Near Death Experience

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Ma prière, adressée à Dieu quelques années auparavant, fut exaucée le lundi 13 juillet 1998. Je n'avais aucun don particulier à cette époque. Oui, il m'arrivait de faire des rêves prémonitoires mais rien de très impressionnant. Je vivais avec Richard depuis plus de deux ans. Notre premier enfant, Esteban, partageait déjà notre vie.

La veille de ce 13 juillet, nous venions de nous marier. Nous rentrions à la maison les bras chargés de fleurs et de cadeaux, fatigués mais impatients de voir les dernières minutes de jeu de cette fameuse coupe du monde de football de 1998.

Pour accéder à notre appartement, nous devions emprunter une étroite ruelle recouverte de pavés. Le sol était légèrement glissant à cause de la pluie fine qui venait de s'abattre quelques minutes auparavant. Je portais une paire de chaussures à talons m'imposant une posture inhabituelle. Sans que j'eusse le temps de dire ouf, je me retrouvais assise par terre. Ayant le bassin assez fragile depuis mon adolescence, je me relevais tout doucement afin de ne pas brusquer mes articulations.

Le lendemain matin au réveil, lorsque je voulus me lever pour aller voir si Esteban dormait encore, je constatais avec déception que mon copain le bassin était bloqué et que je n'arriverai pas à quitter le lit facilement. Je n'eus pas d'autres choix à ce moment-là que de rester bien tranquille au chaud sous la couette. Richard dut s'occuper d'Esteban à ma place et fut obligé de jouer le rôle de garde-malade. Par chance, nous ne travaillions pas ce jour-là. Il avait obtenu une journée de repos suite à notre mariage et quant à moi, ayant fait le choix d'élever mon fils jusqu'à sa rentrée en maternelle, je n'avais aucune obligation professionnelle.

Dès les premières heures de mon alitement forcé, mon côté rebelle reprit le dessus. Une envie pressante se présenta, mais je n'appelais pas Richard pour autant... Je rassemblais toutes mes forces pour me hisser hors du lit et me dirigeais aux toilettes à quatre pattes à la vitesse d'un escargot. Une fois les WC atteints, je réussis par je ne sais quel miracle à y prendre place. Mais une fois assise, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Une autre dimension m'apparaissait.

Cela devint tout noir autour de moi, comme un infini tunnel sombre. Cela tournoyait encore et encore. Puis cela s'arrêta enfin. J'étais arrivée... Je me sentis comme une bulle légère qui flottait dans l'air. Plus de corps donc plus de douleurs. Il n'y avait plus que mes pensées, mon âme. C'était très lumineux. Une lueur vive mais tellement enveloppante ! Des nuages clairs défilaient à toute allure. J'entendais au loin des cloches qui tintaient. Et ces rires d'enfants qui résonnaient autour de moi comme s'ils s'étonnaient joyeusement de ma présence à cet instant précis. Il régnait dans cet espace paradisiaque un sentiment d'amour profond, envahissant, où toutes les peines s'effacent automatiquement. Je me sentais si bien.

Tout à coup, j'eus la sensation d'être attirée à toute vitesse en sens inverse, comme absorbée par un autre lieu. J'ouvris les yeux et je vis que j'étais de nouveau là, dans ces toilettes, Richard penché au-dessus de ma tête, le regard empli d'inquiétude. À cet instant, je m'entendis lui prononcer ces quelques mots : « Mais pourquoi ne m'as-tu pas laissé où j'étais ? J'étais si bien... ». Je lui en voulus longtemps. Il m'avait éloigné d'une contrée qui venait de m'envoûter à tout jamais. La mort ne m'effrayait plus, pour la première fois de ma vie ! J'avais seulement 20 ans... J'étais maman d'Esteban. Je venais de me marier sans la présence de deux êtres qui étaient très chers à mon cœur, mes grands-parents paternels.

Il me fallut à peine quelques jours pour réaliser que ce voyage dans l'Au-Delà était leur cadeau de mariage. Ils avaient eu envie de me faire découvrir quelques instants ce lieu énigmatique où ils vivaient désormais. Dieu en profita pour exaucer ma prière. Lorsque je revins à moi, dans ces toilettes, j'étais enfin devenue cet enfant spécial que j'espérais. Mon don hérité de ma grand-mère paternelle était prêt à se développer !

Martin, mon jumeau perduWhere stories live. Discover now