-Bon alors?! Tu nous a faussés compagnie vendredi soir... Tu n'as pas honte jeune fille? se met à ricaner Damien en voyant Antigone arriver.
Cette dernière ne relève pas sa remarque, ne voulant pas revenir sur cet épisode du week-end et elle s'assoit nonchalamment sur le banc à côté d'Alix et Samuel qui sont collés l'un à l'autre. Elliott essaye de croiser son regard mais elle l'évite. Damien en rajoute une couche:
-Bon allez dis nous! Qui est venu te chercher? Qui a réussi à t'arracher a nous d'une manière si peu conventionnelle?
Il fait exprès de prendre un ton conventionnel et grave pour la piquer, mais Margot lui donne un coup de coude dans les côtes:
-Arrête, c'est bon on a compris. Personne ne l'oblige à nous en parler.
La meilleure amie d'Antigone ne cache pas la touche de mépris qui perce dans sa voix. Elle est vexée qu'elle ne veuille pas lui parler, Antigone le remarque immédiatement et elle repense à leur conversation plus qu'expéditive qu'elles ont eu au téléphone samedi.
Le groupe est silencieux et une gêne plane. Alix et Samuel échangent un regard entendu avant que Samuel dise finalement:
-On vous laisse, on a cours.
Une manière à eux de fuir cette ambiance plus que pédante, mais Margot se lève presque instantanément:
-Oui moi aussi j'y vais.
Son ton est froid. Antigone lâche un soupire mais ne la retient pas et bien sûr Damien la rattrape et elle les regarde partir bras dessus bras dessous. Il ne reste plus qu'Elliott et Antigone, assis l'un en face de l'autre. Lui décide finalement par briser le silence:
-Je crois qu'elle t'en veut un peu... -Non tu crois?!
Sa réponse a été plus agressive qu'elle ne l'aurait souhaitée. Elle pousse un soupire et reprend:
-Oui je sais... Mais ce n'est pas grave ça lui passera. -En tout cas... j'espère que quoi que tu as fait tu as passé un bon week-end.
Elle aimerait rire devant la niaiserie de cette phrase mais au même moment toutes les images de ces deux derniers jours lui reviennent en mémoire en cascade.
Lorsque Maître Pendragon l'a forcée à rester à genoux toute la nuit, puis qu'il l'a menottée et embrassée aux endroits les plus intimes de son corps.
Elle avait pensé qu'après ce geste si intime il la prendrait enfin réellement. Contre un mur, dans un lit, sur le sol ou même sous la douche cela lui était égal mais elle imaginait déjà Césaré en elle, avec douceur ou férocité. Mais rien. Il ne l'a plus touchée après ça. Du moins pas comme elle l'aurait souhaité. Il l'a renvoyée chez elle le soir même et elle a passé son dimanche à réviser ses cours, l'esprit en réalité omnibulé par lui. Il l'a rend littéralement accro à lui. Comme une drogue. Elle ne pense qu'à lui, en toutes circonstances. Plus il lui en donne plus elle en veut.
-Antigone? Tu m'écoutes?
La jeune femme sort soudainement de ses pensées pour revenir à la réalité:
-Tu me parlais? -Je te demandais ce que tu avais prévu le week-end prochain. -Oh... euh... pour être honnête je n'en sais rien. Il faut que j'aille à l'auditorium, je te laisse. -Ok... euh... à la prochaine. -Salut.
Elle remet son sac sur son épaule, se lève du banc et laisse Elliott seul sans le moindre remord.
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Antigone n'est pas d'une nature patiente. Attendre ne fait pas parti de ses qualités, et son Maître l'a parfaitement compris. Il s'amuse à la torturer depuis qu'ils se connaissent et l'emmène bien au delà de ses limites habituelles sur ce terrain. Seulement ce qu'elle ne sait pas, c'est que la faire attendre elle le torture lui même aussi également. Il aurait aimé depuis longtemps lui avoir fait découvrir les aspects les plus sombres de son univers. Mais il voit en elle une chose nouvelle, une étincelle étrange et il a immédiatement compris en la voyant débarquer dans ce club BDSM qu'elle était différente de toutes les soumises qu'il avait déjà eu, mais il ne réussit pas à s'expliquer en quoi elle est divergente. Du moins... pas encore, car il a bien l'intention de découvrir chaque aspects de sa personnalité, chaque recoin de son esprit, chaque parcelle de ses pensées. Césaré ne veut pas seulement dominer le corps, cela serait trop simple, il veut dominer l'esprit. En être le Maître inconditionnel. Jusqu'à ce qu'il se lasse, comme toujours. Il sait que ce jeu est pervers, et il l'assume. Avec fierté.
