Médoune
Médoune ferma nerveusement sa machine et regarda la montre. Presque 4 heures du matin. Depuis son retour de ce fameux diner avec Sara, il n'arrivait pas à fermer l'œil. Trop perturbé par ce qu'il s'apprêtait à faire, trop nerveux. Il avait envie de revenir en arrière et de tout laisser tomber. Il ne pouvait pas lui faire cela. Pas à elle.
Sara. Il découvrait une femme tellement sensible, tellement douce, timide, et peut être même amoureuse. La surprise de son annonce passée, il avait remarqué son air vraiment perturbé. Mais c'était normal. Elle a été très surprise de l'entendre lui demander d'être sa femme.
- je sais que tout cela te semble précipité, bizarre, surtout venant de ma part, mais j'ai vu en toi pleins de qualité qui, je suis convaincu feront de toi une épouse parfaite.
-...
- sans compter que ma mère t'adore et je suis sûre que vous vous entendrez à merveille.
- ....
- Sara...
Elle avait sursauté
- je...je ne sais pas quoi te dire. Je ne comprends pas. Tu me demandes de...
- je veux faire de toi ma femme. C'est bien cela.
- mais...Médoune, depuis quand je ne suis plus ta petite sœur, celle qui devait garder ses distances, celle qui devait...
- Depuis que tu es devenu cette belle femme que tout homme rêverait d'avoir. Depuis que tu occupes une partie de mes rêves...
- ...
- maintenant, les choses sont claires et...je veux t'épouser.
- pourquoi ?
A cette question, il avait bugée. Il a été perturbé. Pourquoi ? Pourquoi se marie-t-on se demanda-t-il à ce moment. Il savait qu'il ne le lui faisait pas pour les bonnes raisons. Mais là, il était presque acculé par sa mère, et aussi par la société. Tout le monde lui demandait pourquoi il n'était pas encore marié. Il en avait marre de repousser sans cesse les assauts des filles en chaleur qui pensaient qu'elles pouvaient user de leur charme pour l'attirer. Il voulait être tranquille.
- Parce que je n'ai pas envie de m'amuser avec toi. Je veux juste t'épouser ;
Il l'avait vu détourner tristement le regard, comme si elle n'avait pas eu la réponse qu'elle voulait. Il eut honte à ce moment. Non, elle ne méritait pas qu'il l'utilise pour se couvrir. Elle allait souffrir. Mais il était sûr qu'avec son tempérament, sa timidité, elle pourrait au moins supporter beaucoup de choses.
Finalement, elle lui avait simplement demandé de lui laisser le temps de réfléchir à tout cela et il avait accédé à sa faveur encore perturbé. Et là, dans son lit, il regrettait. Déjà. Mais il n'avait plus le choix maintenant. Il lui fallait aller au bout.
**************
- et c'est tout ?
Sara hocha la tête et regarda Sophie qui ne pouvait s'empêcher de faire des manières comiques. Elle était venue en vacance la veille et Sara était toute contente de retrouver sa meilleure amie et surtout de lui raconter ce qui lui était arrivée dernièrement.
- Oui c'est tout. Il n'a rien rajouté. Juste que sa mère m'aimait et qu'il me trouvait belle et gentille et je ne sais quoi...
Sophie éclata de rire.
- il est vraiment bizarre ton futur mari...
Sara partit aussi d'un rire nerveux.
- je ne te le fais pas dire...
- et dis-moi tu es toujours amoureuse de lui ? demanda subtilement Sophie...
- hééé...mais....
- réponds-moi juste. Tu craquais vraiment pour lui à une époque. Bon, je sais après votre petite dispute, tu ne voulais plus en entendre parler, mais là....après l'épisode Saliou, peut être que tes sentiments sont toujours là pour lui...
Et puis un amour comme celui qu'elle avait ressenti pour lui était difficile à enterrer, peut-elle envie d'ajouter. Non, elle ne pouvait nier que depuis le diner avec Médoune, elle se sentait bizarre. Tous ses rêves et souvenirs de petites filles et d'adolescentes étaient revenus à la surface. Tout. Elle se retrouva à rêver de Médoune toutes les nuits. A penser à lui en permanence. Alors que depuis le diner, il n'avait pas donné signe de vie. Elle se demandait même si elle n'avait pas rêver de cela. Mais non. Elle n'avait pas rêvée. Son Médoune l'avait bien demandé en mariage.
- je ne sais pas Sophie, dit-elle en sortant de ses pensées devant le regard insistant de Sophie.
- de toute façon c'est un très bon parti. Il est beau...très beau même, à une bonne situation, est célibataire et pas du tout coureur de jupons. Donc...à ta place je me lancerais sans hésiter.
- mais est ce qu'il m'aime ?
- Sinon pourquoi voudrait-il se marier avec toi ? répondit Sophie naturellement avant de prendre son sac pour partir.
Oui, cette question lui taraudait l'esprit. Elle avait déjà eu une demande en mariage de Saliou. Mais c'était tellement différent. Saliou lui avait répété encore et encore qu'il l'aimait à la folie qu'elle était la femme de sa vie, qu'il voulait faire d'elle la mère de ses enfants. Oui c'était tellement romantique. Alors que là. Elle qui avait rêvé tellement de fois être en couple avec Médoune, tellement de fois embrasser Médoune, pendant tellement longtemps. Elle était...déçue. Elle avait l'impression que Médoune négociait un contrat...en sortant des arguments...banals. Sa mère, son comportement, son éducation...enfin...elle ne savait pas comment prendre tout cela.
Sans vouloir faire étalage de tous ses doutes à Sophie, elle changea de sujet en lui disant que de toute façon, elle était en âge de se marier et qu'elle songeait vraiment à prendre au sérieux la demande de Médoune.
Le lendemain, elle eut une longue discussion avec sa mère et comprit en fait que cette histoire de mariage était déjà discutée entre les deux mamans. Les vas et viens incessants de tata Mado était en fait pour parler de cette éventuelle union entre leurs deux enfants. Sara en fut encore plus frustrée. Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que tata Mado avait dû obliger Médoune à venir vers elle. Elle avait tellement d'affection pour elle et avait du en parler à Médoune. Sinon comment comprendre le brusque changement de comportement de Médoune envers elle. Elle fit part de ses inquiétudes à sa mère qui avait entamé un long discours sur les bienfaits du mariage, sur le fait, qu'elle prenait de l'âge.
- maman, tu tiens à ce...mariage, mais il faut d'abord de l'amour...
- Sarata, djiguène dou beugue, dafay mine...même si tu ne l'aimes pas maintenant, tu l'aimerais un jour. Médoune est un jeune homme adorable et...
- et si lui ne m'aimes pas...
Sa mère la regarda, surprise.
- Moooo...c'est Médoune qui a dit qu'il voulait t'épouser. Il a dit à sa mère que tu lui plaisais...
- c'est vrai...
Sa mère rigola et partit sur un long discours sur la confiance qu'il confiait à Médoune et en sa mère. Elle se contenta d'écouter sagement, mais ne pouvait s'empêcher d'avoir des doutes.
****************
- Sara viens répondre...cria sa mère.
Sara se leva en maugréant, et en posant le roman qu'elle lisait. Elle ajusta les bretelles de sa jolie robe d'été qui cachait à peine sa poitrine généreuse et pensa un moment se changer. Mais elle se dit que ça devait surement être Sophie qui passait dans les parages sans la prévenir, donc sans s'arranger plus que cela, elle sortit en trainant les pieds.
Son cœur manqua un battement quand elle le vit debout avec un grand sourire à parler avec sa mère. Encore plus beau. Depuis une semaine elle n'avait pas eu de nouvelles. Même au bureau, elle ne l'avait pas aperçue et ne sachant pas trop comment faire, elle avait décidé de rester dans son coin et d'attendre.
