Chapitre 28

221 12 15
                                    


Chapitre XXVIII

— Cela fait combien de temps qu'il est au bloc ?

— Quatre heures maintenant, répondit Daniel au Colonel Reynolds.

— Et cette Yang, on sait qui c'est ? Doit-on la rechercher maintenant ? Une équipe est déjà sur le coup ?

— Je ne sais pas, souffla Daniel.

Reynolds regarda tout autour de lui puis fronça les sourcils.

— Où est le Colonel Carter ? Pourquoi n'est-elle pas ici à attendre avec vous ? questionna Reynolds.

— Elle est sortie d'ici après que Jack ait été emmené au bloc, expliqua Daniel.

— Je pense que le Colonel Carter a besoin d'un moment seule, dit Teal'c.

— Je ne sais pas si elle a besoin d'un moment seule, mais en tout cas, nous allons avoir besoin d'elle et rapidement, répliqua Reynolds.

— Laissez-la respirer deux minutes, Reynolds, ça commence à faire beaucoup pour tout le monde là. Nous sommes tous complètement sonnés, dit Daniel d'un ton sec.

Reynolds s'assit et patienta finalement en silence. Un peu plus loin dans la base, dans son laboratoire, Sam était accoudée à son bureau, le regard dans le vide. Ces dernières semaines avaient été dures, autant moralement que physiquement. Savoir Jack au bloc lui fit remonter le souvenir de son enterrement et elle ne put empêcher sa gorge de se serrer. S'il devait ne pas s'en sortir, elle savait qu'elle ne survivrait pas. Elle ne le pourrait pas.

— Sam ?

La jeune femme ne répondit pas. Elle sentait que si elle tentait de parler, l'émotion prendrait le dessus et deviendrait incontrôlable. Or elle était dans la base et elle devait se contrôler. Elle savait que tôt ou tard il faudrait qu'elle parle, mais ne s'en sentait pas capable pour le moment.

— Sam, mon cœur, est-ce que tout va bien ?

Elle se mordit la lèvre qui commençait à trembler. Elle devait se contrôler, oui. C'était primordial.

— Je sais très bien ce que tu essayes de faire, Sam. Est-ce que je peux t'aider ?

Sam secoua la tête de manière négative. Personne ne pouvait l'aider, car personne ne ressentait sa douleur et sa peur. Elle resserra ses mains sur le mug qu'elle tenait et garda son regard porté au loin.
Jacob s'approcha de sa fille, l'observa pendant quelques instants puis s'assit sur l'un des tabourets.

— Quand tu avais six ans et que ton cochon d'Inde a disparu dans le jardin, tu te tenais stoïque, assise sur les marches du perron. Je t'ai demandé pourquoi tu restais comme cela, parce que je m'attendais à ce que tu pleures. Tu m'as répondu qu'une fille de Général, ça ne pleurait pas.

Jacob marqua une pause puis reprit :

— Au décès de ta mère, tu t'es murée dans le silence. Pas de pleurs ou de cris, non. Uniquement un silence pesant et lourd de sens. Cela fait longtemps que j'ai compris que c'est le moment de s'inquiéter lorsque tu deviens mutique.

Sam ne bougea pas et resta muette de nouveau.

— Je suis là, Sam. Nous sommes tous là. Je sais ce que tu es en train de te dire et tu as tort, finit Jacob.

— Vraiment ? demanda Sam d'une voix basse, mais sèche.

— Il n'est pas dans cet état par ta faute. Il n'est pas dans cet état parce que tu l'aimes.

RéflexionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant