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Lauren

J'étais allongée sur mon lit usé et couvert de tâches d'usures, à fixer le plafond dont la peinture s'écaillait. L'humidité rongeait les quatre murs de la pièce chaque jours, tout en dégageant une odeur nauséabonde dans le petit sous-sol que me servait de chambre et de prison. Je me répétais sans cesse que ce n'était plus grave, au fond, toutes ces choses que la vie me faisait subir, par des coups à répétition, sans que je ne puisse agir et ne plus risquer ma vie chaque jours en vivant. Ma propre conscience a laissé place au vide. Je n'arrivais plus à réfléchir avec clairvoyance, laissant place à un robot programmé pour obéir et ne plus connaître ses propres émotions. On dit que les belles choses arrivent à qui sait attendre. J'ai attendu qu'on me délivre de ma douleur, j'y croirais encore et toujours. Peut être qu'attendre me fait plus espérer qu'autre chose, mais l'espoir que je nourris en moi est si faible, comment je m'en sortirais ? Comment attendre ? Comment espérer ? Je tordait le fil de mon casque tout en me questionnant sur ma vie. As t-elle été tracée depuis le début ? Puis je mis ma cassette Purple Rain de Prince, la seule non abîmée dans mon walkman. Pour oublier.

Quelqu'un descendit les escaliers.

- < Viens manger.
Elle commença à ouvrir les volets. L'halo de lumière dorée rempli la petite pièce poussiéreuse d'une tel rapidité que j'en perdit la vu durant plusieurs secondes. Sans réaction de ma part, Sam se retourna avec violence, agacée et frustrée tout en m'empoignant le bras de force et en me jetant or du lit. De la poussière voltigea dans l'air après le contact de mon corps contre le sol. Je ne l'avais pas vu venir. Le soleil m'avait aveuglé au bon moment pour que je ne puisse ne serait-ce que me défendre.
- T'a pas intérêt à pleurer. Si maman t'entend, tu sais ce qui t'attend.
J'étais tombée sur le côté de mon poumon. Le choque entre le béton et mon corps frêle, sans énergie me fit tordre de douleur. Et je me suis retenue de crier tout en me mordant les lèvres pour qu'aucun son ne s'échappe. Je ne voulais pas être assaillie de coups par la plus violente d'entre elles. Mon corps tressaillit, je n'arrivais plus à bouger. Cette femme qui me servait de sœur se défoula sur moi, me donnant des coups aux endroits qu'elle savait fragiles. Je voulais qu'elle arrête, que quelqu'un l'arrête. Je voulais reprendre mes esprits. Pendant ces cinq minutes, mon âme avait quittée mon corps. Pendant ces cinq minutes, j'avais encaissé les coups.

J'espérais qu'elle s'en veuille, que tout le monde s'en veuille. Qu'ils comprennent qu'ils étaient tous fautifs, témoin et responsable de mon malheur. Je n'arrivais plus à supporter d'avoir en permanence cette sensation qui m'empêchais de vivre, d'avoir cette voix qui me rappelais que je n'étais rien, que je n'avais pas le droit de ressentir les émotions que j'avais envie, qui m'interdisais de faire ce qui contribuait à mon bonheur. Je suis leur pion, leur marionnette. Toute leur frustration accumulée, ils l'a rejetait sur moi. Et toute ma vie, je me dirais que le monde est une comédie, on appartient juste au personnage que l'on joue. On cache la vérité le temps d'un spectacle.

*******

Je réussi à m'échapper, en forçant avec un trombone le cadenas qui fermait, par des grilles en métal noir, la fenêtre. Je pris quelques affaires pour m'avancer à la bibliothèque. Je voulais sortir à tout prix de cet endroit poussiéreux. Sam m'avait directement enfermé à double tour, sans se retourner ni même me donner à manger. On devrait m'oublier pendant plusieurs heures, ce qui m'arrangeait plutôt bien. Personne n'était au courant que même s'ils m'enfermaient dans le sous-sol, j'arrive tout de même à m'échapper de leur fausse prison. Sur le chemin, je tirais sur une cigarette, pour me rappeler que j'étais bien vivante, que j'arrivais a faire quelque chose. Mon corps tout entier risquait de lâcher dans quelque secondes.

Toutes les tables de quatre étaient prises, sauf une table où une seule fille y était.
Je m'installe. Et sorti mon livre d'algèbre. Les exercices sont incompréhensibles.
Pourquoi j'ai voulu y aller, exactement ? Pour prendre l'air ? J'aurais du rester chez moi, mais j'ai voulu prendre des risques inutiles. Avais-je bien dissimuler ma silhouette avec les seuls objets à ma disposition ? Était-ce encore crédible ? Jusqu'à maintenant, personne ne m'avait rendu visite pendant mes sorties. Chaque fois que je rentrais, je m'imaginais encore ma mère prête à me frapper à l'entrée de ma fenêtre. 

Morpheus Where stories live. Discover now