Envol - Parce que c'était moi | Tome 4 |

Chapitre 7: Et je m'envole

2 heures.

Ezéquiel gigotait tellement qu'il finit par me réveiller. J'émergeais doucement du sommeil, ayant toujours eu du mal à dormir dans une chambre qui n'était pas la mienne. Lui aussi manifestement. Je me rapprochais donc de lui pour le prendre dans mes bras.

-Excuse-moi, je voulais pas te réveiller. C'est juste que j'arrive pas à dormir.

-C'est bon, c'est pas grave. Je dors mal aussi.

Il me serra dans ses bras et m'embrassa doucement, collant ses lèvres sur les miennes.

-J'ai un peu peur, tu sais...

-Moi aussi, confessai-je.

-Et si on faisait d'autres crises ? Que nos pouvoirs se manifestaient à nouveau en public ?

-Je n'arrête pas d'y penser... Mais ça ne sert à rien. Notre esprit est déjà embrouillé par nos vies antérieures, alors mieux vaut ne pas y ajouter du stress.

-Tu as raison, mais...

-C'est plus facile à dire qu'à faire, je sais...

Je resserrais mon étreinte autour d'Ezéquiel qui se blottissait contre moi. Tant qu'il était là, tant que nous serions ensemble, je n'aurais jamais peur.

-Tu sais, Daniel, je me posais une question.

-Oui ?

-Tu vois, le truc des âmes-sœurs qui se retrouvent dans toutes leurs vies, ça m'a toujours semblé étrange.

-Mmh... C'est très romantique comme idée, c'est sûr ! Mais pourquoi pas, après tout ?

-Et si le philtre d'amour liait vraiment les âmes ? Et si, au final, on était toujours sous l'influence de la potion ?

-Qu'est-ce que ça change ?

-Rien... Et tout en même temps. Ça voudrait dire que rien n'aurait jamais été naturel...

-On était bien amoureux au départ, donc on ne sait pas. Et puis, dans le fond, ce n'est pas important. Que ce soit naturel ou pas, cet amour entre nous, il est bien réel.

-C'est vrai... Je me posais juste la question.

-Moi aussi, je réfléchissais à un truc, Killua. Ça doit faire environ 20 ans qu'on est morts, non ?

-Oui, ça fera 22 ans, cette année. Ou est-ce que tu veux en venir ?

-Nos proches... Ils doivent être encore en vie.

-Peut-être... Pourquoi tu penses à ça ?

-Tante Mito, Léolio, Kurapika... Ils me manquent. Pas toi ?

-Je suis plutôt content d'être loin de ma famille à vrai dire.

Gon se retourna dans le lit d'hôpital pour faire face à Killua. Il fixait le plafond sans rien dire, absorbé dans ses pensées. S'il n'avait pas été là et que Gon s'était réveillé seul dans ce monde, cette réalité inconnue, sans plus aucune attache avec tout ce qu'il connaissait, il aurait probablement entièrement perdu pieds. Il serait devenu fou. Mais Killua était là, et cette nouvelle vie lui semblait comme une seconde chance de lui faire part de ses sentiments, de dire ce qu'il n'avait pas dit. Mais son cœur avait fait un bond à la pensée que tout ce qu'il avait laissé existait probablement encore dans une dimension inaccessible. Tous ceux qui l'aimaient étaient bien réels, ailleurs, et Gon voulait aller les voir pour les rassurer, pour leur dire que tout allait bien. Il voulait faire les adieux qu'il avait manqué.