- c'est Médoune qui te cherche ma fille...lui dit sa mère avant de disparaitre, les laissant seuls
Elle s'avança lentement et lui tendit la main, hésitante à le regarder. Il la prit lentement et ignorant sa mère qui était à côté, l'attira lentement à lui avant de se pencher pour lui faire la bise.
- salut
- salut...murmura-t-elle doucement
Elle ne pouvait rien articuler de plus, gênée, perturbée par la présence de cet homme.
- tu m'as manqué...souffla-t-il
Gênée, elle essaya d'ajuster sa robe sans rien pouvoir répondre. Tout ceci allait trop vite à son gout. Elle était perdue.
- Je suis désolé d'être resté tout ce temps sans donner de nouvelles mais, je suis sûre que tu me comprends, continua-t-il
- Heuu...ce n'est rien. Tu n'as pas de compte à me rendre.
- Je voudrais te parler. dit-il au bout d'un moment de silence...ca te dirait qu'on aille se promener ?
Elle hésita un moment.
- Il faut que j'aille demander à ma mère d'abord...
*******
Sara gardait le silence et regarda la mer en face d'eux. Il parlait de promenade, mais il l'avait amené dans un endroit magnifique et la terrasse du restaurant avait une vue surprenante sur la mer. Médoune discutait librement, de tout et de rien. Ne semblant pas remarquer la réserve de Sara.
- Sara...
Elle le regarda et encore une fois ne put empêcher son cœur de s'emballer.
- Je sais que tu te dis que suis bizarre, mais en fait, depuis la dernière fois, je voulais juste te donner le temps de réfléchir, je ne voulais pas te mettre la pression et t'appeler tout le temps. Et aujourd'hui je reviens encore pour te demande encore si tu veux être ma femme...
Elle était toujours aussi surprise d'entendre cela de sa bouche. Elle secoua lentement la tête.
- Non...je ne veux pas...finit-elle par articuler, se demandant si c'était bien elle qui venait de dire cette énormité.
Devant l'air ahuri de Médoune, elle se tripota nerveusement les doigts.
- Non, je ne vais pas t'épouser parce que je ne sais pas pourquoi tu veux te marier avec moi. Tu m'as toujours considéré comme ta petite sœur, tu as toujours fait attention de ne jamais dépasser ces limites. D'ailleurs tu me remarquais à peine et...ça n'a jamais changé. Tu m'as toujours considéré comme une sœur. Et depuis ton retour, tu n'as jamais eu un comportement qui puisse laisser penser que tes sentiments envers moi ont évolué...A moins que ça ne soit pas les sentiments qui guident cette décision.
Le mot sentiment avait fait légèrement réagir Médoune et Sara l'avait senti. Lentement elle avait tourné la tête vers lui et l'a observé un moment.
- oui, je sais que ça va te paraitre bizarre, je sais qu'on n'a jamais eu ce genre de relation avec toi et que tout ceci peut te sembler bizarre. Mais, je me dis que c'est dans l'ordre normal des choses aussi. On a toujours été ensemble. Depuis tout petit. Et même si tu ne me connais pas assez, je...
Sara sourit.
- je te connais tellement...murmura-t-elle
Ils se regardèrent un moment.
- j'ai un livre sur toi Médoune. Je sais que ça va être difficile à croire, mais c'est vrai.
Il avait un air étonné, mais Sara ne rajouta rien et il rigola doucement
- Moi aussi j'ai un livre sur toi...qu'est-ce que tu penses ? Je t'ai vu grandir. Et j'ai pleins d'anecdotes sur toi. Tu te souviens du jour ou t'es perdu dans le quartier ? Tu devais avoir une dizaine d'année. Tout le monde était à ta recherche et Souleymane a failli devenir fou ce jour-là. Et on t'a retrouvé...
- ...chez toi endormi sous le lit de ta maman...
-...après avoir trouvé les bonbons qu'elle cachait là-bas...
Ils se regardèrent un moment avant d'éclater de rire. Tata Mado avait l'habitude de lui donner des bonbons et ce jour-là, ne la trouvant pas sur place, elle est entré dans la chambre et s'est retrouvé coincé sous le lit.
- J'ai toujours été grosse...rigola-t-elle
- Non...pas grosse...juste...en forme...
Son regard s'attarda sur sa poitrine et gênée, elle recula légèrement. Ils finirent par aller s'assoir et continuèrent de discuter du quartier, partageant les souvenirs en rigolant comme des enfants. Sara apprécia son sens de l'humour et passa un bon moment. Comme dans ses rêves de petites filles. Il fallut un coup de fil de sa mère pour se rendre compte qu'ils étaient là depuis plus de deux heures de temps. Elle se leva, suivi de Médoune qui une fois dehors, l'attira à lui, lui faisant perdre tous ses moyens. Il la regarda de ses yeux sombres et Sara ne sut déceler quoi que ce soit sur l'expression de son visage.
- Sara...tu ne m'as toujours pas répondu. Je sais que je ne suis pas romantique. Que je suis très gauche. Que je ne sais pas exprimer ses sentiments. Que je ne sais pas dire à une femme ce que je ressens pour elle...Mais j'espérais juste que tu comprendrais tout cela...et...que ça serait tellement simple entre nous...
Sara sourit...enfin une déclaration. Gauche certes. Mais c'était déjà ça.
- entre nous ? dit-elle en souriant. Il y a un entre nous ?
Cette fois il rigola franchement
- Sara tu me fais poireauter là...
- à propos de quoi ?
Il soupira et eut un sourire tellement craquant qu'elle eut juste envie de lui crier qu'elle l'aimait et qu'elle voulait l'épouser. Et surtout elle voulait tellement l'embrasser.
- Bon...d'accord Mme Ndiaye...je considère cela comme...
- Mme Ndiaye...
Ils se regardèrent avant de repartir sur un fou rire qu'ils eurent du mal à refréner. Au bout d'un moment, ils se regardèrent et Médoune lui prit la main doucement
- Epouse-moi Sara...je te veux à mes côtés. Il ne me manque que cela pour être comblé. Une femme...
Il capta son regard...
- Non pas une femme...Toi...
Que dire à cette déclaration. Elle se sentit pousser des ailes et eut l'impression qu'il lui suffisait de lever la main pour toucher le ciel tellement elle était transporté. Un rêve de petite fille qui se réalisait. Son amour de toujours qui lui faisait une déclaration.
- tu es sur la bonne voie pour me convaincre...finit-elle par dire dans un souffle.
Il y eut un moment ou Sara espérait qu'il allait s'approcher et l'embrasser au moins pour sceller cela, pour mieux la convaincre. Mais il gardait toujours ses distances. Elle fit alors le premier pas et s'approcha de lui. Leur visage était à quelques centimètres.
Elle le vit perdre ses moyens, mais il ne fit aucun geste. Au bout de quelques secondes, il recula et sourit. Sara baissa la tête, honteuse. Elle regretta d'avoir fait cela et ajusta sa robe pour cacher sa gêne. Médoune aussi semblait avoir perdu ses moyens. Dans la voiture il essaya de mettre une bonne ambiance, mais Sara ne suivait plus
- désolé Sara, je ne suis pas vraiment le genre romantique...je ne sais pas dire ce genre de choses. Ne le prend pas mal...
Sara essaya de sourire. Médoune lui prit la main tout en conduisant
- je comprends. Et puis on n'a jamais eu ce genre de relation. Au début ce n'est pas évident. Et heuu....
Elle avait envie de lui demander comment il faisait avec ses anciennes copines, mais se ravisa.
Il se tourna vers elle.
- donc, on peut considérer que c'est le début...
