- Sara ? Mais qu'est-ce que tu fais encore ici ? A cette heure ? Je te croyais rentrer depuis longtemps.
Sara regarda son frère un moment, comme cherchant du secours. Comprenant que personne ne lui viendrait en aide, elle se leva lentement.
- j'allais rentrer Papa. Je voulais juste attendre que maman revienne...
- Tu ne sais pas à quelle heure va rentrer ta mère. Tu es mariée maintenant. Tu ne peux pas te permettre de rester ici jusqu'à n'importe quelle heure. Depuis quelques temps tu prends ces mauvaises habitudes. Prend tes affaires et rentre chez toi. Gnake kilifa...la prochaine fois j'appelle ton mari pour lui en parler...j'ai été clair ?
Le ton était sans appel. Pourtant il était à peine 19 heures et son père revenait de la mosquée ou il avait prié. Sans plus attendre, Sara prit son sac et lança un rapide au revoir à son père avant de sortir attendre un taxi dehors. Elle n'avait aucune envie de rentrer. Vraiment aucune. Dans le taxi qui la ramenait chez elle, elle ne put retenir quelques larmes. Sur le coup, elle se sentait tellement malheureuse. Et elle ne put s'empêcher de se sentir coupable de tout cela. Elle n'avait pris aucune précaution. Aucun garde-fou. Elle s'était empressée de suivre son cœur quand Médoune lui avait demandé de l'épouser. Elle l'aimait. Et elle l'aimait encore. Malgré tout. Dans le taxi qui la ramenait chez elle, elle repassa encore le film de ces dernières semaines. Encore. Depuis un mois pour être plus précise. Elle se remémora de cette soirée, il y a bientôt un mois, ou il lui avait montré une personnalité qu'elle aimerait oublier. Méchante. Violente. Et le pire c'est qu'il ne semblait pas regretter ses actes. Depuis cette fameuse nuit, ou il l'avait violenté pour des futilités, ils ne s'étaient pas adressé la parole pendant au moins une semaine. Mais Sara, voulant faire la paix car ne supportant pas l'indifférence de son mari, avait quand même pris sur elle et était allé lui parler malgré toute la peine qu'elle éprouvait. Il ne s'était pas excusé en trouvant milles et une raison à son acte, mais elle voulait passer l'éponge. Et elle avait fait table rase. Mais à peine une semaine après, ils s'étaient encore disputé parce qu'elle avait déposé des dossiers pour un emploi. Et selon lui sans son avis. Il s'était énervé, l'accusant de ne pas le respecter et de ne pas le considérer comme un homme responsable. Un homme tout court. Selon lui. Alors qu'elle faisait tout pour le rendre heureux. Et encore une fois, il avait dépassé les limites, lui criant dessus et la menaçant ouvertement. Et depuis, elle était comme dans un état second. Se sentant acculée. Cette fois elle ne fit aucun effort pour arranger les choses, et comme d'habitude, il ne semblait avoir aucun regret. C'était trop.
Et ça perdurait depuis un mois. Un mois que Médoune ne lui parlait plus. Il la trouvait au salon à chaque fois qu'il rentrait du boulot, mais se contentait juste d'un bonsoir. Sans plus. Au début, elle se disait qu'il reviendrait rapidement à de meilleurs sentiments. Surtout que c'est lui qui avait tort et l'avait violenté. Mais les efforts qu'elle faisait finalement tombaient à l'eau. Et elle avait décidé de laisser tomber. Et d'attendre. Depuis un mois. Elle attendait. Epiant chaque geste envers elle. Espérant chaque jour des explications. En vain. Elle était patiente, mais pas à ce point. Elle avait compris qu'il ne le ferait pas et que c'était à elle de faire le premier pas. Mais cette fois ci, elle voulait lui donner une leçon. Du moins elle espérait qu'elle le pousserait à réagir.
Elle se souvient quand même de cette promesse qu'elle lui avait faite lors de leur voyage au Maroc, que quel que soit la situation elle resterait dans les liens du mariage au moins un an. Au début, en tenant la promesse, elle avait trouvé ridicule de promette ce genre de jour surtout qu'elle l'aimait à la folie et ne pensait pas que le fait qu'il soit impuissant puisse poser un problème. Mais elle devait se rendre à l'évidence. Cet homme ne l'aimait peut-être pas et elle souffrait.
Elle était encore plongée dans ses réflexions quand son taxi se gara devant la maison. Tata Mado raccompagnait une dame qui semblait très pressé de partir. Après de brèves salutations, elle s'engouffra dans le même taxi et Sara remarqua le visage décomposé de maman Mado
- Maman ça va ? demanda-t-elle, inquiète.
Cette dernière força un sourire avant de l'entrainer à l'intérieur.
- Oui...comment s'est passé ta journée. Ton mari vient de m'appeler pour me dire qu'il était en chemin.
Sara garda le silence et sa belle-mère lui prit la main pour l'entrainer à l'intérieur, dans sa chambre.
- Ma fille...ces temps-ci je ne te sens pas. J'ai remarqué que tu es tellement triste ces temps-ci que j'ai du mal à te reconnaitre. Je sais que vous vous êtes disputé. J'en ai parlé à Médoune. Je lui ai dit qu'il ne t'a pas amené ici pour te faire souffrir. Moi je ne l'accepterais pas. Donc, je ne sais pas ce qui vous oppose, mais ma chérie...je t'en prie...vos rires, votre bonne humeur me manque. Alors ? Qu'est ce qui se passe entre vous ?
Sara baissa la tête, honteuse. A peine deux mois de mariage et déjà les gens intervenaient. Elle avait honte. Mais elle ne pouvait rien dire.
- je...ce n'est rien tata Mado. Médoune...est juste un peu...jaloux. Mais ne t'inquiète pas...ne t'inquiète pas, répéta-t-elle sourdement, comme pour se convaincre, ne voulant surtout pas parler à sa belle-mère.
- tu n'as pas envie de m'en parler. Je sais que mon fils est très difficile. Il a toujours été comme ça. Plus jeune, il s'emportait pour un rien et entrait dans ses colères incompréhensibles. Mais je sais qu'il tient à toi. Comme avec personne. Depuis des jours je lui parle. Je sais qu'il souffre de cette situation.
Sara ne disait toujours rien...
- En plus, il m'a avoué que tu as mal pris une de ses remarques et c'est pourquoi vous êtes en froid...
Sara sursauta. Il avait dit cela.
- Ma fille, le mariage c'est beaucoup de concession. J'en sais quelques choses. J'ai beaucoup souffert dans mon ménage. Les parents de la famille de Médoune m'en ont fait voir de toutes les couleurs. Et tu sais que jamais je ne mettrais mon fils au-dessus de toi car je vous considère tous les deux comme mes propres enfants. Donc, je te demande de passer l'éponge ma fille.
Elle eut soudain honte. Elle venait à peine de se marier que déjà sa belle-mère intervenait.
- Maman, je...suis tellement désolé qu'en si peu de temps tu interviennes déjà dans notre couple...commença-t-elle, ne sachant pas vraiment quoi dire, honteuse.
- Ne soit pas désolé. Je te répète encore de me considérer comme ta propre mère. Mon vœu le plus chère c'est que vous me rameniez ici mes petits-enfants et pour cela, vous devez vous entendre...Moi, mes beaux-parents m'ont fait souffrir...
- c'est vrai ? demanda-t-elle.
Elle comprenait maintenant que les deux familles avaient des problèmes et c'est peut-être pourquoi la famille du père de Médoune ne venait pas.
- tu ne peux même pas imaginer Sara. J'étais une étrangère. Une capverdienne. Alors qu'ils voulaient une mankagne bon teint,
- Mankagne ?
- Oui, malgré le nom ndiaye, mon mari était originaire de la Casamance. Sa mère est une mankagne qui s'est marié à un saint-louisien. Donc, du côté maternel, ils n'ont jamais laissé tomber et ils ont tout fait. Quand les enfants étaient encore jeunes, ils ont décidé d'envahir ma maison, pour me faire réagir. Mes enfants partageaient leur chambre avec leurs tantes, leurs oncles. Quand j'en ai eu marre car je voyais que mes enfants changeaient, avec le soutien de mon mari, on a décidé de leur louer un appartement. Ils ont boudé et m'ont traité de tous les noms d'oiseaux et après cela, ont même réussi à me mettre à mal avec mon mari. Mon mariage a failli partir en éclat, mais j'ai tenu bon. J'avais décidé de me marier pour la vie. Aucune raison ne pouvait me faire quitter et en plus nak...j'aimais mon mari dééhhh
Sara éclata de rire.
- donc, tu n'as pas vécu tout ce que j'ai traversé. Et je te dis que Médoune aussi a vécu tout cela avec moi. Il a tout supporté, tout encaissé. Donc c'est normal qu'il soit parfois un peu nerveux. Comprend-le. Je ne l'excuse pas. JE sais qu'il est impulsif et qu'il ne se contrôle pas...Quoi qu'il ait pu te faire. Je ne l'excuse pas. Mais pardonne ma fille....
Sara hocha la tête et promit qu'elle allait lui parler. Elle se mit à réfléchir à son mariage. Médoune avait eu une enfance difficile. Ceci expliquait peut être son comportement. Depuis le début de leur problème, elle lui cherchait des justificatifs, elle voulait comprendre pourquoi il avait eu ce comportement. Elle ne pouvait croire qu'il puisse être méchant gratuitement.
Sara allait lui poser d'autres questions, mais elle entendit Médoune entrer dans la chambre de sa mère. Son regard passa de sa mère à elle.
- Bonjour Maman...
Il se baissa pour déposer une bise sur sa joue avant de se tourner vers elle. Elle ne l'avait pas vraiment regardé durant toute la semaine. Il avait laissé pousser une barbe qui paraissait négligé mais qui lui donnait un charme fou. Elle ne put empêcher son cœur de battre plus rapidement quand il s'approcha d'elle pour poser brièvement ses lèvres sur les siennes
- salut chérie...murmura-t-il en continuant à la fixer.
- Salut...
- tu as passé une bonne journée mon fils ?
- Oui...un peu fatiguant.
- et ta réunion avec tes partenaires allemands...
Médoune soupira
- ils sont très exigeants maman. Je dois faire certifier la boite. Et rentrer dans les normes...enfin, des formalités et...
- et ??? demanda maman Mado, légèrement stressée
- Maman...c'est OK...j'ai un nouveau contrat...et on a un diner tout à l'heure pour confirmer tout cela.
-OUlalal...
Sara vit maman Mado se lever et serrer son fils dans ses bras. Sara était toujours assise à la même place. Elle n'était au courant de rien. Ni de la visite de partenaires, ni des négociations, encore moins du diner. Sentant son cœur se serrer, elle baissa la tête.
- Mais je t'avais dit de les inviter ici. Sara est un vrai cordon bleu. Elle aurait pu leur proposer des mets locaux...n'est-ce-pas Sara ? Tu aurais dû lui proposer cela.
Sara sentit leurs regards sur elle et leva la tête et essaya de sourire.
- Heu...maman, tu connais Médoune, il ne veut pas que je me fatigue...
Tandis que Maman Mado continuait à disserter, Sara supporta encore le regard de son mari sur elle. Elle finit par se lever.
- Je vous laisse discuter. Je...dois...me doucher...
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Médoune
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En entrant dans la maison, il fut obligé d'allumer la lampe du salon. Et eut des regrets. Depuis qu'il s'était marié, il avait commencé à s'habituer à la présence de Sara, sa bonne humeur, sa tendresse, ses discussions. Il n'avait jamais songé qu'il apprécierait un jour ce type d'attention. Mais il avait autre chose à faire. Ce diner avec ses partenaires. Un gros marché en jeu. Le costume qu'il voulait mettre se trouvait dans la chambre qu'occupait Sara. Il avait aménagé dans l'autre chambre et se sentait bien là-bas car il n'avait pas besoin d'intimité avec sa femme. En entrant donc dans la chambre de Sara, il entendait le bruit de la douche et se dirigea vers le dressing, attenante aux toilettes et chercha rapidement le costume. Il le décrochait quand la porte des toilettes s'ouvrit sur Sara. Son cœur rata un battement. Elle était belle. Ses longs cheveux tombaient mouillées sur ses épaules dénudées. Son regard s'attarda également sur sa poitrine, à peine caché par la minuscule serviette qui lui arrivait juste sous les fesses. Il sentit une légère vague de chaleur l'envahir. Brièvement. Se ressaisissant, il se demanda tout à coup comment il pouvait avoir ce genre de pensée et ses yeux remontèrent au visage de son épouse. Elle semblait étonnée de le voir ici, mais ne disait rien. Finalement, il aurait voulu qu'elle parle et qu'il puisse enfin lever ce mur entre eux. Il n'avait jamais été confronté à ce genre de situation. D'habitude, il se foutait complètement des gens qui lui en voulaient car ils revenaient toujours à lui. Les états d'âmes des gens l'ennuyaient. Mais pour Sara, ça commençait à lui pesait.
