Chapitre 10

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Je me revois, un an auparavant. La même appréhension. La même angoisse au ventre. La même peur dans mon âme toute entière. Mon coeur se compressant sous la pression des corps pressés. Des bousculades. Des pleurs. Des cris. Des sauts de joie. Des questions. Des réponses. Des questions sans réponse. 

La même scène qui se répète sur la même scène. 

Des gens qui ont peur. 

Des gens qui se déhanchent.

Des gens qui se déchaînent. 

Des talents incontournables.

Des gens qui en font des tonnes.

L'espoir de marquer les esprits. L'espoir de ne pas être oublié.

_ Grace, tu peux appeler Nao ? Elle passe dans vingt minutes. 

J'acquiesçai avant de partir à la recherche de la fille-fantôme.  

Je compris très rapidement le surnom qu'on lui étiquetait. Les coulisses étaient assez étroites pour que je puisse y jeter trois coups d'œil à la suite. Mais aucune trace de la jolie brune. 

Sans perdre de temps, j'interpellai la première personne que je croisai..

_ Grace ? Tout va bien ? 

Maël sembla étonné que je l'aborde. Je l'étais probablement plus que lui. Nous ne nous étions pas adressé la parole depuis l'affaire Ylies

_ Ah...euh, oui. Tu aurais pas vu Nao, par hasard ? Impossible de mettre la main sur elle, et elle est passe dans - je regardai ma montre, puis me rends compte que je n'ai pas de montre - quelques minutes.

_ Qui ça ? 

On ne l'appelle pas la fille-fantôme pour rien, pensai-je.

_ Nao. La jolie petite japonaise. 

Ces informations ne semblèrent pas plus l'aider.

_ Maël, elle est dans notre classe !

Toujours rien. 

_ Elle a fait un exposé sur les salamandres en début d'année ? tentai-je. 

_ ...

_ C'est la présidente officielle du club des nuages. 

_ Ah ! Sabrina ? 

J'avais oublié sa stupidité. 

_ Non : Nao, répétai-je en appuyant sur chacune des syllabes. 

 _ Une toute petite brune constamment seule, et qui se trimbale toujours avec un carnet d'incantations ?

_ Euh... oui ?

_ Je l'appelle Sabrina pour déconner avec les gars, expliqua-t-il. 

_ Ah ok, très drôle. Tu l'as vue alors ? 

- Non. 

Grâce à petit con, il ne me restait plus que dix minutes, à en juger par l'animateur qui annonça le prochain élève à se présenter. C'est jouable, je m'encourageai mentalement. 

_ Merci de ton aide, ironisai-je. 

_ Pas de quoi ! C'était sympa de te parler ! 

C'est vrai. Je mentirais si je disais que je n'avais pas ressenti un petit sentiment de nostalgie. Maël et moi n'étions pas vraiment les amis les plus proches, cependant nous passions souvent de bons moments en sa compagnie. 

Je m'en voulais encore parfois. D'avoir tout brisé. Pour un simple amour non-réciproque. 

Je n'avais pas simplement divisé mon coeur en deux. J'avais divisé un ensemble. Un groupe. J'avais fait d'un tandem un monocycle. 

graceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant