3. Premier jour

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Je me sens être légèrement secouée. J'ouvre donc les yeux et, une fois qu'ils se sont habitués à la lumière, je vois ma grand-mère qui tente de me réveiller. Elle me prévient qu'il est midi et que je dois être au lycée dans une heure. Heureusement qu'il est à dix minutes d'ici.

Je me lève rapidement et je pars me laver avec automatisme, contente de constater que, au moins, la maison n'a pas changée et que je m'en souviens encore.

J'enfile quelque chose de simple, ce que j'ai l'habitude de porter: un jogging noir et une brassière blanche avec par-dessus un petit débardeur large, gris. Je me brosse simplement les cheveux et enfile des baskets noires.

J'arrive dans la cuisine et je fais un bisou à ma grand-mère.

-« Tu y vas comme ça ? »

Je regarde mes vêtements avec interrogation, sans comprendre où est le problème car c'est ce que je mets tout le temps, même si la plupart du temps quand je sortais, je dansais.

-« Oui, pourquoi ? »

Elle semble réfléchir à la réponse qu'elle va me donner et elle finit par simplement me dire:

-« Tu auras froid. »

Je lui souris, trouvant cette inquiétude adorable, et je lui brandis un sweat blanc.

Je regarde l'heure et lui annonce que je dois y aller. Elle me rappelle le chemin puisque je ne suis plus venue depuis longtemps et que je n'ai jamais pris la route jusqu'au lycée même.

**

Dix minutes plus tard, j'arrive enfin au lycée, pile à l'heure. J'aurais pu arriver en avance, mais, sur le chemin, je me suis souvent fait stopper par des personnes qui m'ont connue petite, et qui m'ont reconnue et qui voulaient donc parler. Ça me fait très plaisir, ils ne savent pas que je suis devenue connue et toute cette gentillesse et cette sincérité m'avait manquée.

Devant la grille d'entrée se trouve une sonnette, donc je sonne. Une personne me regarde au loin puis un bruit retentit, je pousse donc la grille et marche un peu avant de monter six marches -oui, je les ai comptées- puis je pénètre dans l'accueil.

Une dame, plutôt jeune, me regarde et me sourit. Elle me demande d'attendre un petit peu sur un banc en face car le proviseur est occupé. Au bout d'une dizaine de minutes, elle me dit que, finalement, je serai plus à l'aise devant le bureau du directeur. C'est vrai qu'ici, beaucoup de professeurs passent en me dévisageant pour tenter de savoir qui est cette nouvelle tête à l'accueil. La jeune dame demande alors à un autre adulte, un monsieur qui doit avoir dans la cinquantaine d'années, de m'amener jusqu'au bureau.

Devant celui-ci, je m'assieds sur un autre banc en face de la porte.

J'attends patiemment en regardant de temps en temps à droite et à gauche. Je remarque qu'il y a beaucoup de bruits. Je regarde autour de moi, curieuse de voir d'où vient tout ce bruit, et je vois une fenêtre qui se trouve à côté du banc, mais elle est en hauteur donc, voyant que le directeur ne sort pas, je me mets debout sur le banc et me penche pour pouvoir regarder. Malgré le fait que l'école soit petite, vu qu'il n'y a pas beaucoup d'élèves étant un lycée de village, il y a un petit parc et tout le monde à l'air d'être en pause midi. Je regarde toutes les personnes, les unes après les autres, comment ils sont entre eux.

Je commence à stresser en les voyant parce que ça me fait réaliser que chez moi, je n'ai que deux amis... Je me rends compte que ça fait longtemps que je n'ai pas été face à la sociabilité. Peut-être qu'on ne m'aimera pas et que je n'aurai pas d'amis ! Au pire des cas, je me retrouve seule.

Mh, je pensais que ça sonnerait mieux.

Un raclement de gorge me fait sursauter, ne m'y attendant pas. Je me retourne donc pour vérifier qui m'a fait peur. Le proviseur, j'imagine, me regarde légèrement mal à l'aise tandis qu'un élève, qui se trouve à côté de lui, regarde fixement mes fesses en souriant au coin. D'où le malaise. C'est grâce à ça que je me rends compte que je suis toujours penchée sur le banc pour atteindre la fenêtre. Je descends donc rapidement au sol pour les regarder comme si de rien n'était et les yeux de l'élève se déplacent enfin vers les miens avant qu'un petit sourire naisse au coin de son visage.

Une fille, pas si banaleWhere stories live. Discover now