- heuu...excuse-moi, j'ai...un diner avec mes partenaires et je venais prendre un costume...
-ha...OK...
Le silence qui s'ensuivit le gêna. Profondément. La réaction de Sara le perturbait. Tout ceci sortait de ses habitudes. Et il était rarement gêné par une situation. Surtout concernant une femme. Sa femme. Mais comme elle ne disait rien, il tourna les talons et allait sortir quand il s'arrêta à la porte. Sara était presque sur ses talons. Et quand il se retourna, il la vit revêtir rapidement un peignoir, laissant tomber brièvement sa serviette. Il entrevit son corps. Ses magnifiques seins, son ventre, ce triangle...
Elle attachait son peignoir quand il se ressaisit et rencontra les yeux de Sara. Pris en flagrant délit de yoyeurisme. Mais, il remarquait son air triste et son beau visage éteint. Il eut un petit pincement au cœur.
- dis-moi...ça te dirais de venir avec moi.
Sa question semblait la surprendre et elle ouvrit un moment la bouche. Avant de la refermer et de serrer son peignoir contre elle.
- venir ou ? Finit-elle par demander, semblant ignoré ou il allait.
Il accusa le coup et sourit en se rapprochant d'elle. Oui, il ne lui en avait pas parlé, mais elle avait entendu quand il parlait avec sa mère. Donc, elle jouait la comédie. S'approchant encore, il la vit reculer légèrement avant de s'arrêter, crispée, comme prête à l'affronter.
- A un diner avec des partenaires, répondit-il tranquillement
Il s'était encore approché et se tenait tout près d'elle. Il voyait avec satisfaction l'effet qu'il avait sur elle. Sur le coup, il se demandait comment elle réagirait le jour où il lui demanderait de partir. Ce jour il savait que c'était à lui de le décider. Sara l'aimait trop pour partir de son plein gré. Donc il déciderait. Mais actuellement, il lui tendait une perche pour une réconciliation et sa réponse le surprit
- Non...je...je dois dormir...
Un petit silence et il finit par hausser les épaules. Il recula et allait sortir quand elle l'appela doucement
- Médoune...
- Oui...
- Heuu...je sais que tu es pressé, mais je voulais discuter avec toi...
Il ne put réprimer un sourire et essaya de le retenir en se retournant. Il savait qu'elle reviendrait.
- Je suis un peu pressé. On va attendre mon retour ?
- Ok...je t'attendrais.
Plus tard, en mettant son costume, il repensa à Sara. Et se demanda comment il pouvait avoir cette réaction puérile à la vue de son corps. Il n'avait pas le droit. Et ça il l'avait compris assez tôt. Depuis son adolescence, il s'était rendu compte que ça ne fonctionnait pas comme ses amis. Son premier contact avec une fille lui avait confirmé qu'il n'était pas capable d'avoir une érection. Malgré le désir et les sensations, sa virilité ne répondait pas. Il avait passé un moment à regarder des films classés X sans résultat. Payé des putes qui avait passé des heures à essayer par tous les moyens. Mais rien. Le désir était là. Il n'était pas insensible. Et depuis l'âge de ses 18 ans, il avait rayé les femmes de sa vie au grand dam de ses amis qui ne comprenait pas son choix de rester sage. Plus tard, en France, il était allé voir plusieurs spécialistes qui n'avaient pas pu le soigner. Ni lui dire quelle était la cause de cette maladie. En désespoir de cause, il avait laissé tomber et relégué tout cela au second plan, se consacrant uniquement à son travail. Malgré la ribambelle de femmes qui lui courrait après. Il avait vu toute sorte de femmes. Les unes plus belles que les autres. Rien ne l'ébranlait plus que cela. Jusqu'à ce que sa mère l'oblige presque à se marier avec la fille de sa meilleure amie. Qui plus est simplement...magnifique. Mais Sara avait su réveiller en lui des choses qu'il devait refouler. Elle avait ce je ne sais quoi qui la rendait tellement sensible, tellement attirante.
Il secoua la tête en se regardant dans le miroir. Il devait se ressaisir. Il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit. Mais c'était encore trop tôt pour se séparer d'elle. Elle devait encore patienter un peu.
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Sara
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Sara regarda encore la montre murale du salon. Presque une heure du matin quand elle entendit enfin la porte d'entrée de la maison s'ouvrir. Elle ne bougea pas et l'entendit se déplacer dans la maison. Entrer dans la cuisine, boire de l'eau, faire un thé chaud, sucré au miel, s'installer une des chaises hautes de la cuisine pour siroter son thé, en manipulant son téléphone. Elle attendit ce moment pour se lever et entrer dans la cuisine. Il leva les yeux de son téléphone et posa lentement la tasse sur la table, avant de la fixer. Surpris.
- tu ne dors pas ? demanda-t-il doucement, comme s'il avait peur de se faire entendre.
Sara se contenta de secouer la tête avant d'aller se mettre devant sur la chaise en face de lui.
- Non, je t'avais dit que je t'attendais...pour discuter.
Cette fois, elle remarqua qu'il était plus disposé à discuter. Il avait enlevé sa veste et restait en chemise qu'il se mit à déboutonner légèrement pour se mettre à l'aise. Son cœur s'emballa. Il était beau. Elle avait juste envie de se blottir dans ses bras. Mais, elle se contenta juste de soupirer sourdement pour se donner une contenance.
- Médoune...
- Oui...tu voulais me parler de quoi ?
- de nous.
Il leva les yeux et leur regard s'accrochèrent. Elle n'avait jamais cru qu'elle dirait ce genre de chose un jour. A cet homme qu'elle aimait tellement
- je tenais d'abord à m'excuser pour tout. Je ne sais pas exactement ce que j'ai pu te faire qui puisse nécessiter que tu m'en veuille autant. J'ai tout essayé pour qu'on en discute, mais tu...ne voulais pas. Donc depuis quelques temps, on...cohabite dans cette maison.
