Chapitre 8: L'orage

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Je vis une larme rouler le long de la joue de mon lieutenant, il essuya d'un bref signe de la main, essayant avec peine de me cacher l'émotion qui ressurgissait au fond de lui, je n'osais rien dire, j'en étais même incapable..

« Hank.. »

Pour la première fois depuis ma première rencontre avec le lieutenant Anderson, je l'appelais par son prénom, je n'y avais jamais vraiment songé à vrai dire, mais je crois qu'après le monologue lourd de sens de mon partenaire, il m'était devenu impossible de le nommer comme autrefois.

« Hank, j'aurai aimé que vous n'ayez jamais eu à dire ça, et surtout pas à un androïde, j'aurai aimé que vous échangiez ces mots avec votre fils et si c'était dans mes capacités, ou si seulement c'était possible, je me serai donné corps et âme pour que vous puissiez retrouver Cole.. Mais j'en suis incapable, alors je ne peux vous promettre qu'une chose en retour, c'est de toujours vous faire honneur, de ne pas vous décevoir, vous êtes un homme formidable et je me dois de suivre votre exemple. »

Mes mots semblèrent l'atteindre encore plus profondément que ce qu'il avait lui-même révélé, au milieu de cette rue bondée d'une foule aveugle et sourde, Hank me prit dans ses bras et éclata en sanglots, ça n'était pas des larmes communes, mais plutôt celles que l'on ravale, encore et encore jusqu'à n'en plus pouvoir. Ses mains s'agrippaient aux pans de ma veste, pétrifié je ne pu faire le moindre geste, mes bras restèrent le long de mon corps sans me répondre. La respiration de Hank était sifflante, irrégulière aussi, autour de nous certains passants nous adressaient d'étranges regards, soit intrigués soit méprisants, quelque chose dans cette situation me mettait dans un profond malaise. Au dessus de Detroit, le ciel se mit à gronder, tonitruant, belliqueux, une goutte de pluie s'écrasa silencieusement sur mon épaule et me fit perdre des yeux l'homme qui s'accrochait à moi comme à une bouée de sauvetage, les portant alors sur l'orage qui se préparait au dessus de nos têtes.

« Hank, rentrons.. »

Je l'entrainais péniblement à mes cotés, luttant contre la foule, perdus, nous avions l'air perdu, comme dans un rêve trop lourd qui nous empêche de nous réveiller. Lorsque nous sommes arrivés à la voiture il me sembla que nous avions marché durant des heures, Hank était livide, je n'aurai su dissocier les gouttes de pluie de ces larmes, il entra dans la voiture avec un geste hésitant, maladroit même. On aurait dit une marionnette confuse et désarticulée dont on aurait emmêler les fils, il me faisait peine à voir, grelottant et déboussolé, rien ne semblait pouvoir le sortir de ses pensées. Avec un geste machinal j'alluma le chauffage qui se mit à bourdonner avec un bruit désagréable, le lieutenant Anderson ne m'adressa même pas un regard, trop absorbé par sa méthodique descente aux enfers. De ses cheveux grisonnants s'écoulaient les résidus moites de l'averse, après un long moment d'hésitation je finis par saisir une des mèches délavées qui obstruait sa vision pour la glisser derrière son oreille. Ce petit geste le fit revenir péniblement à lui et il m'adressa un regard chargé d'incompréhension, comme si il avait oublié pendant une seconde mon existence..

« Je suis désolé Connor, désolé pour tout. fit-il avec une profonde expression de regret. »

Il enroula nerveusement ses cheveux autour de son index, visiblement affligé par son comportement.

