Sous le masque. (BTS Fiction) [Acte I Terminé - En Réécriture.]

Chapitre Six: Connaissance

PDV Jungkook

Je finis ma bouchée de riz et clignai de l'œil à l'intention des filles amassées à ma table :

« On se reverra plus tard les filles, content d'avoir fait votre connaissance. »

Elles gloussèrent en chœur et me firent de petites minauderies de la main pour me faire comprendre qu'elles tenaient énormément à ce que je me souvienne de l'une d'entre elles.

Du fanservice, parce qu'il le faut bien pour rester le Prince de la Bangtan Team... On verra bien laquelle terminera dans mon lit d'ici la fin de la semaine.

J'étais bon menteur lorsqu'il s'agissait de faire croire aux autres que j'avais suivi et écouté leurs discussions, donc les filles pensaient que j'avais entendu leurs babillages et que j'en avais retenu les tenants et les aboutissants.

Je me levai, puis baissai les yeux vers ceux de la petite brune au regard doux de ce matin, qui n'avait pas lâché mon vêtement. Heureusement que mon poulailler de groupies n'avait pas pris connaissance de ce détail, car je crois que la brunette aurait été étripée... Celle-ci sourit de nouveau et soutint mon regard. Elle répéta sa confidence :

« Tu recherches peut-être un peu plus de calme ? Viens, j'ai repéré un endroit...

-Je vous suis de loin mademoiselle, vous pourriez vous attirer les foudres de quelques harpies...» ironisai-je en quittant le réfectoire, la brune m'emboîtant le pas.

Je la suivis effectivement de loin jusqu'à la salle du club d'art. Je connaissais bien la pièce aux odeurs de vernis, peintures séchées et de toile. Lorsque je séchais les cours et que Yoongi n'était pas disponible, c'est ici que je me réfugiais.

Vous avez peut-être déjà compris que dans cette histoire nous portons tous des masques, et l'auteure vous en a déjà montré deux. L'un des miens, c'est celui du lycéen doué en sport et en cours sans en foutre une. Eh bien... Figurez-vous que je ne possède pas qu'un seul masque. Et que c'est l'une des raisons pour lesquelles je suis le protagoniste de cette fiction. Vous comprendrez bientôt pourquoi je parle de ces histoires de masque maintenant. Mais j'ai assez cassé le quatrième mur pour aujourd'hui, revenons à l'histoire.

Lorsque la porte fut refermée, je m'adossai à la porte, les bras croisés contre mon torse et un demi-sourire aux lèvres. Le club d'art n'avait pas beaucoup changé, des toiles plus ou moins avancées étaient disposées sur des chevalets de bois, de nombreux cadres tapissaient les murs et côtoyaient les tâches de peinture que les élèves abandonnaient parfois au cours de leurs sessions créatrices... De nombreux pots et gobelets à pinceaux trônaient sur des étagères, mêlées aux palettes, tubes de peinture acryliques et blouses.

La brunette et moi nous fixions du regard, et je n'avais pas bougé d'un pouce lorsque je rompis le silence.

« Im Nayeon, si je m'attendais à vous voir dans ce lycée... On se tutoie, ou on se vouvoie, ici, au fait ? »

PDV Nayeon :

Nayeon fut surprise par l'aplomb de Jeon Jungkook, par son attitude et son ton ironique dans sa question. Si elle était venue chercher l'adolescent dans le réfectoire, c'est parce qu'elle le connaissait. Enfin... Ses parents co-dirigeaient le laboratoire pharmaceutique des Jeon. Elle croisait donc parfois le jeune de son âge lors des soirées mondaines où les enfants des grands pontes s'ennuient et où ils font connaissance. Ce qu'ils avaient fait. Dans un tout autre contexte que dans un lycée.

Elle pensait retrouver le garçon très courtois et au sourire quasi permanent dont elle se rappelait, mais voilà que le « Jungkook lycéen » était bien différent du « Jungkook en gala ». Pendant cinq minutes qui lui avaient paru interminables, le grand garçon au sweatshirt rose avait plongé son regard dans le sien. Ces grands yeux en amande en apparence si innocents avaient une lueur malicieuse au creux des iris. La jeune fille n'avait pas pu tenir en place face à l'immuabilité de Jungkook qui lui bloquait le passage vers l'unique issue du club d'art. Elle s'était balancée d'une jambe à l'autre, avait lissé sa jupe déjà parfaitement plissée et avait trituré les pointes de ses cheveux puis les boutons de sa veste bleu marine. Cela dit, la détermination de Nayeon ne lui avait pas fait céder face au combat de regards auquel la soumettait Jungkook.

Elle répondit d'une voix posée et courtoise face à l'ironie du garçon :

« On peut se tutoyer, nous sommes camarades de classe maintenant Jungkook. Puis, nous nous sommes déjà trouvés l'un avec l'autre lors de trois ou quatre réceptions, donc je suppose sans trop d'appréhension que l'on peut se parler comme des adolescents normaux ? ».

Le jeune homme sembla se retenir de rire à l'entente du mot « normal », puis répondit du tac-au-tac :

« Alors oui on peut se tutoyer, je comptais le faire, et... Tu connais déjà le bahut, visiblement. Quelqu'un t'a fait visiter pour que tu connaisses déjà les bonnes planques ?

-On m'a fait visiter, oui, et mon dieu que ton langage est familier...

Nayeon ne se retint de lever les yeux au ciel que parce que les bonnes manières que lui avaient inculquées sa mère le lui interdisait.

-Je ne veux pas mettre de distance particulière entre les autres élèves et moi, j'essaie d'être normal ici. Être le fils d'une grande fortune de Corée met suffisamment de barrières entre les autres et moi, alors si en plus je parle comme un curé... »

Il n'a pas tort dans le fond, pensa Nayeon. Si je veux m'intégrer correctement je devrais prendre sur moi et parler comme les autres jeunes de mon âge... Ceux qui viennent de milieux moins aisés en fait.

Elle pencha la tête sur le côté et son sourire dévoila deux rangées de dents blanches :

« Très bien, je ferai des efforts et je prendrai exemple sur toi pour parler comme une jeune normale. »

Les deux adolescents avaient appuyé sur le mot « normal »,car ils comprenaient tacitement qu'ils n'étaient pas vraiment à leur place au milieu de la classe moyenne du pays et qu'ils devaient maîtriser différents codes sociaux et différentes normalités selon le milieu dans lequel ils se trouvaient. Jungkook répondit à son sourire,et la sonnerie marqua la fin de leur échange et début de l'après-midi, et du cours de sport.