Diagne family

8K 1.3K 61
                                    

- Mademoiselle Gueye,  rejoignez-moi au bureau si vous ne faites rien.

- Tout de suite là?

- Oui tout de suite,  répondit-il en posant l'interphone.

   Elle arriva au bureau en toquant à la porte. Elle entra et trouva Chérif en compagnie d'un homme en veste qu'elle reconnaissait un peu dans l'hôtel. Chérif l'invita poliment à prendre place.

-  Monsieur Jean Faye,  je vous présente Mademoiselle Mame Faty Gueye,  Faty voilà  votre nouvel employeur monsieur Faye chargé de toute la coordination de l'hôtel. Il vous mettra au parfum de toutes vos tâches. Vous pouvez vous retirer  dorénavant.

   Ils se levèrent tous les deux direction vers la porte.  Faty était déphasée,  l'œil moribond,  le regard étourdi. Voilà un mois maintenant qu'elle le fuyait et écourtait ses propos toutes les fois que Chérif lui adressait la parole.  Leur échange ne se limitait qu'au cadre professionnel et rechignait même à accepter d'exécuter les taches qu'on lui demandait de faire.  Cette nouvelle d'affectation l'avait plus qu'affecter. Elle ignorait la raison ou peut-être simplement que ce fût une grande surprise. Elle se dirigea à nouveau dans le bureau et entra sans toquer,  chose qui n'etait pas de ses habitudes  .
   Chérif posa son stylo et enleva ses lunettes en froncant ses sourcils.

- Que puis-je faire pour vous,  mademoiselle Gueye?

- Je voudrais connaître la réelle motivation de ce changement de poste?

-  Je n'ai plus besoin d'assistante vu que je n'ai vraiment pas trop de tâches à faire,  j'ai envie d'être plus impliqué dans le travail. Il me semble que je suis en train de raconter ma vie!
Vous devriez être au moins contente de cette nouvelle affectation,  vous qui me fuyez depuis un moment et qui m'aviez clairement fait savoir que rien de ma vie ne vous intéresse.  Je vous fais la faveur maintenant,  on pourrait rester pendant des mois sans nous croiser,  je vous assure,  répondit-il en aborrant un sourire

- Si et je suis toujours dans la même position,  figurez-vous. Il me semble tout de même que je vous avais précisé être à cent pour cent d'accord de travailler avec vous. Qu'on reste dans le cadre professionnel,  c'est pas trop demandé à mon avis.

- C'est moi qui ne veux plus de vous comme assistante,  disait-il sous un ton indifférent.

-  Ce droit,  vous l'avez monsieur, mais la déontologie aurait voulu que vous m'en fassiez part avant tout...

- A quoi bon? Ecoutez mademoiselle Gueye,  si vous craignez pour votre salaire,  je tiens à vous rassurer que vous aurez le double de ce que vous perceviez quand vous etiez mon assistante. Même si le travail est plus tortueux,  il sera à votre portée.

   Elle resta silencieuse un moment en fouillant dans sa mémoire sa vraie inquiétude. Elle savait pertinemment que c'était tout sauf une raison pécuniaire ou autre mais elle avait peur de se dévoiler,  cette nouvelle pesait des tonnes sur son coeur,  sur son corps qu'elle sentait à peine.

- Si vous n'avez plus de questions  ,  prenez congé de mon bureau,  j'ai du pain sur la planche  , annonça t-il en se concentrant à nouveau sur ses documents.

    Une minute après,  il entendit le bruit de la porte qui annonçait le départ de Faty. Il releva sa tête,  ses yeux virèrent au rouge,  il dégagea violemment subitement la pile de document et renversa son Mac book au sol. Il s'était fait violence ces derniers temps pour contenir son mal être. Rien ne tournait à la bonne heure,  il menait une vie de bâton de chaise. L'indifférence de Faty l'avait plus que désorienté,  il se sentait beaucoup mal et incompris même s'il avait cherché les moyens pour s'expliquer,  quoi expliquer même?  Il avait expliqué à Faty avoir des penchants pour les hommes mais que cela s'arrêtait à là,  qu'il ne suivait point cette bête passion. Cependant,  il rencontrait la froideur et l'indifférence de Faty. Il s'y plia et cette décision de se separer professionnellement était bien mûrie et l'aidait à se libérer du poids de culpabilité.
Il quitta son bureau et monta dans sa suite en prenant une douche et fit ses ablutions.
A peine qu'il s'était marié avec Morphée,  il faisait déjà  7 h 30mn quand sa maman vint l'arracher des mains du sommeil par des coups brutaux à sa porte.  Dès qu'il ouvrit,  il fit face  à la mine dépitée de sa maman qui sanglota en plongeant dans ses bras.
- Daouda est mort,  Chérif. Il est mort.

Deux puces ( Tom 2 )Where stories live. Discover now