-Vous n'avez pas à vous excuser. Hank vous n'avez rien à vous reprocher, ça n'est pas votre faute, rien de tout ça n'est arrivé à cause de vous, vous ne pouvez pas tout contrôler c'est impossible.. Un être humain à le droit de faire des erreurs, c'est ça qui nous différencie autant.. Moi si je venais à échouer je.. »

La fin de ma phrase mourut entre mes lèvres, elle me paraissait bien trop difficile à dire, trop lourde, trop oppressante.. Le lieutenant Anderson me dévisagea durant de longues secondes qui me parurent interminables avant de m'attirer contre lui pour la seconde fois. Il me serra fort dans ses bras sans que je puisse résister, sans que je n'en ai envie aussi, je me sentais humain, comme lui, comme si nous étions égaux.

« Si tu venais à échouer, je ne laisserai jamais quiconque te ramener à Cyberlife, ils n'ont pas le droit de te ramener là bas comme si tu étais simplement une machine défectueuse, ils n'ont pas le droit de faire ça. »

Hank fut prit d'une violente quinte de toux à la fin de sa phrase et je sentis ses bras se crisper un peu autour de ma taille, il frissonnait, détrempé par la pluie, l'humidité le frigorifiait. Blotti contre moi, il me sembla que ce contact le réchauffer et je ne pu me résoudre à le briser, ce moment avait quelque chose de délicat, de fragile comme du cristal, un petit objet qu'on aurait pu briser au moindre geste. Finalement, après plusieurs longues minutes, Hank sortit de sa torpeur et me dévisagea tristement.

« Excuse moi Connor, tu ne devrais pas avoir à supporter les aléas de la vie d'un flic au bord de la dépression nerveuse. »

La voiture démarra sans que j'en prenne vraiment conscience, mes yeux restèrent accrochés au lieutenant Anderson tout le long du trajet, lui devait se faire violence pour rester concentrer sur la route, quelque chose en lui montrait une profonde fatigue.

Il me sembla que lorsque je rouvris les yeux, un long moment s'était écoulé comme si je m'étais assoupi sans m'en rendre compte, les yeux de mon lieutenant étaient rivés sur moi, c'était sans doute cette impression d'être observé qui m'avait réveillé.

« Viens Connor, on est arrivé. »

Il n'ajouta rien et se contenta de sortir de la voiture, un peu confus, je m'empressa de le suivre, presque comme si j'étais perdu sans sa présence. Hank vit mon désarroi et m'adressa un sourire un peu forcé mais emprunt d'une grande compassion. Lorsque nous fûmes à l'intérieur je crois que même Sumo comprit que quelque chose n'allait pas, si bien qu'il se réfugia dans son panier sans demander son reste, glapissant et tremblotant, jetant un œil triste à son maître. Hank éternua brusquement et fut prit d'une grosse quinte de toux qui le fit se courber sur lui-même. Par réflexe je me rua sur lui et lui tapa doucement dans le dos, le soutenant comme je pouvais.. Les pupilles dilatées du lieutenant se posèrent sur moi, chargées de gratitudes, je sentais les forces s'échapper du corps mon supérieur, avec toute la peine du monde je parvins à le conduire jusqu'à sa chambre. Hank s'écroula avec la délicatesse d'un bulldozer sur le lit aux draps défaits, son regard vitreux ne me lâchait plus, je voyais bien qu'il essayait de prononcer quelques mots mais cela représentait pour lui un effort considérable. En remontant timidement la couverture au dessus de lui je lui adressa le regard le plus sincère qu'il m'était possible de faire.

« Merci, Connor, merci d'exister. »

Hank ferma les yeux après un dernier regard reconnaissant et tomba dans un profond sommeil, le sommeil que même les rêves n'arrivent pas ébranler, un lourd sommeil, épais, compact, lourd comme le ciel et les orages. 



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Bojour vous, excuse moi pour mon absence, mais j'ai eu des moments très compliqués ces dernières semaines..

J'espère que ce chapitre vous a plu, et que cette histoire continuera de vous plaire ^^

J'essaierai d'être le plus régulière possible, mais en ce moment c'est devenu difficile pour moi d'écrire, et surtout d'aimer ce que j'écris..

Enfin bref, prenez soin de vous, c'est le plus important <3

cops. [DETROIT BECOME HUMAN ~Gavin x Connor]Where stories live. Discover now