Elle ne répondit pas et ils se rendirent chez elle, ou Médoune se lança encore dans une conversation animée avec sa mère. Au moment de partir, il lui fit encore la bise et lui prenant fermement la main, il l'obligea à le raccompagner jusqu'à la voiture.
- Ce weekend, j'aimerais qu'on aille voir un de mes oncles. Pour...enfin, maman insiste et dit qu'il faut qu'on aille au moins le voir.
A ce moment Sara eut encore cette impression bizarre que tout ceci était une idée de tata Madeleine que c'était juste un mariage « arrangé ». Mais elle préféra refouler cette pensée et préféra penser que c'est juste ses rêves de gamines qui se réalisait. Elle accepta donc et il lui fit un rapide bisou sur la bouche, à peine perceptible et très furtif, avant de s'éloigner, l'air perturbé.
- Médoune...appela-t-elle doucement, doutant même qu'il ait entendu.
Il fit demi-tour
- Je...je veux bien t'épouser...
Médoune sourit. Un sourire craquant. Elle en fit de même en baissant la tête.
- mais, je...voudrais qu'on se connaisse mieux. Je voudrais m'enlever de la tête que...
Elle hésita.
- que quoi Sara ?
- que ce n'est pas ta mère qui te demande de faire tout cela...que tu m'aimes...même si tu ne me l'as pas dit.
Il sourit à nouveau.
- et toi Sara? Tu acceptes de m'épouser, mais est-ce que tu ressens quelque chose pour moi ?
Quelle question peut-elle envie de dire, mais elle se contenta de rigoler timidement en baissant la tête.
- ca, je suis sûre que tu dois en savoir quelque chose Médoune.
Leur regard entendu à ce moment lui confirma qu'il se doutait bien qu'elle avait des sentiments pour lui. Ce qu'elle se demandait c'est depuis quand il s'en doutait...
Il s'approcha et la prit dans ses bras un moment, la rassurant un peu. Le cœur de Sara s'emballa.
Il s'écarta. Elle attendit. Une éventuelle déclaration, un petit mot d'amour. Mais il se contenta de déposer un baiser sur son front avant de lui promettre de l'appeler plus tard.
Le soir, ils discutèrent au téléphone pendant plus d'une heure. Elle ne pouvait s'empêcher d'apprécier son sens de l'humour et sa grande culture générale. Il parlait plusieurs langues, adorait les questions de géopolitique et aimait s'épancher sur la crise palestinienne. Quand elle dériva sur des sujets plus romantiques, plus intimes en lui demandant combien de petites amies il a eu dans sa vie, il se montra évasif, refusant de répondre, préférant lui retourner la question. Elle rigola en lui précisant qu'il lui devait une réponse avant de lui parler de son ancienne relation avec Saliou. De toute façon, il connaissait une bonne partie de l'histoire. Elle ne pouvait cependant entrer dans les détails, lui révélant que Saliou était tellement plus tendre, plus romantique, plus câlin. Mais n'empêche. Elle préférait vivre l'instant, elle avait du mal à croire que c'était Médoune qui lui parlait, qui disait vouloir l'épouser. Surtout qu'au moment de la quitter, il avait juste murmuré un « Je t'ai choisi parce que j'ai confiance en toi. Promet-moi que quoi qu'il se passe entre nous...tu ne trahiras jamais cette confiance. ». Sans trop comprendre le sens de tous ces mots, et malgré ses doutes et ses craintes, elle promit...promit encore de tout faire pour le rendre heureux avant de se laissa aller et de rever de Médoune toute la nuit....Son premier amour.
Sara eut l'impression pendant quelques semaines de vivre dans un autre monde. Qu'elle était en plein rêve et qu'on viendrait la réveiller. Les choses allaient tellement vite. Les visites aux parents, la joie des deux familles à l'annonce du mariage. Tata Mado était venue à la maison et avait versé de chaudes larmes en enlaçant tendrement Sara et en lui disant toute sa joie de l'accueillir dans sa famille. Ensuite, il y eut la visite chez tonton Matar, l'oncle paternel de Médoune. Au contraire de tata Mado, Sara ne sentit aucun enthousiasme de leur part. Elle découvrit qu'une bonne partie de la famille était originaire du sud du Sénégal et un moment, face à leur froideur, Médoune du lui souffler à l'oreille de ne pas s'en faire et qu'ils étaient comme cela. Cette petite précision la rassura un peu et heureusement que du côté de la famille de tata Madeleine, les choses étaient plus chaleureuses. Après donc un weekend ou Médoune l'entraina pour qu'elle fasse connaissance avec sa famille, il fallut attendre juste une semaine pour qu'une petite délégation, constituée des oncles paternels de Médoune, vienne pour discuter des formalités du mariage.
Une date avait été fixée pour dans un mois et des noix de cola distribués à la grande joie de Mère Fatou. Sara avait toujours cette impression d'être dans un rêve, que tout ceci n'était pas vraiment réel. Mais il fallait admettre les choses. C'était maintenant officiel. Elle allait être la femme de Médoune dans un mois. Le bruit s'était répandu dans la famille et ses cousines ne cessaient d'appeler pour demander ce que faisait Médoune, comment ils s'étaient rencontrés. Elle avait parfois l'impression de passer un interrogatoire, surtout quand elle se rendit avec ce dernier pour qu'il rencontre ses badiènes et autres oncles. Mais Médoune tait d'un abord très facile et suscitait rapidement la sympathie par son ouverture et son sens de l'humour.
Au bureau personne n'était au courant et c'était tant mieux pour Sara qui n'avait pas vraiment envie que les choses s'ébruitent maintenant.
- reviens sur terre Sara, je te parle depuis tout à l'heure, tu ne m'écoutes même pas.
Elle regarda sa mère qui tenait son répertoire et appelait depuis tout à l'heure.
- maman, je t'ai dit que je ne voulais rien de grandiose. Je t'en supplie.
- Oui, mais je te demande si tu comptes organiser une réception.
- Non. Je recevrais mas amies à la maison. Tout simplement. Répondit-elle
- mais je ne te comprends pas. Tu es jeune, pourquoi tu n'organises pas une réception comme le font tes cousines et tes amies.
- parce que je n'aime pas cela. Je te l'ai dit.
Elle se leva, et alla se changer car elle devait sortir avec Médoune. Depuis deux semaines que le processus était déclenché, ils ne voyaient presque pas. A part le weekend où ils étaient rendre visite aux parents, il disait qu'il avait beaucoup de travail et ne trouvait pas de brèches pour qu'ils puissent se voir et Sara aussi ne voulait pas toujours insister. Même si elle sentait qu'il lui manquait beaucoup. Mais une chose l'inquiétait par-dessus tout. A part les petites démonstrations d'affection, en public, elle ne sentait pas son compagnon très...sensible. C'était peut-être une fausse impression ou alors l'expérience qu'elle avait eue avec Saliou n'était pas une référence. Mais elle trouvait bizarre qu'il ne tente même pas de l'embrasser alors qu'elle en mourait d'envie. Mais même si elle n'avait pas ses explosions d'affection, au moins, elle ne dormait jamais sans recevoir un coup de fil de sa part, il lui racontait sa journée, les partenaires qu'il avait rencontrés, ses contrariétés. Elle essayait de l'apaiser et petit à petit, s'instaurait une petite complicité. Lui aussi semblait apprécier ses conversation décalé, il lui répétait aussi qu'il adorait entendre sa voix chantonnante et son rire. Il aimait aussi sa curiosité et même s'il ne répondait pas à toutes ses questions, préférant esquiver certaines, il passait des heures à discuter avec elle. Mais Sara insistait beaucoup pour qu'ils se voient, qu'ils sortent ensembles. Il trouvait toujours des excuses, mais aujourd'hui, elle avait su être persuasive, finalement, il avait accepté de diner avec elle.
