Trois

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Lauren

- Qu'est ce que tu fais là ?
Honey se leva rapidement et je montais les dernières marches par deux jusqu'à elle.
- Lauren !
- Tu es scolarisée ici ?
- Oui. Je t'attendais.
- Pourquoi tu m'as attendue ? Tu devrais déjà être en cours non ?
- Je... je me suis dit qu'on pouvait manger ensemble ce midi.
- Je ne mange pas à la cafétéria.
J'avais encore mon bleu de hier sur la joue que je n'arrivais pas à dissimuler. Je portais un pull oversize en pleine chaleur.
- Tout est déjà réglé. J'ai payé pour toi ton repas à la cafet'.
Je paniquais. Ma mère et ma sœur viendraient me chercher en cours, et je ne voulais pas ça. Je ne pourrais plus supporter. Je n'avais pas le choix.
- Je ne peux pas.
Et je passa à côté d'elle, enjamba les dernières marches jusqu'à ma classe.
Honey m'attrapa le bras.
- Attend !
Je me retournais avec violence.
- Je te l'ai dit, je ne peux pas ! Sinon, si je ne rentre pas chez moi, je risque de prendre gros, je ne veux pas, j'en peux plus mais je ne peux pas parler, je- »
Et j'explosa. Mes larmes bloquées depuis ce matin sortirent, et je n'arrivais plus à m'arrêter.
Honey me pris dans ses bras. Et je pleurais sans pouvoir m'arrêter et reprendre mon souffle.

*******

La cloche sonna la fin du premier cours de la matinée. Je m'étais endormie sur l'épaule d'Honey. J'avais si peu dormi, que je m'étais écroulée de fatigue après m'être effondrée devant elle. La cloche me fit lever la tête, et je l'aperçue, fixant un point devant elle. Quand elle me vit, elle me sourit.
- « Tu as assez dormi ?
- Je suis désolée. Je me suis endormie sur toi, je t'ai fait perdre du temps, tu aurais dût me réveiller.
- Tu avais besoin de dormir, et on ne réveille jamais une amie, me dit-elle gentillement. Je sais ce que tu traverses, je suis là pour toi, maintenant. Je te sortirai de là. N'oublie pas que même si je ne suis pas là, près de toi, je le suis un peu plus loin. Je veillerai toujours sur toi, Lauren Carter.
Je souriais. Comment une personne comme elle pouvait, rien qu'en étant près de moi, autant me rassurer et me faire sourire ?
Les élèves les plus pressés des étages 4 à 7 commençaient à arriver. J'avais encore sommeil. Je ne voulais que personne vienne interrompre ce qui me semblait si doux, irréaliste.
On restait là, assise sur les marches de cet escaliers, à fixer quelque chose que l'on ne pouvait voir.
Au bout de cinq minutes, la masse d'élèves commençait à nous piétiner et se bousculer.
- Ferme les yeux, me dit Honey.
- Pourquoi ça ?
Elle ne faisait que sourire. Alors je fis ce qu'elle m'avait dit.
En quelque secondes,  je fus emportée dans le même rêve que j'avais fait sur l'épaule d'Honey.

