125. Sort fatidique

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- Hey, je suis là.

Gina me tapota l'épaule pour attirer mon attention. J'étais assise sur mon lit, dans ma cellule. Elle prit place à côté de moi, une boîte de mouchoirs dans les mains.

- Ton père t'a laissée venir?

- Non, répondit-elle simplement.

- Sais-tu qui m'a trouvé dans le réfectoire?

J'avais dû m'y endormir – ou y perdre connaissance – parce je n'avais aucun souvenir de m'être relevé une fois tombée dans la cafétéria.

- Je crois que c'est mon père qui a envoyé des hommes après toi quand il a remarqué que tu n'étais toujours pas dans ta cellule.

Mon sort fatidique me fouetta en plein visage quand on vint me chercher pour l'exécution de mon mari. Je me trouvais devant le fait accompli. Gina croisa mon regard terrifiée.

- Je passerai te voir ce soir et... prions pour que cela finisse vite.

La prière se rendit vite. M. Ricardo apparut sur le podium pour un discours de formalité – sur la menace que nous représentions pour l'humanité et plus encore – et finalement, il nous invita à nous tourner vers notre gauche, où nous pouvions observer un fossé dans lequel se trouvait Derek et 6 autres chrétiens. Je bousculai les autres spectateurs, Gina sur les talons, pour arriver au bord du gouffre. Mon cœur se serra quand j'y vis Derek à genoux, les pieds et les mains liées. Avec la matinée hors du commun qui venait de se terminer, je n'avais jamais eu le temps de lui expliquer quoi que ce soit.

- Derek!

Il releva la tête brusquement, comme arraché à sa prière. Il s'écria à son tour :

- Axandria! Je t'aime!

- Moi aussi, je t'aime!

Mon amie me tendit un mouchoir, que je pris sans rechigner. Je sanglotais à quatre pattes.

- Viens là, m'invita Gina en m'ouvrant ses deux bras.

Je m'y jetai en larmes, secouée de soubresauts. Au même moment, un haut-parleur au-dessus de nos têtes nous fit sursauter.

- La lapidation commence dans 5... 4... 3... 2... 1...

Un gendarme tira en l'air. Les autres gendarmes se mirent à lancer des pierres dans le fossé.

- Elles sont à peine plus grosses que mon poing, s'émut mon amie.

Ma gorge se serra mais la curiosité l'emporta.

- Il faut que je regarde, déclarai-je en m'arrachant à son étreinte. 

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now