Elle le vit reprendre sa tasse et boire une gorgée du thé. Comme si elle l'ennuyait.
- enfin bref, je ne...peux pas vivre dans ces conditions. Je sais que j'avais promis de rester avec toi au moins un an ; Et Dieu sait qu'en faisant cette promesse, je m'étais juré que je resterais toute ma vie avec toi. Parce qu'en me mariant avec toi, c'était par amour et rien d'autre. Mais toi, tu voulais te marier pour...cacher des choses...je te jure, sur ce que j'ai de plus chère que jamais je n'en parlerai à quelqu'un. Jamais. Et donc...je voulais...je...
Elle baissa la tête et souffla, le cœur lourd. Ce qu'elle voulait demander lui pesait tellement
- je voudrais rentrer chez moi. Je ne peux vivre avec toi...comme cela. Donc je te demande de me libérer.
Sa voix avait tremblée. Malgré tous les efforts qu'elle faisait pour se contenir. Sa voix l'avait trahi. Elle avait mal.
Le silence qui s'en suivit était long et quand elle osa un regard vers lui, elle remarqua son air étonné. Surpris.
- Sara...que...qu'est-ce que tu me sors comme cela ?
Elle se leva tranquillement et s'avança vers lui.
- je ne te demande pas de me répondre maintenant. Il est tard. Mais tu peux réfléchir sur les raisons qu'on va donner aux parents...parce que je suppose que c'est cela qui va plus te préoccuper qu'autre chose.
- Sara...non...
Il s'était levé et s'approchant d'elle, elle le vit retenir son souffle, comme s'apprêtant à dire quelque chose d'important. Il lui prit lentement les mains. Ce contact. Elle regarda ses mains, emprisonnées dans les siennes. Elle aurait dû les retirer, mais elle n'en avait pas envie.
- Sara...non...je ne vais pas te libérer. Il n'est pas question de cela. Ecoute-moi. Je sais...je t'ai blessé et à un moment, je ne savais plus comment reculer et te demander pardon. Mais Dieu sait que je regrette Sara.
Elle le regardait sans vraiment y croire.
- Sara, j'ai eu honte. Je t'ai violenté. Et...Je ne sais pas m'excuser Sara, je ne sais pas demander pardon. Et c'est pourquoi les choses ont...duré. Mais...
Elle le regardait, satisfaite. Mais ne disait toujours rien.
- Mais je regrette énormément Sara. Enormément. Et je voudrais que tu me pardonnes...
Elle eut un long moment de flottement ou elle ne comprenait plus. Elle ne s'attendait pas à cela. Pas aussi rapidement. Et en plus il semblait sincère. Ou alors, elle l'aimait tellement qu'elle ne voyait que ce qu'elle voulait voir. Ce qu'elle voulait croire.
- Je...je...
Il s'approcha encore d'elle, la troublant encore plus.
- Je te demande de me comprendre. Moi, je sais que je ne pourrais pas te garder indéfiniment ici sachant que je ne pourrais jamais te satisfaire entièrement. Je ne serais pas égoïste à ce point. Mais je voudrais qu'on reste ensemble au moins un an. Quelle que soit la situation. Je veux que...
Elle se força à sourire avant de hocher la tête doucement. Encore ce délai qu'il lui sortait.
- OK...en fait tu es vraiment prêt à tout pour faire bonne figure.
- Sara...arrête. Si c'était seulement cela, j'aurais pu accepter ton offre et trouver une excuse aux parents. Mais...je te veux près de moi et...je te promets de ne plus te crier dessus.
Pourquoi il lui avait fallu tout ce temps pour dire cela. Elle avait du mal à y croire. Soudain, l'horloge du salon sonna. Deux heures. Il était tard. Elle retira lentement ses mains et recula.
- Je...il est tard. Je crois que je vais aller me coucher.
- On en reparle demain ? murmura-t-il en s'approchant à nouveau.
Ils se regardèrent un long moment er Sara savait qu'elle ne voyait que ce qu'elle voulait voir. C'est-à-dire un Médoune contrit, désolé. Mais une voix au plus profond d'elle lui soufflait qu'il se joue d'elle. Mais cette voix fut vite, très vite noyée par cette envie de croire qu'entre eux c'était possible. Et qu'elle arriverait à le changer. A se faire aimer.
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Le lendemain, elle se réveilla un peu tard, car elle n'avait presque pas fermé l'heure de la nuit. Elle trouva sur la table un petit mot de Médoune qui lui demandait de se présenter auprès du service des ressources humaines d'une célèbre agence d'assurance. Il ne lui restait plus beaucoup de temps et elle se dépêcha d'y aller. Ils avaient déjà son dossier et elle passa rapidement un entretien ou on lui dit qu'on la prenait à l'essai pour 3 mois. En sortant, elle hésita à appeler Médoune, mais se retint, préférant attendre d'aller à la maison. En rentrant, elle passa chez elle, ou elle discuta rapidement avec sa mère avant l'arrivée de son père qui d'un regard la chassa de chez lui. Elle rentra donc et vit avec surprise la voiture de Médoune à l'entrée. Elle entra et en pénétrant dans le salon, elle faillit tomber à la renverse quand elle vit le salon dans la pénombre, la table magnifiquement dressée et Médoune qui s'attelait à allumer des bougies.
- Hééé...tu arrives à point.
Elle s'approcha lentement, et s'assit sur une chaise, évitant de le regarder. Il la servit et se lança dans un monologue qui finit par amuser Sara.
- allélua...enfin elle sourit...remarqua-t-il enjoué, en s'essayant enfin à côté d'elle
Sara garda le silence et continua à manger. Après cela, elle débarrassa et allait faire la vaisselle quand elle sentit des bras l'enlacer tendrement par derrière et Médoune poser son visage contre sa joue.
- je suis désolé Sara...tu as raison de penser tout ce que tu m'as dit. Et j'en suis fautif et je le sais. Je n'ai jamais vraiment vécu avec une femme. Je ne sais pas ce que c'est que d'être en couple, de faire des concessions, de donner une partie de sa vie à l'autre...Je ne le sais pas...
- ...
- Je ne sais pas câliner une femme, je ne sais pas être intime avec toi...