- salut Médoune, murmura-t-elle en souriant après s'être approché de lui en silence et avoir posé délicatement sa main devant ses yeux.
Ils devaient se retrouver dans un restaurant pour diner et elle s'était faite toute belle pour l'occasion. Quand Médoune se retourna avec un grand sourire, elle ne put s'empêcher de ressentir une si grande plénitude et les battements de son cœur s'en ressentir. Il lui prit la main et déposa tendrement un baiser au creux de la paume, la faisant frissonner et sourire en même temps. Ils se regardèrent un moment avant qu'il ne l'invite à regagner sa place
- dis donc, au téléphone, tu ne m'appelais pas vraiment Médoune, il me semble. La taquina-t-il gentiment.
Elle baissa la tête, légèrement gênée. Au téléphone, elle était plus coquine, plus taquine, plus free. Parfois dans la pénombre de la nuit, le son de leur voix incitant à la coquinerie, elle se laissait aller en lui murmurant de petits mots doux. Mais là en face, elle perdait complètement ses moyens.
- je t'appelais comment ? demanda t'elle, essayant de le défier.
Il s'approcha lentement et sur le ton de la confidence
- j'avais cru entendre « mon cœur », ou encore mon « doudou »...
Sara ne put s'empêcher de rigoler face à sa voix qu'il essayait d'imiter.
- tu n'assumes plus ?
Elle le regarda un moment.
- bien sûr que si...
- alors...on reprend les salutations...proposa-t-il en s'arrangeant sur son siège
Sara prit une petite inspiration et les yeux dans les yeux, lui murmura avec un petit sourire
- salut mon cœur...
- Salut mon cœur...répéta-t-il aussi sur le même ton et avec le même sourire.
Sara sentit une grande émotion la submerger. Sans hésiter, elle lui prit la main, posée sur la table et la serra doucement entre ses doigts fins.
- tu m'as manqué tu sais...dit-elle, sans se départir de cette petite gêne.
- c'est vrai...
Elle osa lever les yeux et rencontra son beau regard.
- oui...ça va faire plus de dix jours. Pour de futurs mariés ; ce n'est pas très raisonnable.
Médoune rigola.
- mais je suis sûr que tu comprends...j'ai tellement à faire. En plus, le mariage risque de me trouver en voyage.
Sara tiqua...
- comment cela ?
- et si on parlait d'autres choses. Je n'avais pas l'intention de dire cela en début de soirée, pour ne pas gâcher l'ambiance ;
- mais c'est déjà dit...
Il soupira.
-j'ai une rencontre avec des partenaires en France. C'est très important, et je ne peux pas ne pas y aller.
- Médounnnne....Nonnn...murmura t-elle déçue.
- je suis désolé...
- mais pourquoi Paul ne peut pas partir à ta place ?
- Sara...mais ce n'est que le mariage religieux. Je reviendrais tu sais.
Sara bouda un moment, sous l'œil amusé de Médoune
- allons mon cœur, ne fais pas cette tête. Je reviendrais une semaine après le mariage. Ce n'est pas long et puis ça te permettra de te reposer et de récupérer.
Elle haussa les épaules, résignée. Elle aurait tellement voulu avoir son mari à côté d'elle. Mais bon.
- je n'ai pas trop le choix on dirait...
Ils changèrent de sujet et rapidement, Sara se retrouva à rire de ses blagues et à se laisser charmer. De toute façon comment pouvait-on rester insensible à cet homme. Un moment, elle fixa ses belles lèvres charnues et roses. Qu'est-ce qu'elles étaient belles. Elle se demanda ce que ça pouvait faire de se faire embrasser par de si jolie...
- sara...
Elle sursauta et le regarda. Elle ne put s'empêcher de remarquer son petit air moqueur.
- tu...regardais quoi.
Elle sourit et audacieuse, mit sa main à côté de sa bouche, comme si elle ne voulait que personne n'entende
- tes belles lèvres...admit-elle.
- tu n'as pas honte ? demanda-t-il faussement choqué
Elle secoua la tête et Médoune, sans s'épancher plus sur le sujet, repris le cours de sa conversation, laissant Sara sur sa faim. Ils passèrent quand même un bon moment et avant de rentrer, Sara voulut se promener sur la plage. Il l'accompagna donc en rouspétant, mais la suivit quand même. Un moment Sara s'arrêta et lui fit face avant de s'approcher jusqu'à sentir sa peau sur la sienne à travers leurs habits. Elle le vit se troubler et s'écarta brusquement d'elle. Etonnée, elle le regarda s'éloigner. Il se retourna quand même.
- On y va maintenant ? Tu t'es promené ? demanda-t-il doucement en lui tendant la main ;
Sara se contenta de hocher la tête, l'esprit plein de doutes avant de prendre cette main tendu et de le suivre, légèrement honteuse d'avoir voulu tenter quelque chose. Elle ne put s'empêcher d'avoir des doutes. Pleins de doutes. Il ne l'aimait pas. Un homme qui aime une femme devait avoir envie de l'embrasser, de la prendre dans ses bras. Mais Médoune n'essayait jamais rien. Arrivé au restaurant, il s'arrêtèrent et pendant qu'elle enlevait les grains de sable sur sa tenue, elle le sentait l'observer fixement. Quand elle osa un regard vers lui, elle remarqua son air soucieux, comme s'il voulait lui dire quelque chose. Mais rien ne vint. Elle soupira dépitée et comprenant surement son désarroi, il s'approcha rapidement et avant qu'elle ne puisse comprendre, il se pencha sur elle et déposa ses lèvres sur les siennes. Surprise, elle ne réagit pas sur le champ, jusqu'à ce qu'elle sente la langue de Médoune essayer de forcer le passage de ses lèvres. Elle ferma les yeux et l'accueillit avec un petit soupir d'aise. Elle sentit des millions de bulles exploser dans son ventre et mit ses mains autour de son cou en s'approchant encore plus. Médoune explorait lentement sa bouche, si lentement, si doucement, qu'elle en souffrait presque. Au bout d'un moment qui lui semblait interminable, il s'écarta lentement, avant de lui mordiller doucement la lèvre inférieure. Elle lui murmura un léger « je t'aime » avant d'ouvrir les yeux, souriante. Il la regardait également
- tu es contente maintenant ? On peut y aller...dit-il un peu sèchement.
Elle se recula et repris ses esprits, descendant brusquement de son délicieux nuage. Sans plus l'attendre, il la devança et il traversa en trombe le restaurant suivie d'une Sara qui ne comprenait plus rien. Une fois dans la voiture, elle ne sut quoi dire et préféra garder le silence en évitant de regarder la rue à travers la vitre. Le téléphone de Médoune sonna et il décrocha en aboyant presque. Il répondit brièvement avant de raccrocher nerveusement. Une fois devant chez elle, elle resta dans la voiture, les larmes aux yeux.
- j'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-elle après quelques minutes de silence
Médoune soupira en se passant la main sur le visage, l'air réellement épuisé.
- Non, je suis juste un peu fatigué. Je t'appellerais tout à l'heure.
Sans répondre, elle descendit de la voiture avant de s'éloigner lentement, la tête baissée.
- Sara...appela Médoune de sa voiture alors qu'elle sonnait à la porte.
Elle ne répondit pas et garda la tête ostensiblement tournée vers la porte
- Sarata...insista-t-il.
Sa cousine ouvrit à ce moment et elle s'engouffra rapidement à l'intérieur. Elle courut vers sa chambre et se coucha sur le lit sans prendre la peine de se déshabiller. Elle était perdue, ne savait même pas où orienter ses pensées. S'était-elle trompée ? avait-elle fait le bon choix ? Pouvait-elle reculer ? Elle songea à Saliou. Lui, l'aimait tellement. Elle fut interrompue dans ses pensées par le téléphone qui sonnait. C'était Médoune, elle préféra ne pas décrocher et se leva pour faire sa toilette et ses prières. Le téléphone ne cessait de sonner, mais elle ne décrochait toujours pas, se contentant de prier, demandant au Seigneur de la guider et de l'aider à prendre la bonne décision.
Le lendemain, elle se rendit au travail, mais légèrement en retard. Elle avait mal dormi et avait eu du mal à se lever. Arrivée, à peine avait-elle déposé son sac que Mme Sy lui transmis une commission.
- le patron demande à te voir Sara. Depuis ce matin, il appelle toutes les 5 minutes.
Sans plus d'explications, elle se rendit donc à la direction ou la secrétaire l'introduisit dans le bureau de Médoune. Il était derrière son ordinateur et ne semblait pas faire attention à elle. Elle resta donc debout sans rien dire. Au bout d'un long moment, il leva la tête et l'observa ;
- Sara ? Qu'est ce qui se passe ?
- ...
- je ne comprends pas...depuis hier tu ne réponds pas à mes appels, tu...enfin...
- je crois qu'il faut annuler tout cela...finit-elle par dire.
Elle en était arrivée à cette conclusion. Il ne l'aimait pas. Peut-être même qu'elle le dégoutait. Sinon comment expliquer sa réaction après leur baiser.
- quoi ? s'écria-t-il en se levant de son siège et en s'avançant rapidement vers elle. Qu'est-ce que cela veut dire Sara ?
La tête toujours baissée, le cœur meurtri, elle continua
- Médoune, il est encore temps d'arrêter tout cela. Hier je me suis sentie tellement...honteuse. Je...ne comprends pas. On s'est embrassé et j'ai eu l'impression que tu l'as fait sous la contrainte et que...je te dégouttais même peut-être....
- Sarrraaa... mais ou va tu chercher des idées pareilles.
Elle garda le silence un moment, soudain fatiguée de tout cela.
- Je me trompe peut-être, mais j'ai eu cette impression Médoune. Je...ne suis pas un jouet Médoune. Si tu as envie de t'amuser avec moi, je te prie de renoncer maintenant...Je...Ti dois savoir que je t'aime plus que tu ne le penses et ça ne date pas de maintenant. Si tu as d'autres intentions, je t'en prie, je préfère souffrir maintenant que de m'attacher à toi et découvrir que je n'étais...qu'une volonté de ta mère...ou de la mienne. Ne joue pas avec moi...
Il gardait le silence et Sara eut soudain peur. Elle le voyait se décomposer et soupirer lourdement avant de se passer une main sur le visage. Il ouvrit la bouche, avant de le refermer sans rien dire. Il hésitait et chaque seconde qui passait amenait une telle décharge de panique qu'elle recula imperceptiblement. Et attendit.
*************
Médoune
************
Il la regardait et sentit une panique l'envahir. Comment pouvait-il faire ce genre de choses. Comment pouvait-il être aussi vil et utiliser Sara. Il devait mettre fin à tout cela. Il ouvrit la bouche pour parler, mais se ravisa. Sa mère. Elle avait tellement souffert pour qu'il en arrive là. Elle avait supporté tellement de choses. Il ne pouvait pas reculer.
- Sara, je t'en prie, Pourquoi tu penses cela ? T'embrasser hier a été une chose magnifique.
Mais je dois t'avouer qu'en le faisant, j'ai transgressé une loi que je me suis imposé. Je m'étais promis de ne rien faire avec toi qui puisses te faire penser que je voulais m'amuser ou que je ne suis avec toi que pour...enfin, tu comprends. Je voulais juste être réglo avec toi...
Il la vit prendre un air étonné, chassant rapidement ce masque de tristesse qu'elle affichait. Il s'en voulut. Il savait qu'elle l'aimait. Il avait toujours su qu'elle l'aimait.
- mais...ce n'est pas parce qu'on s'embrasse qu'on...enfin...
Il la vit détourner le regard et prendre un air gêné. Elle était tellement innocente. Tellement craquante. Depuis quelques jours, celle qu'il avait toujours considéré comme une petite fille s'était révélé être une femme. Et quelle femme. Belle, intelligente, calme, et surtout, il était presque convaincu qu'elle l'aimait. C'était la première fois qu'il laissait une femme prendre autant de place dans sa vie. La première fois qu'il osait. Mais c'était calculé. Totalement paramétré. Il était acculé. Il n'avait pas le choix. Sauf qu'il sentait qu'il avait quand même de l'affection pour elle.
- Sara...Si tu savais. J'ai envie de t'embrasser à chaque instant, mais je me retiens pour ne pas te brusquer, ni que tu penses que...je suis obsédé...
Il la vit sourire et eut envie de se tirer une balle tellement il se sentait mauvais. Ce mensonge était le pire qu'il n'ait jamais sorti. Ou qui lui faisait avoir tant de remord. Et mentir ainsi à une personne comme Sara lui faisait mal. Non, il n'avait pas vraiment de sentiments pour elle. Il ne l'aimait pas. Ou du moins n'avait jamais songé qu'il devait aimer une femme. Il n'en avait pas le droit. Il ne pouvait pas.
- Je ne voulais pas que tu aies l'impression que je voulais m'amuser avec toi. C'est pourquoi quand j'ai suivi mes pulsions, je l'ai regretté...
Cette fois, il la sentit soulagée et eut l'impression de la sentir revivre. Les sentiments qu'elle avait pour lui commençaient à lui faire peur.
- Médoune...Je...
Sans lui laisser le temps de parler, il s'approcha encore plus près d'elle avec un petit sourire avant de lui prendre le visage entre ses mains. Il allait l'embrasser quand Sara tourna la tête. Elle avait peur. Avec un sourire, il immobilisa son visage et l'embrassa. D'abord lentement, en promenant sa langue sur ses lèvres, puis plus intensément. Elle essaya de ne pas se laisser aller, mais c'était plus fort qu'elle. Il la sentit lâcher prise et répondre à son baiser. Elle gémit sourdement en se cambrant alors qu'il avait posé sa main sur son cou.
- sinon, je peux passer tout mon temps à t'embrasser mon cœur...murmura-t-il tout contre sa bouche.
Cette fois c'est Sara qui se haussa légèrement pour l'embrasser à nouveau et il se laissa faire. La porte s'ouvrit brusquement à ce moment et ils se séparèrent rapidement. C'était Paul. Son partenaire. Ce dernier ne put retenir un grand sourire.
- Pardon Mr le Directeur,
- on ne t'a pas appris à frapper toi ? dit-il en prenant Sara par la main et en l'attirant à lui sous le regard amusé de son partenaire.
- Heuu...je n'ai jamais frappé à ta porte...la prochaine fois veille à mettre « ne pas déranger ».
Il sentit Sara se détacher lentement de lui.
- Bonjour Sara...
- Bonjour Paul...
- ha je vois que vous vous connaissez ?
Il vit Sara sourire.
- Tout le monde connait Paul. Il passe tous les matins dans tous les bureaux pour dire bonjour...
Médoune tiqua. Il n'avait jamais été sociable et savait qu'on le lui reprochait. Contrairement à Paul qui adorait le contact humain. C'est ce qui l'avait poussé à tout laisser tomber en France pour se lancer avec son ami en Afrique.
- Et tout le monde connait Sara à cause de sa gentillesse légendaire...ajouta ce dernier. Médoune les vit échanger un sourire entendu avant que Sara ne se tourne vers lui. Avec toujours ce sourire qu'il trouva sur le coup tout simplement sublime.
- Je crois que je vais y aller
Il se contenta de hocher lentement la tête et la regarda s'éloigner en admirant ses belles formes. En se détournant, il vit que Paul en faisait de même et il lui balança un bloc note qu'il capta de justesse en réprimant un fou rire...
