- Tu es chanceuse Dove : plusieurs seraient déjà mortes à ta place.
- Vous êtes rassurantes les filles.

Elles m'affichent leurs plus beaux sourires, les dernières se rapprochent de nous et mon visage s'illumine.

Je suis chanceuse dans ma malchance.

Lors des derniers mois, j'ai fait davantage de connaissances que dans mon passé. J'ai rencontré des femmes fortes dont je n'oublierais jamais l'existence et que j'espère grandement être en mesure de les revoir en d'autres conditions.

Durant mon cauchemar, j'ai eu la chance de rencontrer la meilleure amie d'Erin, Nadia. J'ai découvert qu'elle comptait autant l'une pour l'autre et leur amitié m'a rappelée Maria. J'ai compris pourquoi Erin me parlait si souvent d'elle, qu'elle l'adorait autant. Cette fille au passé sombre a un cœur d'or, il est impossible de la haïr. Elle sait sacrifier, jusqu'à y laisser sa vie, pour me protéger ainsi que mon enfant, tandis que nous nous connaissions à peine. Je lui en serai toujours reconnaissante et jamais je ne l'oublierai.

J'ai aussi découvert ma jumelle séparée à la naissance, Camélia. J'aurais tellement voulu faire sa connaissance en d'autres circonstances et il y a plusieurs années. Nous avons vécu des expériences similaires dans notre passé et nous nous comprenions si facilement. Je ne me suis jamais sentie aussi proche d'une fille auparavant, elle était ma meilleure amie. Elle était la seule qui réussissait à me raisonner parfois. Elle prenait soin de moi comme la sœur que je n'ai jamais eue, elle était mon ange. Une part de moi égoïste aurait voulu qu'elle soit toujours à mes côtés, mais je suis tellement soulagée qu'elle soit entre bonnes mains présentement. Si je survie et que je suis retrouvée, je veux définitivement la revoir et qu'elle fasse partie de mon futur.

De retour à Chicago - 2.  Vivre au présentWhere stories live. Discover now