Chapitre 8

321 16 3
                                    

Je triturais le pendentif en forme de flocon de neige que m'avait offert ma mère quelques années auparavant. Mon téléphone n'arrête pas de vibrer depuis une demi-heure, je sais que c'est Yeleen qui me harcèle de messages. Elle doit sûrement s'excuser d'innombrables fois, et me demander de lui pardonner ses cachotteries. Ce n'est pas tant le fait qu'elle ait des secrets qui me dérange, tout le monde en a. Non, ce qui me dérange, c'est qu'elle a un lien avec ma mère et Leo, et que les trois là se permettent de juger Brett alors que visiblement ils ne le connaissent pas. Mais, une partie de moi ne peut s'empêcher de se demander s'ils n'ont pas raison, si Brett ne serait finalement pas dangereux, et si c'est moi qui ne le connaissais pas si bien que ça.
Non.
Je ne dois pas penser comme ça ! Vu le nombre de fois où je me suis déjà retrouvée seule avec lui, s'il avait été dangereux il m'aurait déjà fait du mal.
Ma mère arrivait dans l'entrebâillement de la porte. Elle tenait un plateau plein de petits gâteaux et me demanda :

- Je peux entrer ?

J'opinais et elle s'avança vers moi, posant le plateau au bout de mon lit.

- Je suis désolée, finit-elle par dire, après de longues minutes de silence.

Son chignon était décoiffé, alors que d'habitude il est toujours impeccable, de longs cernes noirs sont dessinés sous ses yeux, et ses paupières sont légèrement baissées.

- J'ai mauvaise mine, hein ? ricanait-elle. J'avoue avoir du mal à trouver le sommeil. J'aime pas savoir que tu m'en veux.

- Et moi je n'aime pas ne rien savoir.

- Je sais. Et je te promets de tout te dire. Pas aujourd'hui, je ne te sens pas prête, mais je te promets que je te le dirais avant la fin de ton année scolaire.

Je pressais mes paupières avant de demander :

- C'est vraiment si horrible que ça ?

- Oui. Ma chérie, si je ne veux rien te dire, ce n'est pas pour t'exclure, c'est pour te protéger.

Je baissais la tête vers le plateau de gâteaux. J'en piochais un parmi les autres et croqua dedans.

- Tu veux bien arrêter d'en vouloir à Leo et Yeleen ?

- J'y crois pas, ils te rapportent vraiment tout ! m'écrié-je.

Mon téléphone vibra à nouveau.

- Tu devrais lui répondre.

Elle sortit de ma chambre sans un mot de plus.
Je saisis mon téléphone et regardais l'écran encore verrouillé. Je peux voir une notification qui m'informe que Yeleen m'a envoyé 15 messages et a tenté de m'appeler 3 fois. À ce stade, ça s'apparente à du harcèlement. Je n'ai pas envie de lui répondre. Elle a décidé d'obéir à ma mère comme un petit toutou, alors soit, mais je ne lui répondrais pas.

Je finissais le plateau de gâteaux et le mis de côté pour que ma mère puisse venir le chercher plus tard. J'attachais mes cheveux en un chignon défait, pris mon pyjama et me dirigeais vers la salle de bain.
Je réglais la température de l'eau de la douche, et me faufilais à l'intérieur de la cabine.
L'eau chaude coulait sur mon corps, détendant tous mes muscles. Après ma course d'hier, des courbatures étaient apparues et me faisaient horriblement souffrir. Je devrais sans doute me remettre au sport, c'est vrai que ça va faire six mois que mon corps n'a pas pratiqué d'activité sportive.

Une fois ma douche terminée, j'attrapais ma serviette que j'avais précédemment posé pas très loin de moi. Je l'enroulais autour de ma poitrine et commençais à examiner mon visage dans le miroir. Mon teint est rosé, mes lèvres sont rouges, et ma peau est lisse. Devant cette inspection, mes lèvres s'étirèrent en un beau sourire : pour une fois, je me trouve jolie.