Sara souriait. Enfin, il lui disait ce qu'elle voulait entendre
- même si c'est juste pour un an, je te promets de faire des efforts, de...ne plus te crier dessus, de te dire ou je vais, de...
Il déposa de petits baisers sur son cou, la faisant frissonner.
- Arrête...murmura-t-elle, sentant ses défenses céder lentement.
Sans répondre, il la retourna lentement et l'observa. Pourquoi l'aimait-elle autant. Pourquoi n'arrivait-elle pas à le détester. Il se pencha et lui saisit lentement les lèvres, l'embrassant tendrement un bon moment...
- Je t'en supplie, oublie ce qui s'est passé et laisse-moi une chance de me racheter.
- ...
- S'il te plait.
Elle avait surtout l'esprit un peu embrouillé par le baiser.
- je ne sais pas Médoune. Tu m'as tellement déçue dernièrement.
- je sais...
- c'est comme si j'avais en face de moi un vrai étranger...
- je sais...
Elle le regarda droit dans les yeux.
- je ne sais même pas quoi penser de toi. J'ai peur. Peur d'espérer encore et....
Il se pencha encore et l'embrassa.
- ça n'arrivera plus ma chérie...je le jure sur ce que j'ai de plus chère.
- et qu'est-ce-que tu as de plus chère.
Son petit sourire la fit fondre.
- Toi... ma Sarata Niang.
Sara garda le silence, légèrement émue
- en plus ça fais des jours que ma mère me fais la tête à cause de toi. Elle dit que tu es malheureuse et que c'est de ma faute
- c'est vrai.
- pardonne-moi.
Elle haussa les épaules sans rien dire. Elle aimait son mari, mais toutes ces épreuves commençaient à l'éprouver, à éprouver son pauvre cœur...
- Pour te faire pardonner, parle-moi de toi Médoune...
- comment cela ? demanda-t-il intrigué
- ton enfance, toi...je...veux comprendre, répondit-elle gênée
Il s'écarta, troublé.
- il n'y a rien à comprendre Sara.
- depuis quand...tu es comme...ca ? heu...
Médoune gardait le silence. Immobile avant de la lâcher et d'aller s'assoir sur une chaise de la salle à manger. Sans attendre, elle se rendit dans sa chambre et en sortit avec son journal intime, là où elle couchait toutes ses pensées, même les plus intimes depuis l'âge ou elle a su écrire. Et dans ce carnet, Médoune occupait une si grande place.
- tient. Tu peux lire. Peut-être qu'après cela, tu pourras me faire suffisamment confiance pour me parler de toi...et essayer un peu de baisser les gardes avec moi...
- ...
- c'est peut être comme cela qu'on peut vraiment espérer construire quelque chose
Médoune regardait Sara sans rien dire. Il sembla hésiter un moment avant de détourner le regard, sans prendre le carnet.
- Que veux-tu que je te dise Sara. J'ai eu une enfance normale. Comme tout le monde
- Quand t'es-tu rendu compte que tu...
Elle s'arrêta, ne pouvant prononcer le mot. La maladie. Il y eut un silence gênant
- Médoune, je veux juste qu'on en parle...que ce problème ne soit plus un barrage entre nous. J'ai accepté de rester avec toi, d'être à tes côtés malgré tout. Pas pour un an. Mais pour toute la vie. Je ne suis pas capable d'aimer une personne comme je t'ai aimé. Tout ce temps. Donc je veux qu'on...que tu me fasses confiance.
Il soupira et s'éloigna un peu
- Mais pour te dire quoi Sara. Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça. Mais dès que je m'en suis rendu compte, j'ai bien pris soin de mettre une bonne distance entre moi et les femmes. Ça a été un choc. Je te l'avoue.
Il haussa les épaules et Sara sentit à sa voix qu'il était touché de parler de cela. Il ne put continuer. Elle ne voulut pas insister. S'approchant de lui, elle l'enlaça et essaya de capter son regard qui fixait un point devant lui.
- je t'aime mon cœur...plus que tu ne le crois.
Il baissa la tête et ils se regardèrent. Il lui rendit son journal et elle le prit lentement.
- donc tu me pardonnes ? demanda-t-il en souriant
Comment résister à ce si beau visage ? Elle sourit et lui pinça légèrement le dos.
- si tu me promets de ne plus me faire la tête une journée d'affilée...
Cette nuit, Médoune la rejoignit dans sa chambre et elle se blottit dans ses bras avec un grand soupir d'aise. Cette fois ce fut torride entre eux. Médoune l'avait complètement déshabillé et explorait son corps, la faisant crier de plaisir de temps en temps. Il faisait des merveilles avec sa langue et s'attardait sur ses seins, son ventre...Mais malheureusement, ça n'allait pas plus loin Mais Médoune s'était arrêté net quand Sara était toute émoustillée et gémissante dans ses bras, réclamant plus. ..
- Non...n'arrête pas...gémit-elle en collant sa poitrine contre la sienne.
Sa respiration était saccadée, et elle maitrisait difficilement ce feu qui coulait en elle. Elle était toute nue alors que Médoune gardait encore son caleçon. Elle n'avait pas osé le lui retirer, pensant que ça le gênerait de se dévoiler ainsi. Mais ce contact entre leurs deux corps l'émoustillait. Il avait le don d'éveiller les sens de Sara, de l'exciter, sans aller jusqu'au bout. Mais il s'était arrêté et avait lentement saisi les mains de Sara qui lui caressait le torse. Après quelques minutes de bouderie, Médoune l'avait attiré dans ses bras.
- je suis désolé de te faire endurer cela Sara. Je sais que c'est égoïste de ma part de vouloir te garder à mes côtés, mais...
Les larmes aux yeux, elle avait posé un doigt sur sa bouche.
- ne dis pas ça. Ce n'est pas grave.
Il la regarda d'un air désolé et déposa un baiser sur son front.
- tu ne l'as...jamais fait ? demanda-t-il lentement en s'écartant pour la regarder.
Avec un petit sourire, elle secoua la tête.
- Non jamais...murmura-t-elle.
- Même pas essayé ?
Le ton se voulait indifférent mais Sara sentit un petit fond de suspicion.
- Non, jamais...
- et avec ton ex ?
Sara bougea légèrement dans ses bras et lui prit le visage.
- Mon amour, je n'ai jamais rien fait avec personne. Avec lui, on ne faisait que s'embrasser de temps en temps. C'est tout. Mais tu es le premier à me voir ainsi. A me toucher les seins, à me caresser comme ça. Et je dois t'avouer que tu le fais merveilleusement bien...
Elle avait murmuré cela sur le ton de la confidence et le voir lui sourire lui fit chaud au cœur.
Il s'approcha lentement et lui offrit le meilleur baiser qu'elle ait connu. Après un long silence et il la serra encore plus fort et apaisée, elle s'endormit dans ses bras.
Le lendemain, elle lui parla enfin de son entretien et lui dit qu'elle devait commencer dans une semaine. Il la félicita et lui avoua que c'était un moyen également de se faire pardonner.
Les jours suivants, son mari s'évertua à lui faire oublier le mauvais période qu'ils avaient traversé. Il lui faisait pleins de cadeaux, la couvrait d'attention, l'appelait plusieurs fois dans la journée, l'invitait au restaurant ou ils passaient des soirées plaisantes, mais où ils parlaient de tout sauf de la maladie de Médoune. Sara voulait aborder le problème, mais savait que Médoune était complètement braqué et ne voulait pas s'avancer sur ce sujet. Donc elle patientait, attendant le moment propice pour en parler. Encore.
Le temps passait ainsi. Le couple Ndiaye avait son rythme. Sara malgré tout était heureuse. Médoune se révéla être un homme tout à fait charmant et aimant. Les petites attentions de Sara semblaient le toucher. Elle le sentait plus sincère dans ses gestes. Elle surprenait ses regards pleins d'affections posées sur elle. Parfois naturellement, il lui murmurait qu'il l'aimait et elle sentait qu'il était sincère. Et c'était sans compter tous les cadeaux qu'il lui offrait. Tout y passait. Des bijoux, des parfums de luxe, des robes. Sans oublier le compte en banque qu'il lui avait ouvert et l'argent qu'il remettait à ses parents et autres tantes quand ils allaient leur rendre visite. Elle en était gênée et lui répétait qu'il en faisait trop et qu'elle ne lui demandait pas tout cela. Mais rien n'y faisait. Elle avait l'impression qu'il voulait compenser ce manque dans leur couple par cette déferlante de cadeaux. Tout le monde lui répétait qu'elle avait de la chance d'avoir un mari comme Médoune et elle ne pouvait qu'approuver. En apparence que demander de plus.
En plus, elle connaissait mieux son entourage. Il lui avait présenté Babacar et Alioune. En fait, elle les connaissait déjà puisqu'ils étaient amis d'enfance et habitaient donc le même quartier. Ils étaient maintenant mariés et venaient de temps en temps diner à la maison avec leurs épouses. Maryam et Fally. Deux femmes adorables et elles s'entendirent dès le premier contact. Mais Médoune l'avait prévenu qu'il n'aimait pas que sa femme ait beaucoup de fréquentations. Donc elle se limitait aux rencontres qu'ils organisaient tous ensemble et déclinaient cordialement les invitations. Même si elle mourrait d'envie d'avoir une vie sociale plus...animée. Mais puisque Médoune n'aimait pas, elle n'insistait pas. Même avec sa famille, ils devaient y aller ensemble quand il s'agissait d'aller rendre visite à ses tantes ou autres cousins. Avec ses camarades de promos, aussi elle avait presque coupé les ponts. Parce que Monsieur n'aimait pas cela. Et elle s'y accommodait. Comblant le vide autrement. Elle en avait fait son confident et ami. Ils discutaient de tout. Sauf bien sûr de son impuissance.
Juste après leur réconciliation, Médoune était revenu dormir dans la chambre et Sara comme d'habitude était toujours demandeur de câlins. Mais au fil du temps, elle n'insistait plus vraiment, sachant qu'il allait encore la repousser et cette situation au-delà de la frustration, la gênait énormément. Donc, quand ils commençaient à s'embrasser et que Médoune la repoussait gentiment, elle se couchait tranquillement, sans insister. Et cela semblait arranger son mari qui ne tentait plus rien pour la satisfaire. Elle vivait comme cela, se contentant du bien-être d'être à côté de l'homme qu'elle aimait, de gérer ses frustrations et de tout faire pour satisfaire son mari. C'est vrai qu'elle imaginait autrement la vie de couple. Oui, elle imaginait autre chose que les quelques baisers volés, les bons repas cuisinés, les petites attentions qui après tout faisait tout le bonheur de Médoune. Mais pouvait-elle demander plus. Elle avait accepté de vivre ainsi.
Et il fallait assumer aussi une vie sociale. Le plus dure à supporter fut les conversations au bureau entre femmes mariées. C'étaient des séances qui tournaient rapidement vers des conversations...coquines ou certaines se plaisaient à raconter leurs petites astuces pour satisfaire leur homme au lit. Ce lundi, à l'heure de la pause, ce fut encore le cas. Hélène, l'aide comptable, nouvellement mariée, Fatou une commerciale et Kiné une stagiaire s'en donnait à cœur joie pour raconter leur weekend mouvementé auprès de leur homme.
- mon chéri était fâché contre moi, mais j'ai sorti mes missiles et il n'a pas su résister. J'ai fait exprès de me promener en petite tenue dans le chambre. Il a essayé de résister, mais au final, il m'a sauté dessus en m'insultant...je l'ai...
- Fatouuuuuu....ne nous pervertit pas, l'interrompit Hélène en prenant un air faussement choqué.
Sara, elle, se contentait d'écouter sans rien dire, commençant à s'habituer à ces petites discussions coquines. Elle souriait sans rien dire et les autres mettaient son silence sur le compte de la discrétion.
- Sara tu ne dis rien. Tu n'as pas envie de divulguer les secrets ton ménage. Ton mari est tellement...
Le soupir des filles la fit sourire. Elle ne cessait de la charrier sur son époux.
Sara posa lentement sa tasse de thé et sourit à Hélène qui la regardait avec un petit sourire coquin.
- nous on est sage...on ne fait rien...dit-elle calmement avec un clin d'œil.
Cette remarque eut le don de créer un fou rire dans la salle ou elles prenaient le thé. Tout le monde allait de son commentaire en la traitant de menteuse.
- toi rien qu'à voir ton visage, tu essaie de jouer les petites innocentes, mais tu es une vraie dévergondée. Ton mari est tellement...craquant cest sûr que tu l'envoie tous les jours au 7ème ciel...
- allez...donne une petite exclusivité. Il préfère les petits pagnes et les perles ou encore les nuisettes et autre déguisement...insista Hélène en s'approchant d'elle
Sara sourit encore et se leva.
- mais je vous dis qu'on est des enfants, répéta-t-elle avec un grand sourire faisant encore éclater de rire tout ce beau monde qui finit par regagner leurs bureaux respectifs
En se dirigeant vers le sien, elle ne put s'empêcher d'être pensive. Oui...personne ne pouvait pourtant imaginer qu'elle disait la vérité. Personne. Et pourtant. Tout le monde lui disait qu'elle avait un mari beau, charmant, grand, et tous les superlatifs qui pouvaient caractériser un homme, mais si elles savaient ce qui se cachaient derrière tout ceci. Mais elle ne pouvait rien dire. A moins d'inventer des choses. Elle ne pouvait pas dire qu'elle ne faisait rien avec son mari. Qu'elle se contentait d'être coquine dans la cuisine, et dans son comportement. Les seules choses qui apparemment semblaient toucher son mari. Elle soupira et eut soudain envie de pleurer. Elle demanda à rentrer plus tôt.
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- tu es malade ? demanda tata Mado en la voyant rentrer plus tôt.
- Non, maman. Je suis juste un peu fatiguée. Répondit-elle en déposant deux bisous sur ses joues.
- makhalaahh....je t'ai dit de ne pas suivre le rythme de Médoune. Les hommes ne font que ce qui les arrange. Ils ne sont jamais rassasiés. Il faut te reposer ma fille. Parfois il faut venir passer la nuit avec moi, répondit tata Mado avec un petit rire qu'elle essayait de retenir.
Décidemment, tout le monde s'y mettait aujourd'hui. Elle ravala difficilement un petit geste nerveux et se leva en essayant de sourire.
- tata...
- ne dis rien...je sais que tu n'accepteras jamais de te séparer de ton mari même pour une nuit.
Elle sourit cette fois et changea de sujet subtilement. Une fois seule dans sa chambre, elle se mit à réfléchir à tout cela, au sens qu'elle devait vraiment donner à ce mariage et si tout ceci pouvait encore continuer. Le fait d'entendre toutes ces choses sur le mariage des autres contribuaient tellement à le faire réfléchir. Et elle n'aimait pas cela. Si elle voulait accepter cette situation, continué à vivre avec Médoune, elle ne devait pas se mettre à trop réfléchir. Elle ne savait pas combien de temps, elle était restée coucher sur le lit sans dormir, mais quand elle entendit la porte de la chambre s'ouvrir lentement
- chérie ? tu vas bien ?
Elle se redressa et ferma les yeux quand Médoune alluma la lampe de la chambre
- Oui...
- maman m'a dit que tu ne te sentais pas bien et que tu étais rentrée très tôt.
- Oui, j'avais des maux de tête, mais ce n'est rien. J'avais juste besoin de me reposer.
Médoune s'approcha et la regarda avec un air inquiet avant de lui caresser doucement le visage.
- je n'aime pas te voir dans cet état ma chérie. Si tu veux j'appelle le médecin tout de suite et...
- Nooonn...je vais bien, je te dis.
Elle se leva du lit et allait sortir de la chambre, quand Médoune la retint par la main. Elle se retourna et ils se regardèrent un moment. Il comprit. Il se leva et la serra dans ses bras. Elle se blottit et sans raison se mit à pleurer.
- Ne fais pas ça mon amour...je t'en prie...murmura-t-il doucement à son oreille. Pardonne-moi...pardonne-moi.
Elle secoua la tête et le regarda.
- Non, ne dis pas ça. Je ne sais pas ce qui me prend de pleurer ainsi Médoune. Je...je t'aime. Ce n'est rien.
Il la regarda avec un air soucieux, lui essuyant lentement ses larmes. Un long moment, semblant lire le fond de ses pensées.
- je t'aime Sara...tu sais ça ?
Elle se contenta de hocher la tête sans rien dire avant de se détacher lentement, l'esprit en ébullition.
Le lendemain, elle ne se sentait toujours pas mieux et du encore quitter plus tôt le boulot. Elle avait des maux de tête en permanence et la prise de cachet d'aspirine ne changeait rien. Sous l'insistance de Médoune, elle se résolut à aller voir le médecin. Dr Sylla était une dame très sympathique qui l'accueillit et lui posa les questions usuelles pour connaitre son état général. Après lui avoir relaté les maux dont elle souffrait.
- vous êtes mariée depuis combien de temps ? demanda-t-elle
- 5 mois...
- vous prenez des contraceptifs ?
Elle comprit là où elle voulait en venir.
- Non, mais je ne suis pas enceinte, précisa-t-elle gênée.
- ah ça vous n'en savez rien. Vous avez une vie sexuelle active non puisque vous êtes mariée.
Sara garda le silence un moment et Dr Sylla fronça les sourcils.
- Mme Ndiaye ?
- heu...oui...heu...en fait c'est plus compliqué que cela, murmura-t-elle, la tête baissée.
- ah oui...
Il y eut un petit silence.
- Dr Sylla, je...peux vous parler ?
Elle posa lentement son stylo et enleva ses lunettes avant d'acquiescer lentement
- c'est sûr que ce que je vais vous dire ne sortira jamais de ce bureau n'est-ce pas ?
- bien sûr...Mme Ndiaye. Je suis tenue par le secret médical et rien de ce qui se dira ici ne sortira.
Pour la première fois, elle en parla. Difficilement. Ne trouvant pas parfois les mots pour expliquer ses frustrations, ses attentes. Mais elle avait besoin d'en parler, de sortir ça. Dr Sylla l'écoutait sans l'interrompre, se contentant souvent de hocher la tête pour lui faire savoir qu'elle comprenait. Quand Sara se tut enfin, elle se redressa sur son siège.
- Sara, je ne suis pas spécialiste, mais pour ce que je sais de l'impuissance, elle peut avoir plusieurs causes. Ton mari est diabétique ou souffre-t-il d'une quelconque maladie ?
- Non, pas que je sache. Il ne prend aucun médicament.
- enfin, même s'il souffre de troubles érectiles poussés, il ne doit pas...enfin. Il peut essayer de te satisfaire sans que ça ne lui pose réellement problème.
- qu'est ce qui d'après vous peut le bloquer pour qu'il n'essaie rien. Il semble...bloqué et...j'avoue que je ne comprends pas.
- parfois la maladie peut faire qu'il n'ait plus confiance en lui. C'est peut-être à vous d'essayer d'être plus...entreprenante et de l'amener petit à petit à se confier...surtout s'il connait les causes de son impuissance.
Sara continua à l'écouter lui donner des conseils en insistant sur le fait qu'elle devait l'amener à consulter un urologue ou un spécialiste.
Elle rentra chez elle le cœur plus léger et prit des résolutions fermes de commencer à être plus coquine avec son mari. Dr Sylla avait peut-être raison. Les choses pouvaient s'arranger. Elle prépara un succulent diner et même Médoune remarqua son humeur joyeuse. Elle lui révéla ne plus souffrir de maux de tête et que ceci l'avait vraiment soulagé. Il s'associa à sa bonne humeur et après le diner, rejoignirent Tata Mado pour lui tenir compagnie. Sara s'éclipsa avant Médoune et mit dans la chambre une ambiance feutrée. Quand elle sortit, elle sourit en voyant Médoune qui lisait un livre, installé sur le lit.
- Sara, qu'est-ce que tu mijotes encore ? dit-il en la regardant s'approcher lentement avec un sourire coquin.
Voir Médoune perturbé lui redonna un peu de punch et elle s'approcha du lit lentement, le cœur battant. Elle avait revêtu une minuscule nuisette transparente avec juste un string en dessous. Et des perles brillantes ornaient sa taille de guêpe.
- Sara mais qu'est-ce que tu fais comme ça ? demanda-t-il finalement en fermant le livre
Sans rien dire, elle s'approcha et lui prit le livre avant de le poser sur la table de chevet et de se mettre à califourchon sur lui.
- rien, je me suis préparée pour dormir. Tout simplement, dit-elle avec un air faussement innocent
- dans cette tenue ?
Elle fit mine de se regarder
- elle a quoi ma tenue ?
Médoune éclata de rire.
- tu le fais exprès là. Ecoute, je suis un peu trop fatigué pour te suivre dans tes délires et...
Il fit mine de la repousser, mais Sara s'accrocha à lui.
- Médoune, je t'en prie...ça fait quand même longtemps qu'on n'a rien...fait...
- Mais on ne peut rien faire...
Elle sourit, et déposa un léger baiser sur ses lèvres
- Ohh si...on peut faire des choses...Tu peux...me toucher...m'embrasser...
- Sara....protesta-t-il sourdement en détournant le visage.
Elle n'en fit pas cas.
- Médoune, tu m'as dit que depuis que tu t'es rendu compte de ta maladie, tu n'as plus approché les filles...peut-être qu'avec le temps...
- Sara....
- Les choses ont changé et que...continua-t-elle en enlevant prestement sa nuisette, dévoilant ses beaux seins.
- touche-moi et dis-moi ce que tu ressens mon cœur...murmura-t-elle lentement, câline, à son oreille.
Elle le vit respirer sourdement, mais ne faisait aucun geste. Elle prit l'initiative. Elle promena lentement ses seins sur son torse musclé et guetta sa réaction. Soit il savait bien se retenir soit, il était vraiment insensible. Parce qu'elle bouillait. Ce simple contact l'avait électrisé et elle sentait un désir fou l'envahir. Toujours à califourchon sur lui, elle bougeait lentement son bassin en un mouvement sensuel sur lui. Mais il restait toujours immobile.
- Sara...
- tu ne sens rien la...
Elle essaya de capter son regard, mais il fuyait.
- Même si on ne fait pas la chose...on peut se donner beaucoup de plaisir tu sais...
- Sara...je ne peux pas...
Il prit un air agacé et sans en faire vraiment cas, elle se leva et enleva son string en un geste lent, le laissant l'observer. Elle vit cette fois son regard se promener sur son corps et cette sensation la grisa encore plus. Toute nue, elle se remit à califourchon sur lui, fit mine de se caresser les seins observa sa réaction. Mais comme rien ne se passait, elle entreprit de lui enlever son teeshirt, malgré ses protestations et ses tentatives pour la repousser. Elle lui saisit les mains et le regarda intensément. Il semblait réellement perturbé. Elle ne comprenait vraiment rien.
- Médoune...je peux comprendre que...ça ne marche pas, mais tu ne peux pas aussi me dire que tu n'éprouves aucun désir.
Il l'observait toujours avec ce regard noir.
- Sara, je t'ai déjà expliqué.
- Non, tu ne m'as pas tout expliqué. Je ne comprends pas que tu ne veuilles faire aucun geste envers moi. Je ne te demande pas d'aller jusqu'au bout, mais juste de...
Maintenant toujours ses mains, elle les glissa sur sa taille au contact des perles tout en observant sa réaction. Froide. Mais elle ne se découragea pas. Elle bougea lentement sur lui, se rapprochant davantage, lui embrassant tendrement le visage. Au bout de quelques minutes ou c'est Sara qui faisait presque tout, ils se retrouvèrent presque nus, enlacés sur le lit à s'embrasser fiévreusement. Il la suivait parfois difficilement, voulant toujours arrêter, mais s'opposant au refus subtil de Sara. Elle voulait plus, elle voulait qu'il la touche, qu'il aille plus loin. Elle avait cette impression qu'un volcan coulait dans ses veines et elle se mit à gémir. Dans les feux de l'action, elle réussit à glisser sa main sous le caleçon et saisit le membre. Entier. Vraiment entier. Mais tout mou. Sans vie. Sans aucune réaction malgré les minutes de câlins. Mais ce geste fit sursauter Médoune qui la repoussa. Trop violemment. Beaucoup trop violemment. Elle se retrouva par terre sans vraiment comprendre. Il sauta et la retrouva au sol.
Il l'avait bousculé. Elle se releva difficilement avec une grosse douleur à l'épaule alors qu'il sortait précipitamment de la chambre, sans un regard pour elle....

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Sara : Du rêve à la réalité
RomanceSara est une jeune fille innoncente qui a nourri depuis toute petite un amour inconditionné pour Médoune, son voisin. Son rêve se voit réalisé quand son prince lui demande sa main de manière surprenante. Mais elle sera obligé de revenir sur terre qu...