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Je crois que j'aurais eu le temps de compter dix fois le nombre de lattes en bois sur les murs, avant que Célia ne sorte enfin de la salle d'eau.

Elle porte une tenue qui ne va pas aider à calmer mes ardeurs, un mini short bleu avec des nœuds roses, et un caraco assorti. Cet ensemble rehausse sa carnation, pourtant déjà si dorée. À travers ses longs cheveux mouillés, j'aperçois par transparence l'aréole de ses seins, et je dois faire un effort surhumain pour soutenir son regard, alors que j'ai juste envie de bloquer sur ces deux petits trésors.

— Tu veux peut-être t'habiller ? me ramène-t-elle brutalement sur terre, d'une voix timide.

— Est-ce que je dois le faire ?

Elle baisse la tête et renforce sa gêne en ne me gratifiant que d'un sourire timoré pour seule réponse. Je capte et me lève alors pour récupérer mes vêtements.

À peine suis-je à sa hauteur qu'elle se décale en toute hâte vers l'évier de la kitchenette, où elle se met soudainement à laver un verre déjà propre.

Message on ne peut plus clair...

Je m'enferme, balance la serviette hygiénique dans la poubelle, et passe au plus vite mes fringues tachées de sang.

Cette fois, je prends la peine de me regarder plus longuement dans le miroir. Bordel ! Malgré la vessie de glace, ma lèvre est encore bien gonflée, et un superbe hématome colore ma pommette gauche. Quant à ma plaie sur l'arcade, elle a enfin cessé de saigner, mais je suis d'accord avec le diagnostic de Célia. Il me faut des stéristrips.

— Tu peux me passer ta trousse de soin s'il te plaît ? lui demandé-je sitôt sorti de la salle d'eau.

— Pour ?

— Poser des strips.

— Ne sois pas stupide, je vais le faire. Assieds-toi là, me désigne-t-elle le lit.

— J'ai comme une sensation de déjà-vu, noté-je avec dérision.

Mis à part son éternel sourire, elle ne relève pas et m'invite en silence à prendre place sur le matelas. Cette fois, elle reste debout et veille bien à ne toucher que le strict minimum de mon corps. Pas de main sur ma joue, pas de buste collé au mien.

Je ne fais pas mon gros relou et reste sage, pendant qu'elle me soigne. Mais si j'y parviens, c'est uniquement parce que je ferme les yeux. Je refuse de regarder ce que son haut mouillé laisse apparaître, sans quoi, je ne me contrôlerai pas et lui sauterai de nouveau dessus.

— Voilà, c'est terminé. Essaie de ne pas mouiller la plaie, le temps que ça cicatrise.

— Bien, Docteur.

Je cherche son regard, attendant d'elle le moindre signe qui laisserait entendre que nous allons remettre ce que nous avons commencé tout à l'heure. Mais je prends son évitement comme il se doit. Une invitation à rentrer chez moi. Alors je me lève pour partir.

Face à la porte, je retire pourtant ma main de la poignée, et me tourne vers Célia. Je reste planté comme un con, mais finis par rompre ce face à face silencieux et inconfortable.

— Merci pour le soin et pour... la douche.

— Il n'y a pas de quoi. Merci pour m'avoir ramenée et pour cette soirée, disons... intéressante.

Outch ! Intéressante...

Elle se ferme de nouveau et n'aborde pas notre « corps à corps », pas plus que je n'ai eu le courage – ou la galanterie – de le faire.

WillWhere stories live. Discover now