Circonstances Particulières [Shizaya] Fanfiction

« À l'intention de Shizuo Heiwajima »

Aucune pensée cohérente n'arrivait plus à se former dans la tête de Shizuo. Tout s'embrouillait et même quand il tentait de s'arracher à cette douce torpeur, ces mains, cette bouche, tout cet être s'évertuait à l'y retenir. Il se sentait comme un mortel descendu aux enfers et, ayant goûté au buffet d'Izanami — déesse régnant sur les enfers, était condamné à y rester pour l'éternité.

Sa bouche se tordit dans un plaisir vainement contenu. Si ça continuait ainsi, il n'avait pas tenir très longtemps. Son regard dévia vers la tignasse brune qui s'affairait sur son entre-jambe.

— Iz-Izaya, arrê-

Mais le brun prit son membre en bouche jusqu'à la garde, causant à Shizuo un nouveau gémissement incontrôlé.

— Ah !

Comment en était-il arrivé là au juste ?

*°*_*°*_*°*_*°*

Shizuo Heiwajima mâchonnait rageusement sa sucette, son pied frappant frénétiquement le sol, assis sur un banc au milieu d'un parc. Le bonbon craqua douloureusement sous ses dents et il jeta vivement le bâton dans une poubelle, agacé.

Encore tout à l'heure, d'autres lycéens étaient venus lui chercher des noises alors qu'il déjeunait tranquillement avec Shinra dans la cour du lycée, même si ce n'était pas la réelle raison de sa colère. Sa véritable cause, c'était sa certitude qu'Izaya avait tout manigancé, comme toujours. Encore lui. Toujours lui.

Qu'est-ce qu'il lui voulait à la fin ? Déjà, le jour de leur rencontre, il avait pressenti que les élèves de la seconde quatre qui s'étaient jetés à  dix  contre lui, c'était lui qui les y avait poussé. Ce gars commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs, surtout qu'il s'était teint les cheveux en blonds pour qu'on arrête de l'emmerder, et que depuis qu'il connaissait ce sale insecte, ça ne faisait plus fuir personne. Comme si lui racheter constamment des uniformes ne coûtait pas déjà assez cher à ses parents.

Il rentrait chez lui d'une humeur massacrante.

Si seulement l'autre pouvait aller crever, ça serait le plus beau jour de sa vie.

En arrivant devant la porte de son appartement, il inspira un grand coup, puis expira lentement l'air de ses poumons pour se calmer. Pas question que son frère fasse les frais de sa colère alors que c'était l'autre vermine qui en était la cause. Il allait rentrer chez lui, boire un grand verre de lait, s'installer tranquillement à la table de la cuisine et faire ses devoirs, puis quand il aurait fini, se poser devant la télé et enfin profiter. Rien qu'à la perspective d'une soirée aussi paisible, il ne pu s'empêcher de sourire intérieurement.

Il tourna la clé dans la serrure et fit un pas en avant, mais son pied heurta un sac en plastique. Intrigué, il s'en saisi. Une... lettre ? Qui donc envoyait des lettres dans des sacs en plastiques et les jetait devant la porte du destinataire ? Il haussa un sourcil, puis soupira. Bah, il verrait plus tard. Il jeta son sac dans l'entrée, juste à côté de ses chaussures, et se dirigea vers la cuisine, bien déterminé à mettre son plan de soirée à exécution. Il bu donc son verre de lait, mais la tentation fut trop forte.

Il fouilla l'enveloppe. Elle contenait des écouteurs et un lecteur MP3 qu'il alluma. Il ne contenait qu'une seule piste audio dont il déchiffra difficilement le titre.

— Li-Lisuto... Listen-me ? Écoutez-moi...

Qu'est-ce qu'un MP3 avec une piste en anglais faisait devant sa porte ? Suspicieux, il se dirigea vers le pied des escaliers.

— Kasuka ? T'es là ?

Aucune réponse. Il avait vaguement espéré que ça lui soit destiné, mais en retournant l'enveloppe, il découvrit une courte inscription qui balaya ses doutes comme une tempête arracherait une maison.

« À l'intention de Shizuo Heiwajima »

Il retourna à la cuisine et, verre en main, écouteurs dans les oreilles, lança la piste.

Le début était... étrange. C'était des bruissements de tissu, suivi d'un Shizuo chuchoté dans un souffle, comme étouffé à travers plusieurs épaisseurs de draps. Il bu une gorgée de lait... et la recracha presque immédiatement, les yeux écarquillés. Il arracha les écouteurs de ses oreilles et le lança à travers la pièce.

L'appareil vola, comme pris d'un désir de liberté. Il pu entrevoir le ciel au travers de la fenêtre, peut-être que s'il espérait assez fort, il pourrait la traverser, mais le MP3 la manqua de peu et en même temps que ses rêves de liberté, il se fracassa violemment contre le mur, avant de s'écraser au sol dans le même temps que le regard choqué de Shizuo suivait sa trajectoire, comme s'il allait disparaître par magie. Il l'espérait, le voulait irrésistiblement.

Après tout, c'était totalement surréaliste. Comment dans cet enregistrement... Non. Ce n'était définitivement pas possible. Il était pourtant certain d'avoir entendu... un gémissement dans cet enregistrement. Mais pas de douleur, ni de peur. Il aurait préféré, d'ailleurs. Mais c'était un gémissement de plaisir qui lui avait chatouillé les oreilles.

Quelqu'un se touchait et gémissait son nom dans cet enregistrement. Encore, ce n'était pas le plus dérangeant. Le plus perturbant, c'était qu'il avait l'intime certitude de connaître cette voix...