(Sur)vivante

CHAPITRE 24

ALEXANDRE LEWIS

- Toujours rien ?

- Non, je soupire en laissant retomber mon téléphone dans la boîte à gants. Personne n'a aucune nouvelle ; hier, tout le monde l'a cherchée dans toute la ville après notre départ. Elle est introuvable. La soir venu chacun a essayé de l'appeler, mais elle n'a jamais répondu à personne. Christiana a aussi prévenu Laurent, le mari de Louisa, et aussi ses filles. Ils sont à sa recherche, eux-aussi.

- Ses filles ?

- Oui : Léandra, Julia et Zoé. Elles n'étaient pas là avec leur père à l'enterrement.

- Ah oui, Molly m'a parlé d'elles hier avant que je vienne te chercher.

   J'acquiesce et redémarre la voiture.
   Cela doit faire trois ou quatre heures que nous cherchons Molly dans toute la ville, sans résultat. Plus le temps passe et plus notre inquiétude grandit, la mienne en particulier : une fille de quatorze ans toute seule en pleine ville est une proie facile pour n'importe quel taré... j'essaye d'éviter d'y penser en me concentrant sur nos recherches, mais cette idée n'arrive pas à sortir de mon esprit.

- Alex... et si Molly n'était pas en la ville ? finit par demander Aline, me sortant de mes pensées.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Et si elle était chez une amie ? Ou chez son père, peut-être ?

Je stoppe la voiture.

- Son père ? je demande, étonné.

- Oui... hier soir, on a pas mal discuté toutes les deux. Elle m'a dit que ses parents avaient divorcé, que son père a déménagé assez loin, et que c'est à ce moment-là que sa mère est devenue invivable.

- Oui, mais tu l'as dit toi-même : il a déménagé, loin. Ça m'étonnerait qu'elle ait changé de ville, voire d'État du jour au lendemain. Elle t'a dit où il est parti ?

- Oui... elle répond après avoir réfléchi un moment. Si mes souvenirs sont exacts, elle a dit qu'il est allé vivre en Californie.

- Ah ouais... quand même, c'est pas la porte à côté.

- Oui je sais, mais... c'est une possibilité. Elle m'a dit qu'elle adorait son père, et qu'il lui manquait terriblement... à ce stade, ça ne m'étonnerait pas qu'elle se soit réfugiée chez lui. Pour moi c'est la solution la plus plausible.

- Peut-être... n'empêche qu'on n'a pas son contact, à ce type.

- Demande à ta mère de demander à Mary-Ann. C'est son ex-mari, elle a sûrement encore son numéro.

- Je vais essayer si tu veux... mais têtue et rancunière comme elle est, ça m'étonnerait que cette folle ait conservé le numéro de son ex.

- Oui, mais on ne risque rien à essayer. Et de toute façon on n'a pas d'autre piste.

J'acquiesce, reprends mon téléphone en main et pianote aussitôt un message destiné à ma mère :

- « Salut m'man, tu peux demander à Mary-Ann le numéro de son ex-mari ? URGENT »

   Je me retourne vers Aline, et nous avons le temps de parler quelques minutes avant d'être coupés par le son familier d'une notification.
   Je déverrouille mon téléphone et clique en hâte sur le message qui vient de s'afficher sur l'écran d'accueil : ma mère m'a répondu.

- « Salut mon chéri ! Je veux bien lui demander, mais pourquoi as-tu besoin de son numéro ?

- Avec Aline, on a pensé que Molly a pu aller chez son père après ce qui s'est passé hier. On aurait besoin de son numéro pour lui demander.