J'attendais le long d'un canal un bateau-taxi en bois, qui avait déjà servi depuis plusieurs années, avec une vieille amie. On discutait de tout et de rien. Soudain, le bateau apparut devant nous. Nous montâmes dedans, et arrivèrent vers un grand bâtiment qui ressemblait à un lycée. Derrière ce lycée, en contournant le vieux grillage rouge, se trouvait un immense jardin, où la lumière du jour ne parvenait que là, alors qu'il faisait nuit noir.  De grands magnolias étoilés imposants étaient légèrement secoués par le vent. Avec cette amie, nous parvînmes vers le plus majestueux des arbres, un saule pleureur qui faisait la taille d'un gratte ciel et rentrâmes à l'intérieur en poussant les branches tombantes sur notre passage. On s'infiltra dans un passage assez étroit, et nous découvrîmes une île, avec à nos pieds du sable rouge. La nuit noire d'été créait une ambiance de calme et de mystère. La mer était illuminé de petites étoiles bleus, et on pouvait voir Saturne de si près que l'on distinguait les différentes lignes d'astéroïdes qui composaient l'anneau de celle-ci. Derrière moi, se trouvait de grandes dunes de sables rouge. Une fête battait son plein, et des gens qui devaient avoir environ 20 ans entraient par l'encadrement en bois, illuminé par des lanternes chinoises en papier. Avec mon amie, nous entrâmes à l'intérieur du passage en bois et demandèrent à la dame devant nous quel âge elle avait. Elle nous répondît : "depuis que les humains prirent conscience de leur insignifiance." ce que je répondis par : je vous ai déjà vu, non ?
" J'ai été là, mais tu ne t'en souviens probablement pas. Ta vie antérieure est plus remplie que n'importe quelle autre. Tu nous reconnaîtras le moment venue"
Elle avait les cheveux dorées, portait une tunique blanche avec de fines broderies, flottant dans le vent. Sa peau était limpide, immaculée, et elle rayonnait de lumière.
" Quand pourrais-je revenir, alors ?"
" Morphée t'aidera. "

                                     *******

Je me réveilla. Une heure était passée depuis que j'avais fermée les yeux.
Honey me regardait.
- J'ai faut un rêve si bizarre et si réel à la fois. J'ai parlé à une femme, en tunique blanche, grande et si belle... elle m'a dit que Morphée m'aidera, mais m'aider de quoi ? C'était si impressionnant.
Elle me scrutait.
- Alors, comment as tu trouvé ce rêve ? Réel c'est ça ?
- Oui. J'avais l'impression d'y être. Je n'avais jamais fait de tel rêve auparavant. 
Son regard m'a mit encore une fois mal à l'aise. Ses yeux bleus me détaillait.
- Et si on partait de cet endroit ? Je proposais.
Elle acquiesça. Elle semblait totalement déconcertée.
- Qu'est ce qui ne va pas ?
Elle ne répondit pas.
- Ça ne va pas poser de problème avec ta mère de sortir du lycée comme ça ?
- Si, bien sûr que ça va en poser. Mais je veux partir d'ici. Et je suis prête à encaisser.
- N'y croit pas.
- De quoi ?
Elle me regarda furtivement pour voir si je la regardais.
- Tu verras. »
On marcha le long du petit chemin, derrière l'école, qui menait à une forêt. J'y venais souvent quand je me sentais stressée.
Honey s'allongea par terre et commença à écrire sur son portable un message sur les touches de son clavier.
- Tu écris à qui ?
- À Renée et Annie. Elles se demandaient où j'étais.
- Tu parles avec ces filles là ? Je ne te savais pas aussi populaire. Je les ai croisées souvent, apparemment il y en a une autre. Vous êtes un groupe de 4 filles. Comment elles sont ?
- Elles sont très sociables, s'intéressent à beaucoup de chose et prennent soin des gens qu'elles aiment. Elles sont populaires car elles ont beaucoup d'humanité. Ce que d'autre n'ont pas.
- C'est sympa que tu puisses les connaître aussi bien. Certain dans ma classe ne font que les critiquer, mais j'imagine que ça leur passe au dessus.
Elle ne répondit pas pendant quelque secondes, se releva puis me demanda :
- J'aimerais que tu me parles de ta famille. Car je peux t'aider. S'il te plaît, ne te braque pas, j'aimerais que tu t'ouvres à moi.
Je la regardait en silence. A quoi bon garder ma situation pour moi tout ma vie quand enfin quelqu'un s'intéressait à moi ? C'est comme si elle avait choisi ce moment précis pour me demander la bonne chose au bon moment. Je ne veux plus être déçue, car je peux avoir confiance, maintenant.

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⏰ Last updated: Sep 08, 2020 ⏰

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