- je ne savais pas que tu fricotais avec le personnel. Et dire que tu me l'interdit...
- Je ne fricote pas, je vai me marier avec elle, dit-il tranquillement en s'installant sur un fauteuil, imité par un Paul qui ne pouvait cacher son étonnement.
- Te marier ?
Il leva les yeux et ils se regardèrent un moment. Avec Paul c'était plus qu'une amitié. Ils étaient presque des frères. C'était le seul à qui il avait osé parler de ce lourd secret qui lui pesait. Et quand on en arrive à partager ce genre de choses avec une personne, elle devient une constante dans la vie.
- Paul, je sais ce que tu vas me dire, mais...je n'ai pas le choix. Tu le sais...
- elle est au courant ? demanda-t-il quand même prenant un air sérieux.
Il hésita un moment avant de secouer la tête.
- Non, mais...en fait, Sara est la fille de la meilleure amie de ma mère. Je suis très ami à son grand frère et...on a presque grandi ensemble. Et depuis toute petite, elle éprouvait des sentiments pour moi...
Il y eut un petit silence.
- Et c'est avec cette personne que tu vas te marier.
Ils se regardèrent un long moment et il finit par détourner la tête, gêné
- Paul, ne rend pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà...je m'en veux tellement pour ce que je vais faire, mais tu me connais...je n'aimes pas la pression et...je penses que c'est la meilleure chose à faire.
- j'ai toujours été d'accord avec tout ce que tu proposais car je suis convaincu que tu es assez intelligent pour toujours t'en sortir. Mais là, il ne s'agit pas d'affaire Médoune. C'est des familles, une fille qui m'a l'air vraiment sympa et qui risque de...déchanter mon cher.
Médoune se leva brusquement, se passant une main sur la tête.
- A ta place, je partirais un temps pour laisser les choses couler et...
- Non, ça me retombera toujours dessus. MA mère me demandera toujours de me marier, ça sera le défilé de jeunes filles à la maison avec certaines tellement osées que...Non, t'inquiète. Avec Sara je pourrais gérer tout cela...elle est...
- Amoureuse, termina Paul en se levant à son tour
Ils se firent face et Médoune finit par hocher la tête.
- Ou amoureuse et surtout innocente.
Paul haussa les épaules.
- je ne suis pas d'accord avec ce que tu vas faire, mais j'espère pour toi que tu ne te goure pas mon cher. Sara m'a l'air d'une fille bien. En plus d'être très jolie...
- ....
- Promet au moins d'être réglo avec elle et de ne pas la faire souffrir...
- Je te promets...et puis ça sera juste pour un temps. Juste le temps que ma mère se rassure. Elle est tellement inquiète qu'elle s'en rend malade et moi...ça me perturbe. Après un temps, je vai la libérer...ou elle me demandera de la libérer. Et je le ferais pour qu'elle refasse sa vie...Je le promet...
--------------
Sara
-----------
Après cette conversation avec Médoune, Sara le sentit...plus impliqué. Il se montrait plus câlin, se montrait plus affectueux au grand bonheur de Sara. Mais elle ne pouvait refouler cette sensation, ce pressentiment qu'elle se voilait un peu la face. Sauf qu'elle n'avait vraiment aucune envie de s'enlever ce voile. Non, Elle préférait croire à son amour, croire à son destin. Et ce destin pour le moment voulait que Médoune soit son époux. Chaque soir il passait à la maison pour juste la voir comme il disait et restait à discuter avec ses parents. Et à chaque fois, il lui ramenait des cadeaux allant des chocolats aux glaces qu'elle dévorait en l'accusant de vouloir qu'elle prenne des kilos alors qu'elle devait justement en perdre. Mais il lui assurait qu'il l'adorait comme elle était. Les choses furent plus douces entre eux sans vraiment entrer dans les grandes démonstrations d'affection. Elle avait cependant droit à de petites caresses sur la joue accompagnées de petits mots doux et autres compliments. Oui, au moins une belle complicité s'était installée et ils pouvaient discuter pendant des heures. Ils ne s'étaient plus embrassée et Sara n'osait plus rien réclamer, mais elle aimait le voir à ses côtés, et se voyait chaque jour tomber encore plus amoureuse de lui.
A sa meilleure amie Sophie, elle avait du mal à expliquer ce petit malaise. Ne trouvant pas vraiment les mots, se contentant juste de lui dire que Médoune n'était pas vraiment impliqué dans la relation. Mais Sophie lui disait qu'elle se faisait des idées, et qu'il n'avait aucune raison pour se marier sous la contrainte comme le pensait Sara. Ensuite, elle partait sur une longue tirade sur le sens du mariage et toutes les raisons qui peuvent pousser un homme à prendre cette décision. Sara quittait toujours Sophie légèrement rassurée et rêveuse. Son amie savait trouver les mots pour la rassurer et elle en avait tellement besoin.
Et comme il ne restait que deux semaines avant le mariage, elle fut obligé d'en parler à ses collègues et on la félicita chaleureusement, même si elle ne pouvait s'empêcher d'entendre les petites remarques sur sa sincérité. Elle entendait dire qu'elle s'unissait avec lui juste par intérêt. Elle ne disait rien et Mme Sy lui conseilla de ne surtout pas répondre aux provocations. Pendant ce temps, elle préparait activement la cérémonie. Ou plutôt sa mère qui s'était transformé en superwoman et même improvisée organisatrice de mariage. Elle était à toutes les sauces et Sara n'eut même pas trop l'occasion de s'impliquer. Heureusement qu'elle l'avisait de tout et elle était d'accord avec tout ce qu'elle décidait. Mais pour tout ce qui concernait son habillement, elle préférait le gérer elle-même. Ainsi, elle s'était rendue au marché avec ses cousines pour choisir de beaux tissus et des accessoires pour accompagner tout cela avant d'amener le tout chez une couturière de renom. Elle comptait bien être resplendissante.
Une semaine avant le mariage, une délégation conduite par tata Mado vint chez elle pour amener les premiers cadeaux. Ses cousines et ses amies étaient là et Sophie qui était rentré ne cessait d'appeler pour savoir comment les choses se déroulaient. Avec Médoune, ils n'avaient jamais abordé les questions d'argent. Donc quand on lui souffla la somme que sa mère avait amené, elle tomba des nues. 2 millions de nos pauvres francs. C'était trop. Tout le monde était ébahi. Même sa mère semblait dépassée par tout cela. Et c'était sans compter la magnifique parure en or qui accompagna tout cela ainsi que la valise de tissu de luxe que sa future belle-mère avait tenu à lui offrir. C'était beaucoup trop. Elle appela Médoune pour rouspéter qu'il n'avait pas besoin de lui donner tout cela, mais il sembla lui-même étonné par la somme qu'elle lui avançait avant d'avouer que sa mère avait refusé qu'il lui donne de l'argent et que c'est elle qui a tout organisé. Elle en resta bouche bée et écourta la discussion.
Sa mère semblait satisfaite et son père qui n'aimait pas tout cet étalage de biens, était lui contrarié, même s'il affichait sa mine des beaux jours. La plus belle surprise fut l'appel de Souleymane qui lui donna sa bénédiction pour le mariage, lui assurant que Médoune était un gars bien et sérieux. Il lui dit, sur le ton de la rigolade qu'il y avait peu de chance qu'il lui trouve une coépouse car il ne pensait même pas qu'il allait se marier un jour. Si elle devait être rassurée par cette remarque, elle n'en fut rien.
La semaine passa à la vitesse de l'éclair et deux jours avant le mariage, Médoune l'invita à diner car il devait voyager le lendemain matin très tôt. Sara était fatiguée, mais tenait absolument à le voir avant qu'il ne parte.
- tu sais qu'à ton retour, je serais ta femme...dit-elle comme si elle essayait de s'en convaincre.
Médoune rigola
- Non...tu m'en apprends une bonne...
Sara lui fit une petite tape sur la cuisse. Ils étaient sur la terrasse d'un restaurant et Sara avait dû insister pour qu'ils se blottissent ensemble sur un transat. Médoune avait dû passer son bras autour de ses épaules et Sara, toute ravie s'était blottie contre lui.
- tu sais que je t'ai aimé depuis que j'ai eu 7 ans...murmura-t-elle sans bouger.
- quoi ????
Sara sourit de son ton surpris.
- je te montrerais un jour mon carnet secret. Il n'y a pas une page ou ton nom ne figure pas.
- tu rigoles là...
-même pas...tu ne me remarquais pas, mais laisse-moi te dire qu'à chacun de tes passages à la maison pour voir Souleymane, tu remplissais de joie et d'amour le pauvre cœur d'une jeune fille.
Médoune se redressa et regarda Sara. Honteuse par ces révélations, elle gardait les yeux baissés. Il lui prit lentement le menton et l'obligea à le regarder.
- ne me regardes pas comme cela...je vais avoir honte, murmura-t-elle en essayant de détourner le visage.
- c'est vrai ?
Elle hocha lentement la tête en souriant.
- à un moment je faisais tout pour que tu me remarques, en vain. Tu venais pour Souleymane, vous parliez tout le temps de match de basket, de championnat de foot, de jeux vidéo. Parfois vous vous disputiez car il devait aller voir des filles et toi tu lui disais qu'il perdait son temps.
- tu nous épiais ???dit-il en souriant
- je faisais pire...parfois c'était obsessionnel. Quand tu étais de bonne humeur, tu me saluais...disons plus chaleureusement, tu t'arrêtais, parfois j'avais l'impression que tu me regardais. Mais en fait non. C'était les jours ou vous aviez remporté une victoire et que...
- Sara...
Elle le regarda et remarqua, qu'il avait froncé les sourcils et l'observait presque douloureusement
- je n'ai jamais su tout cela...
- tu ne pouvais pas savoir. La seule fois où je voulais prendre mon courage et t'en parler, tu m'as envoyé balader...et de la pire des façons.
- Mon Dieu, je suis un vrai goujat...
Sara éclate de rire en lui prenant lentement son visage. Il était tellement beau. Du bout de son pouce, elle caressa lentement les contours de son visage, s'attardant sur sa barbe taillée en 0 qui entourait ses lèvres tellement bien dessinés.
- Non, tu ne savais pas. Je t'aime mon chéri. Je t'ai toujours aimé. Et...je t'aimerais toute la vie...
- Et ton ex ? ce...Monsieur qui voulait t'épouser.
Elle soupira et se redressa légèrement
- après toi, je ne pensais pas être capable d'aimer une autre personne et je suis restée des années toute seule. Mais Saliou a su briser la glace.
Elle le vit se rembrunir.
- et je me suis attaché à lui. D'une certaine manière. Parce que c'était facile de s'attacher à lui. Il était tellement...
Elle se rendit compte que ce n'était pas le lieu de parler de cela et changea de sujet.
- mais avec toi ce n'est pas pareil.
- sûr ?
Elle hocha juste la tête avant de se pencher et de déposer ses lèvres sur les siennes en un petit baiser aérien. Il sourit. Ils se regardèrent un moment
- tu sais que tu es belle ?
- et ????
Il fronça les sourcils
- tu sais à deux jours de mon mariage j'aimerais bien entendre mon futur mari me dire qu'il...m'aime.
Il la regarda étonné.
- je ne te l'ai jamais dit.
Sara secoua la tête.
Il se pencha alors et lui prit les mains.
- tu sais, je vais t'avouer une chose. Ce mariage, à l'origine c'était une idée de ma mère.
Sara sentit son cœur s'accélérer, s'attendant au pire.
- Je n'y ai pas adhéré sur le champ et je me disais même qu'entre nous ce n'étais juste pas possible.
- haaa...
- mais...
Il lui serra plus fort les mains, et continua en souriant
- Sara, j'ai découvert une jeune fille pleine de vie, très cultivée, très attachante, très belle, avec des qualités humaines magnifiques et j'ai appris à m'habituer à toi. Chaque soir au moment de me coucher, je pense à toi et je dois t'appeler pour dormir. J'aime entendre ta voix, j'adore t'entendre rire, je...
Sara sourit, soulagée, gênée et gardait la tête baissée
- regarde-moi...murmura-t-il
Elle le fit et vit une telle tendresse dans ses yeux qu'elle fondit littéralement
- je ne sais pas ce que c'est l'amour...
Sara fronça les sourcils
- je n'ai jamais laissé une femme prendre une quelconque place dans ma vie.
- haa..comm...
- on en reparlera...le coupa-t-elle brusquement. Mais en gros, ma chérie, sache que toi, tu occupes une place importante dans ma vie. Je tiens à toi, je veux...faire de toi ma femme.
Sara sentit des larmes perler au coin de ses yeux et soupira en essayant de sourire.
- ça ne va pas être facile, car il y beaucoup de choses que tu ne sais pas de moi et qui...peut être feront que tu ça ne marchera pas entre nous.
- Noonnn. Mais pourquoi tu dis cela ?
- attends...écoute moi. Je sais ce que je te dis, mais je te demande juste de ne pas me quitter Sara... murmura-t-il
Sara remarqua un air perdu qu'elle ne lui connaissait pas. Instinctivement, elle s'approcha de lui et lui caressa le visage
- Médoune...Mon chéri, ne dis plus jamais cela. Un mariage c'est pour le meilleur et pour le pire. Je....serais avec toi toute ma vie.
Il la regarda longuement avant de hausser les épaules et de lui servir un sourire crispé.
- tu as raison. Oublie ce que je viens de te dire
Il s'approcha d'elle encore plus et lui murmura à l'oreille.
- je t'aime Sarata Niang.
Pourquoi ressentait-elle ce petit malaise à ce moment, ce petit soupçon de doute, comme si ce qu'il disait ne venait pas vraiment du fond du cœur, comme si on lui demandait juste de répéter une phrase. Trois mots peut-être banal, mais qui avait tellement d'importance pour Sara. Quand il se redressa à nouveau, elle essaya de le sonder, de se convaincre que c'était juste une fausse impression, mais il fuyait son regard et se pencha pour l'embrasser. Et ça, il le faisait tellement bien qu'elle en oublia ses doutes et s'envola dans ce monde de tourbillons de sensations délicieuses. Elle frissonna et se blottit encore plus contre lui. En bougeant légèrement, la main de Médoune effleura furtivement la poitrine de Sara et il eut soudain un geste de recul et s'écarta brusquement, mettant fin à leur baiser. Elle le regarda, un peu perdue et Il rigola nerveusement en se redressant.
- il vaut mieux qu'on parte avant que tes parents ne s'inquiète. Je ne voudrais pas être accusé de...
Elle se leva également et arrangea sa tenue. Elle ne voulait plus se laisser aller à ressasser sans cesse les réactions imprévisibles de Médoune. Comprenant qu'elle était perturbée, il l'attira à lui et lui caressa la joue, l'obligeant à le regarder
- tout ira bien ma chérie. Il ne reste plus que deux jours et après...
- je serais à toi...
Il fronça les sourcils et Sara vit s'afficher une mine peinée sur son visage, vite balayé par un grand sourire.
- bien sûr...répondit-il
Il la raccompagna et comme il savait si bien le faire détendit l'atmosphère et une fois à la maison, descendit saluer les parents qui en profitèrent pour lui souhaiter un bon voyage. Elle pensait qu'il allait faire allusion à son retour, et bien entendu à leur nuit de noce, mais non. Il n'en parlait même pas. Elle devait rejoindre le domicile conjugal deux jours après la cérémonie et il lui avait assuré que tout était fin prêt pour l'accueillir. Mais c'était tout.
