VII

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Trouver l'appartement de Kageyama ne fut pas des plus difficiles, et Oikawa jaillit hors de sa voiture avec sa mallette en main et son stéthoscope autour du cou. Il rajusta vaguement ses vêtements dans l'ascenseur pour avoir l'air professionnel et s'apprêter à affronter les joueurs les plus récalcitrants de l'équipe de volley du Japon, le tout dans le milieu naturel de Kageyama Tobio.

Sakusa lui ouvrit avant qu'il frappe, et lui serra la main (mais Oikawa vit bien qu'il se la nettoya ensuite au gel hydroalcoolique) en lui présentant brièvement la situation :

-Wakatoshi et moi sommes arrivés il y a une demi-heure. Kageyama n'a pas réussi à quitter son lit, et j'ai l'impression qu'il a beaucoup de fièvre. Komori devrait arriver avec les médicaments dans cinq minutes.

-Je vais aller voir ça moi-même, déclara Oikawa.

Il entra dans un appartement étonnamment grand et même à la limite du luxueux –ce qui n'était finalement pas si étonnant quand on était une star mondiale du volley-ball- pour trouver Ushijima au milieu du salon, debout entre une table basse en verre et un canapé en cuir noir.

-Oikawa, accueillit-il solennellement. Merci d'être venu.

-Je double mes honoraires, précisa aussitôt Tooru.

Après tout, vu le salaire de Tobio, ça resterait dérisoire. Ushijima ne réagit pas, comme on pouvait l'attendre de lui, et posa la question la plus déplacée et pourtant la plus logique venant de sa part :

-Est-ce que tu fais encore du volley ?

-Bien sûr, regarde, j'ai un Molten dans ma mallette, ironisa Oikawa. Où est Tobio ?

-Oikawa-san ? s'éleva une voix faible de l'autre côté de la pièce.

Tout le monde se retourna pour voir Tobio appuyé contre le chambranle d'une porte, une couverture autour des épaules et avec la plus sale tête que lui ait jamais vue Oikawa (c'était pour dire). Il était blafard, les yeux cernés et à peine décollés, et vacillait sur ses jambes tremblantes. Il fit trois pas vers eux, puis manqua de tomber, et ce fut Ushijima qui le rattrapa.

Oikawa resta debout, regardant stupidement la scène sans avoir le réflexe d'intervenir –son cerveau essayant d'enregistrer l'image absurde de Kageyama Tobio à moitié porté par Ushijima Wakatoshi, qui avait sur le visage l'expression la plus proche possible chez lui de la sollicitude. Il traîna littéralement Tobio jusqu'au canapé pour l'allonger là.

-Tobio-chan ? l'appela Oikawa en s'accroupissant pour être à sa hauteur. Comment tu te sens ?

-Mal, gémit Kageyama.

C'était la réponse la plus évidente du monde. Il était en nage et tremblait de tout son corps –il avait encore pâli, si possible, pour arborer une jolie teinte grisâtre. Oikawa sortit un thermomètre frontal de sa mallette pour prendre sa température, et écarquilla les yeux devant le résultat –ça faisait longtemps qu'il n'avait pas vu un chiffre pareil. Finalement, le libéro serait sans doute le bienvenu pourvu qu'il amène des antibiotiques. Oikawa entama le reste de la procédure, et glissa son stéthoscope sous le T-shirt trempé de Tobio, sentant le bout de ses phalanges effleurer la peau bouillante.

Ushijima était penché sur son épaule, ce qui l'agaçait singulièrement, et d'autant plus quand la seule chose qui occupait le champion était de savoir dans combien de temps Tobio serait opérationnel pour lui faire des passes. De son côté, Sakusa s'était réfugié dans le coin le plus éloigné possible de la pièce, et disparut précipitamment pour ouvrir la porte quand quelqu'un frappa ; une seconde plus tard, Komori débarquait dans la pièce les bras chargés de petites boîtes.

Liquide ou Carte BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant