(Sur)vivante

CHAPITRE 30

ALEXANDRE LEWIS

Aline grimpe dans la voiture à ma suite, et s'installe à côté de moi.

- Alors, prête à partir ?

Elle sourit timidement :

- Oui... tout se passera bien, maintenant.

   Ne sachant pas trop quoi répondre, je me contente de lui sourire en retour.
Comme d'habitude, elle met son casque sur ses oreilles et lance sa musique. Elle rabat sa capuche sur sa tête, s'appuie contre sa portière et se met à regarder le paysage à travers la vitre.

Ma sœur Ashley monte à son tour dans le véhicule et se place au milieu, entre Aline et moi.

- On s'appelle maman, à bientôt !

   Je reconnais aussitôt la voix de ma mère, et me tourne vers ma portière restée ouverte : devant la maison, Christiana la serre dans ses bras, l'embrasse et lui fait mille recommandations, comme si elle avait une enfant en face d'elle.
   Au bout d'un – très – long moment, elle se décide enfin à la lâcher.

Pendant qu'elle s'installe à la place conducteur, ma grand-mère se tient toujours debout devant la grande maison, les larmes aux yeux et un mouchoir à la main.

- Tu vas me manquer ma chérie ! s'écrie-t-elle. On s'appelle, hein !

Je claque ma portière d'un coup sec et lève les yeux au ciel, agacé : franchement elle en fait trop, un simple au revoir aurait suffi.

- C'est promis ! Aller, bisous maman !

Elle fait un dernier geste de la main en direction de Christiana, démarre la voiture et s'engage sur la route. Ma mère nous regarde dans le rétroviseur, et sourit :

- Vous êtes prêts, tous les trois ?

- Oui ! s'écrie-t-on à l'unisson, ma sœur et moi.

- Aline ?

Aline se retourne, comme sortie de ses pensées, sourit et acquiesce. Puis elle détourne la tête, et se remet à contempler le paysage à travers la vitre de sa portière.

   J'hésite à lui proposer de me rejoindre... j'ai envie de la prendre dans mes bras, et la sentir contre moi. Mais je me résigne en me disant qu'elle a encore besoin de ses moments de solitude, et décide de la laisser tranquille : je me mets alors à parler avec ma sœur, pour passer le temps.

*Ellipse*

   Une fois arrivés à destination, je descends de voiture à la suite d'Aline et Ashley, complètement sonné et étourdi. Le trajet a été atrocement long et ennuyeux, et j'étais tellement impatient de revoir Molly que je n'ai pas réussi à m'assoupir, ni même à me reposer un peu.
   Je me suis posé tout un tas de questions : comment ces « retrouvailles » allaient se passer ? dans quel état allait-on retrouver Molly ? allait-elle nous dire précisément ce qui s'est passé ? est-ce qu'elle accepterait seulement de nous parler, de nous dire quoi que ce soit ?

   Je secoue la tête pour chasser toutes ces questions, et me contente d'entrer dans le grand bâtiment à la suite de maman et des filles.
   C'est le même hôpital où ont été pris en charge maman et mon crevard de beau-père... je dois avouer que ce n'est pas un plaisir d'y retourner.

Maman va au guichet, pour demander le numéro de la chambre de Molly. Elle le connait déjà, mais peut-être qu'elle a été transférée ailleurs depuis son arrivée.

- Bonjour madame, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, je viens rendre visite à ma nièce, Molly Davis. Pouvez-vous m'indiquer sa chambre, s'il-vous-plaît ?