27. Plus uniforme

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- Écoute, on a discuté, moi et mes collègues, et tu n'as plus de famille, c'est bien cela? Donc nous allons te placer en pensionnat.

- En pensionnat? Cela existe encore?

- Disons qu'ils reviennent à la mode.

Fan-tas-ti-que.

- Donc je retourne à l'école? Mais on est au mois d'avril!

- Nous avons évalué tes capacités intellectuelles. Tu pourras te rattraper.

Attendez, ils connaissaient mon nom ou j'avais passé un test sans le savoir (Dans les deux cas, c'était effrayant)? Puis je me rappelai que ma carte étudiante indiquait mon nom et le nom de mon école... Oups.

- Dois-je porter un uniforme?

Parce que, on allait s'entendre, je n'avais pas vraiment de vêtements présentables avec moi.

- Oui, cela vous rend plus uniformes... Tu saisis, plus uniformes!

Était-ce une blague? C'en était pathétique à pleurer.

Donc, après m'avoir emmené dans leur véhicule blindé (Les gendarmes étaient la cible de beaucoup de projectiles depuis l'Enlèvement – chrétiens ou pas), les gendarmes m'ont laissée dans une cellule pour le reste de la journée. J'avais une Bible de poche sur moi et les gendarmes n'avaient pas pensé à me fouiller, alors je me mis à la lire dans un coin, pour faire croire que je pleurais et pour ne pas éveiller les soupçons. Je tombai sur un passage fort représentatif de ma situation :

Jusqu'à présent, nous souffrons la faim et la soif, nous sommes mal vêtus, exposés aux coups, errant de lieu en lieu. Nous nous épuisons à travailler de nos propres mains. On nous insulte? Nous bénissons. On nous persécute? Nous le supportons. On nous calomnie? Nous répondons par des paroles bienveillantes. Jusqu'à maintenant, nous sommes devenus comme les déchets du monde et traités comme le rebut de l'humanité. [1 Corinthiens 4.11-13]

Cela dit, il n'était pas encourageant.

Je cachai ma Bible en vitesse sur moi quand j'entendis un gendarme venir me chercher. Il m'avait conduit dans leur bureau, où deux autres policiers m'attendaient. C'est là qu'ils m'annoncèrent leur verdict. Ils me reconduisirent par la suite dans ma cellule, où, m'annoncèrent-ils, j'allais rester pour la nuit. Je regagnerai ma nouvelle école et maison le lendemain matin en escorte policière, chanceuse que j'étais. Quand ils me demandèrent si je désirais savoir autre chose, je demandai à téléphoner. Ils acceptèrent à la condition qu'ils soient dans la même pièce que moi. Un peu nerveuse par cet inconvénient, j'acceptai néanmoins. Je composai le numéro que l'homme du dépanneur m'avait donné.

- Oui, allo?

- Oui, c'est...

- La fille qui est allé vous rendre visite avec un ami ce matin. Je voulais juste vous dire que l'État s'occupe de moi désormais et que je vous tiendrai au courant de ma nouvelle adresse pour que nous puissions nous revoir tous les trois prochainement. Bonne soirée!

J'avaisdit tout cela d'un trait et raccrochai sans attendre de réponse. J'espéraisqu'il comprendrait. J'espérais aussi que c'était bien lui qui avait répondu.    

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now