Elle mit cela sur le compte de la pudeur et de toute façon ses cousines et amies étaient là pour lui parler tout le temps de cette fameuse nuit. Elle en entendait des vertes et des pas mûres et appris pleins de choses sur cette première nuit. Elle reçut aussi des leçons sur comment s'occuper au quotidien de son mari au lit. Bien sûr, elle s'attendait à ce que ça ne soit pas très évident le premier soir, mais elle se disait qu'avec Médoune, cet homme qu'elle aimait depuis si longtemps, les choses ne pouvaient qu'être magnifiques et elle n'avait presque pas peur, refusant de céder à la peur.
Le jour de la cérémonie, tout se déroula à merveille. Elle était magnifique et tout le monde la complimenta sur les belles tenues qu'elle portait. A 17 heures, les hommes partirent à la mosquée, et on l'obligea à s'installer au milieu du lit de sa mère, la tête couverte d'un voile, entourée de ses amies qui ne cessait de la taquiner. Mais elle était stressée. Sans trop savoir pourquoi. Au retour des hommes, elle tenta de joindre Médoune en vain. Cette petite contrariété la dérouta un peu, mais elle n'en montra rien et souriait aux amis de Médoune, à ses collègues, à ses amis qui étaient tous venus pour la féliciter. Beaucoup plus tard, alors qu'elle se changeait pour aller à la petite réception qu'elle avait organisée, son chéri l'appela enfin.
- Mme Ndiaye ?
Elle ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles.
- c'est maintenant que tu m'appelles...protesta-t-elle boudeuse
- chiii...ce n'est pas trop tôt pour les disputes mon cœur...
-....
- c'est fait maintenant ? Tu es officiellement ma femme Sara...
- oui...murmura-t-elle.
Ses amies qui avaient compris qu'elle parlait à son chéri ne la laissèrent pas finir. Elles s'emparèrent du téléphone pour féliciter le marié et chacune se chargea de se présenter. Elle du continuer à se préparer et ne put lui parler à nouveau. Mais elle reçut un message de sa part lui disant juste qu'il l'aimait et que c'était le plus beau jour de sa vie. Avant d'aller à la réception, elle dut faire un tour chez sa belle-mère et encore une fois, cette dernière pleura de joie et Sara trouva toute la communauté capverdienne sur place. Les tantes de Médoune improvisèrent une petite danse traditionnelle créole et l'ambiance était juste magnifique. Malheureusement, Sara ne remarqua aucun membre de la famille paternelle de Médoune, mais n'en fit pas cas et prit congé pour se rendre à la réception.
C'était le plus beau jour de sa vie. Elle se mariait avec l'homme qu'elle aimait. Elle avait tellement rêvé de ce jour. Même si Paul se chargeait de faire le faux marié, elle passa la soirée entourée de personnes qu'elles aimaient, de collègues qu'elle appréciait et de membres de sa famille.
Le lendemain, elle se réveilla en début d'après-midi par un coup de fil de Médoune. Son mari
- Bonjour Mme Ndiaye...
Elle se redressa et eut un grand sourire...expression de l'immense bonheur qu'elle resssentait.
- tu sais que je suis la femme la plus heureuse du monde...
- C'est vrai...
Elle se recoucha, sans se départir de ce sourire.
- Je t'aime mon cœur, se contenta-t-elle de dire. Et oui c'est vrai. Je suis la femme la plus heureuse du monde. J'ai l'impression d'être dans un conte de fée ou la princesse se marie avec son prince.
- Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, rigola Médoune.
- Oui, je veux beaucoup d'enfants. Qui te ressembleront tous...rigola-t-elle.
Mais elle rigola toute seule. Médoune gardait le silence un long moment.
- Tu pars demain rejoindre la maison ? demanda-t-il soudain, changeant brusquement de sujet
- Oui, ce soir. Mon père m'a dit qu'il m'a fait une faveur en me laissant dormir chez lui cette nuit. Il dit que normalement je devais rejoindre mon mari la nuit même. Mais puisque tu n'es pas là...
- Je serais bientôt la...
Ils discutèrent et Sara lui raconta en détail la cérémonie et tout. Il ne disait pas grand-chose et un moment Sara lui demanda si tout allait bien. Mais il lui répondit qu'il était malade et ne se sentait pas bien. Sara s'inquiéta, mais il lui assura que tout allait bien et qu'il la rappellerait. Mal à l'aise, elle passa l'après-midi à déballer ses cadeaux et à attendre un autre coup de fil de son mari. Mais il ne rappela que tard le soir et comme le matin, ne semblait pas vraiment en forme. Sara lui demanda de rentrer le plus vite possible si vraiment il était malade, mais il se contenta juste de rigoler en disant qu'il allait bien.
Deux jours après le mariage, elle dut rejoindre le domicile conjugal après une cérémonie sobre et toute simple qui n'avait regroupé que ses badiènes et quelques tantes. Il y eut de longs discours qui la firent pleurer et chacun lui donna pleins de conseils. Avant cela, sa mère l'avait appelé dans sa chambre pour lui remettre le fameux pagne après lui avoir demandé si elle était toujours vierge. Gênée, elle avait répondu que oui et sa mère s'était excusé en lui précisant qu'elle devait lui demander cela, avant d'éclater en sanglot, la faisant aussi pleurer. Non, elle n'avait jamais eu de relations intimes avec un homme. Jamais. Elle s'était juste limitée à des baisers. Et à part son mari, Saliou avait été son seul et unique copain. Donc, sa mère pouvait être tranquille. Sa fille la couvrirait d'honneur.
Elle rejoignit le domicile conjugal avec un pincement au cœur de devoir se séparer de sa famille, même si elle trouva un accueil chaleureux de la part de tata Mado. Elle avait fait dans la simplicité et il n'y avait pas grand monde à la maison pour l'acceuillir. Quelques voisines qui étaient heureuses de la revoir dans le quartier et des cousines à sa belle-mère. Il n'y eu donc pas beaucoup de protocoles et ses accompagnantes repartirent aprè des conseils et recommandations pour sa vie future. Elle vivait avec ses deux nièces Caro et Sylvie qui après le départ de sa famille, lui amenèrent ses bagages dans une partie de la maison, qui était maintenant son nouveau chez soi. La maison était grande et sur une aile situé à gauche, auparavant le jardin de la maison, Médoune avait construit un superbe appartement décoré avec tellement de gout qu'elle ne put qu'être ravie de découvrir cela. Sa belle-mère l'accompagna et resta avec elle un long moment pour lui dire comment elle était contente de l'avoir comme belle-fille et comment elle voulait qu'elle continue à la considérer comme sa maman. Elle lui fit visiter et Sara constata avec ravissement que sa chambre était immense avec une magnifique salle de bain moderne à l'intérieur. Les affaires de Médoune étaient déjà sur place et elle ouvrit les placards pour découvrir ses nombreuses chemises et autres costumes très bien rangé dans un dressing. Il y avait une autre chambre tout aussi bien décoré avec également des toilettes et tout le confort qu'il y avait dans la première chambre. La cuisine moderne était également à l'image de Médoune. classe et simple. après avoir raccompagné tata Mado, elle se coucha en appelant son mari et en souriant à cette nouvelle vie qui s'offrait à elle, se sentant la femme la plus chanceuse de cette terre.

YOU ARE READING
Sara : Du rêve à la réalité
RomanceSara est une jeune fille innoncente qui a nourri depuis toute petite un amour inconditionné pour Médoune, son voisin. Son rêve se voit réalisé quand son prince lui demande sa main de manière surprenante. Mais elle sera obligé de revenir sur terre qu...