Pour que je ressasse

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Point de vue Rayane


Après plusieurs minutes de discussion, Denitsa a fini par s'endormir sur le canapé. Sa tête collée à mon épaule, sa main cramponnée à mon bras, je n'ose plus bouger par peur de la réveiller. J'avais oublié à quel point écouter sa respiration avait un effet apaisant sur moi. Sa présence à la maison me fait du bien. Mais je ne sais plus quoi penser. Est-ce le signe que tout est rentré dans l'ordre? Ou simplement une parenthèse d'un soir?

Je regarde au loin. Mes yeux sont attirés par la lumière au second plan de la pièce. Mon trophée. Notre trophée. Le symbole de notre histoire. Quand on a emménagé dans cet appartement, on avait trouvé ça drôle de le mettre près des escaliers pour qu'à chaque fois en montant et en descendant l'escalier, on puisse se souvenir de cette soirée magique.


* Flashback 30 novembre 2014 à 01h30 *

Le manteau sur les épaules, le trophée à la main, je quitte en dernier la loge de DALS. Je n'aurais plus l'occasion de remettre les pieds ici en tant que célébrité-danseur. Je suis déjà nostalgique de cette aventure de trois mois qui a bouleversé mon quotidien. Les copains, déjà très très enthousiastes à cause du champagne, ne tiennent plus en place. Moi-même je crois que j'ai déjà un coup dans le nez, j'ai bien dû mal à marcher droit pourtant la soirée est loin d'être terminée:

Denitsa: Encore bravo champion.

Son accent ne trompe pas, c'est ma Denitsa. Je me retourne. Elle est là, elle aussi, emmitouflée dans son manteau, le maquillage de la finale encore sur le visage:

Moi: Je n'ai pas gagné tout seul, tu mérites ce trophée autant que moi. Il est où le tien? Tu le laisses ici?

Denitsa: Je ne l'aurais pas avant plusieurs semaines.

Moi: Tu... tu veux le mien en attendant?

Denitsa: Non, garde-le. 

Durant quelques secondes, on ne fait que se regarder droit dans les yeux. Je sais que je rougis lorsque je suis à ses côtés, elle m'intimide mais dans le bon sens du terme. Je crois bien que je suis encore en plein coup de foudre:

Denitsa: Tu peux être fier de ton parcours Rayane.

Moi ( se tourne et dit très fort): Les gars je reviens dans deux minutes, avancez sans moi!

Ami 1: Ouais ouais, dépêche-toi.

Ami 2: Sinon tu n'auras plus rien à boire!

Ils continuent tous d'avancer dans cet interminable couloir:

Moi: Je vais faire la fête avec les copains, joins-toi à nous si tu veux. C'est ta victoire aussi. On a tous les deux bien mérités de décompresser.

Denitsa: Je me lève dans quelques heures pour préparer ma valise, j'ai besoin de dormir un petit peu pour tenir le coup.

Moi: A oui, j'avais oublié que tu repartais déjà pour Montréal.

J'avance d'un pas pour caresser sa joue du bout des doigts:

Moi: Je t'ai vu pendant 3 mois pratiquement tous les jours et 12h par jour, comment je suis supposé supporter une séparation de 5000 km pendant autant de temps?

Denitsa: Je t'appellerai, je te le promets.

Son visage souriant se rapproche du mien jusqu'à ce que ses lèvres déposent un tendre baiser sur ma joue. Je ferme les yeux instantanément:

Moi: Tu vas me manquer.

Denitsa: Toi aussi tu me manqueras beaucoup.

Ma main se plaque entre ses deux omoplates pour que son petit corps tout entier soit au plus proche du mien:

Moi: Ne m'oublie pas.

Denitsa: Aucun risque.

Elle recule finalement, le sourire aux lèvres:

Denitsa: A un de ces jours partenaire.

Moi: A bientôt ma coach.

Denitsa s'en va sans se retourner. Je la regarde s'éloigner d'un pas décidé vers les loges. Les nombreux appels de mes amis me poussent à me reconnecter avec la réalité et à poursuivre le reste de cette soirée de fête sans ma danseuse préférée.

* Fin du flashback *


Je n'avais pas l'intention de la laisser prendre cet avion pour Montréal sans lui dire au revoir. En sortant de boîte vers 5h ou 6h, j'ai pris un taxi qui m'avait déposé devant chez elle. Je lui avais envoyé un SMS pour qu'elle vienne m'ouvrir. Elle ne dormait pas, elle était apparue presque aussitôt sur le pallier. Christian était lui aussi dans l'appartement, j'ai dû me faufiler pour ne pas être vu.

Nos rendez-vous secrets... Qu'est-ce qu'on a pu jouer avec le feu en se retrouvant en cachette au beau milieu des répétitions. Un bisou dans la salle pleine de décors, un autre dans la salle pleine d'accessoires et des moments rien qu'à nous, de merveilleux instants durant lesquels je pouvais la serrer fort contre moi lorsqu'on était les derniers à partir. 

Toute la période de Noël lorsqu'elle était au Canada, on s'appelait des heures pour parler de tout et de rien. Elle m'avait annoncée être enfin libre de son ancienne relation, j'attendais son retour avec impatience. La vie était facile. 

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Ce chapitre est un petit clin d'œil au 4e anniversaire de victoire des Rayitsa. j-2!

Le sujet central de l'histoire est toujours là, tout va s'accélérer...

La suite sera postée en fin de semaine.

Au fond de ton cœurWhere stories live. Discover now