Sortie de la salle de bain, je passais l'encadrement de la porte de ma chambre et vis que le plateau n'était plus là.
Je pris alors mon téléphone sur mon lit et descendis, afin de regarder la télé avec mon père.
Assit sur le canapé, mon père zappait les chaînes de télé. Dès que j'entrais dans la pièce, il me dit, sans quitter la télé des yeux :

- Demain toi et moi on part faire un tour quelque part, j'ai une surprise.

- Maman ne viendra pas avec nous ? m'étonné-je.

- Non, elle est trop occupée.

Il avait dit «trop occupée» avec une pointe d'amertume dans la voix, et je ne peux pas lui en vouloir.

- On partira vers 8h du matin, alors sois prête avant.

J'opinais et m'installais à côté de lui. À la télé était diffusée une émission où le principe est simple : il faut deviner le prix des objets. J'avoue que je m'étonne à apprécier ce genre de contenu.
Durant tout le temps de l'émission, j'avais gardé mon téléphone en main, attendant un message de Brett. Sauf que je n'avais que des appels de Yeleen, qui avait fini par arrêter, voyant sûrement que je n'allais pas décrocher, et qu'elle allait gaspiller tout son forfait.

A la fin de l'émission, je m'étirais, fis une bise sur la joue de mon père et montais dans ma chambre. Je me glissais sous les draps et sombra vite dans un sommeil sans rêve.

A mon réveil, mon père avait déjà préparé le petit-déjeuner ainsi que nos affaires pour la journée, alors que moi je ne savais toujours pas où on allait aller. 

- Tu es prête ? me demandait mon père d'un ton incroyablement jovial.

- Prête pour faire quoi ?

- Pour la sortie que j'ai prévu !

Je bâillais, m'étirais et dis :

- Je viens tout juste de me lever, laisse moi le temps de me préparer...

- D'accord, je te laisse une demi heure. Trente minutes, pas une de plus.

Il sortit de la maison avec des sacs sur les bras. La porte d'entrée claqua doucement, et me voilà seule dans ma maison. Enfin, pas tout à fait seule, ma mère est à l'étage, mais elle dort, alors ça ne compte pas vraiment.  Je préparais mon petit déjeuner et lisais le journal posé sur la table. Mes parents aiment lire les informations sur du papier, et j'avoue que les lire sur du numérique ne me plaît pas, donc il m'arrive de leur emprunter leur journal. Mes yeux parcouraient rapidement les lignes jusqu'à arriver à la rubrique "mortuaire". Je fermais les yeux un instant, me préparant psychologiquement à voir le nom d'un des deux Talbot. Je les ouvris et continuais ma lecture, sans jamais voir les prénoms "Brett" ou "Lori", ce qui fut un véritable soulagement pour moi !

Une fois que j'étais complètement prête, je montais dans la voiture. Le vieux fou qui me servait de voisin nous regardait depuis le seuil de sa maison. Il portait un vieux peignoir, ses pantoufles avaient vécues leur temps, et ses cheveux blancs étaient décoiffés. Je ne pus m'empêcher de repenser à l'avertissement qu'il m'avait donné la dernière fois. Je dois avouer que c'est assez perturbant. Mais bon, si ça se trouver, ce n'était qu'un hasard, et il a eu une crise de folie en même temps que moi j'ai eu mon rêve bizarre. Je secouais vivement ma tête de gauche à droite pour reprendre contenance. Mon père mit le contact et démarra.

- Au fait, demandé-je, on va où ?

- On va simplement aller voir un match de baseball, dit mon père avec un grand sourire sur les lèvres. Bon, ce ne sont pas les Rangers du Texas, simplement des équipes locales, mais on va bien s'amuser quand même.

Je poussais un cri de joie. Je suis fane de baseball, et les Rangers du Texas sont mon équipe favorite, mais voir des équipes locales jouer me convient très bien !

Je posais ma tête sur la vitre et regardais la route défiler devant mes yeux.

Before the PackWhere stories live. Discover now