Séquence 1 Chapitre 27

20 3 10
                                    


Je me mets à courir dans les couloirs qui conduisent au boudoir de ma mère. Dès que je la vois, les traits tirés et fatigués, les yeux creusés et cernés, mon cœur se serre.




Anlin-Ching. Enfin ! 

Cela fait presque dix-huit mois que nous sommes par monts et par vaux dans tout le Royaume.

Nous entrons par la porte Est de la ville, la garnison est à quelques kilomètres de là. Nous traversons une ville animée, pleine de vie, de bruit, de couleurs et d'odeurs.

La ville est étendue sur près de soixante-dix kilomètres, elle entoure le palais royal, lui même, établi sur vingt-cinq kilomètres intra muros. La ville est entourée de fortifications pour mieux lutter contre les invasions ennemies et assurer la sécurité de nos habitants. On y retrouve des échoppes de milliers d'artisans allant du coutelier, au boulanger et en passant par le tanneur. Tous les jours, des centaines de producteurs et d'agriculteurs viennent vendre leur marchandise dans les quatre marchés de la ville ouverts tous les jours. Nous sommes acclamés par la population que nous rencontrons sur notre chemin pour la garnison. Aux cris des « Vive le plus Grand Général du Royaume » et des « Vive les Dragons », la troupe fière et en rang parfait progresse vers sa destination. Une fois arrivée dans la garnison, je descends de mon étalon et j'attends que ma troupe en entier se regroupe dans la cour pour leur dire.

- Mes braves soldats ! Mes braves Dragons nous sommes rentrés sains et saufs encore une fois. Ce soir, rendons grâce à Dieu dans nos prières et profitez des cinq prochains jours en famille pour vous ressourcer. Je vous attendrai ici pour reprendre l'entraînement à l'issue de cette permission.

Après une rapide douche, je reprends la route pour me rendre au Palais Royal faire mon rapport détaillé à mon Roi. J'appréhende un peu cette confrontation car les nouvelles que je lui apporte ne sont pas bonnes et je crains qu'il ne me renvoie, moi et mes hommes, vers de nouveaux champs de bataille. Nous devrons profiter au maximum de nos maigres jours de repos en famille.

Devant le palais, la garde royale m'accueille en posant un pied à terre. Ils ne le font jamais pour une autre personne, mais j'ai commencé mes armes avec eux avant de créer mon propre bataillon. Nous avons beaucoup de respect mutuel. Je leur rends leur salut amical et entre dans la salle de réception après y avoir été invité par l'eunuque en chef, Sho Shangshi.

Ce dernier, à mon arrivée, me sourit grandement et me dit que j'ai beaucoup manqué à ma famille. Eux aussi m'ont beaucoup manqué, et j'ai hâte d'aller saluer ma mère. Mais d'abord il faut que je me débarrasse de cette corvée. C'est d'un pas décidé que j'entre dans la salle du trône.



- Mon Royaume est en proie à une quasi-famine et les Ghoutans lèvent une armée pour nous renverser. Il faut réunir l'état major des armées dès demain afin  d'étudier toutes les solutions pour contre carrer cette invasion. Me dit le Roi.

- Oui votre Majesté, répond l'eunuque en chef, Sho Shangshi.

Evidemment, je suis grandement convié à cette réunion matinale car je suis le grand Général en charge des armées du Royaume. Un lourd fardeau en fait mais, j'assume mes responsabilités. Tout un peuple compte sur mes compétences en stratégie militaire pour une vie plus heureuse.

Le Roi tourne vers moi son visage soucieux et me demande :

- Et cette série de contre temps sur votre chemin, vous pensez que c'est une pure coïncidence ou qu'elle a un but précis.

- Seul l'avenir nous le dira, mais je mène une enquête car je ne crois pas aux coïncidences.

Alors, enfin le Roi me pose la question qui me faisait redouter cet entretien :

- Avez-vous trouvé une trace de l'Elue dans vos tribulations ? Il nous faut impérativement mettre la main sur elle avant nos ennemis. La prophétie se propage dans tout le Royaume comme une traînée de poudre et l'espoir avec. Nous devons la mettre en sécurité et accomplir l'union sacrée pour sortir de ce marasme.

- Malheureusement, nous n'avons aucune idée de l'endroit où elle peut être. Tous les informateurs du Pays sont sur sa trace et pour l'instant nous n'avons aucun indice ou un début de piste à explorer, mais je ne perds pas espoir de la retrouver rapidement.

- Avez-vous étudié la possibilité qu'elle soit déjà aux mains de nos ennemis ?

- J'y ai pensé  et dans cette optique j'ai installé des espions dans tous les bastions rebelles. Il est certain que pour le moment personne ne l'a retrouvé, répliqué-je sans un seul doute sur mes informations.

Sinon j'aurai déjà sonné la charge pour la libérer de leurs mains. 

- Cela fait maintenant presque cinq ans que nous avons mis nos meilleurs limiers sur le coup sans résultat. Que pouvons-nous faire d'autre ? Nous ne savons rien sur elle pour nous aider à l'identifier et le Royaume est tellement grand que c'est comme cherché une aiguille dans une botte de foin. Je désespère de rendre mon peuple heureux. Je désespère à l'idée de laisser à mon héritier un pays ruiné et affaibli. Peut-être même que ne lui laisserai-je rien du tout. Nous sommes tellement faibles que je me demande comment nous faisons pour tenir debout encore. Se lamente Sa Majesté.

- Ne dites pas cela, Votre Majesté, le peuple de Yishui ne se laissera pas conquérir comme cela. Nos ancêtres veillent sur nous... et le Dragon d'Or ne nous abandonnera pas. J'y ai longuement réfléchi et je pense qu'il nous met à l'épreuve pour voir si nous méritons sa confiance. Argumenté-je, convaincu de mes propos.

- Si vous le dites, vous êtes le mieux placé pour savoir tout cela. Bon allez prendre du repos et nous nous voyons demain matin. Me dit le Roi avant d'ajouter sur un ton doux et aimant.

- Et passe voir ta mère, elle se languit de toi depuis que tu es parti. Bienvenue à la Maison, mon garçon !



Sur le seuil du palais de Meili de Shìjièguan, une excitation folle envahit mon corps. Et une angoisse aussi. 

Après mettre fait annoncer à l'entrée, je me mets presque à courir dans les couloirs qui conduisent au boudoir de ma mère. Dès que je la vois, installée dans un fauteuil, recouverte d'une couverture blanche, les traits tirés et fatigués, les yeux creusés et cernés, mon cœur se serre de douleur. 

Je me prosterne longuement devant elle en signe de respect, mais elle tend les mains vers moi.

La force de Lan ⬛️ Terminé ✔️Where stories live. Discover now