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20h58.

Antigone est stressée. Elle attend patiemment depuis quinze minutes sur son bout de trottoir ce mystérieux chauffeur qui est censé venir la chercher.
Il fait froid et elle est emmitouflée dans un épais manteau, avec en dessous sa tenue si particulière. Elle porte de hauts talons insupportables qui étaient dans le colis et qui ne vont pas manquer de la faire souffrir toute la soirée.

Enfin, une voiture noire ralentit et s'arrête devant elle. Un homme en costard sort, fait le tour de la voiture et vient ouvrir la portière arrière.

-Bonsoir mademoiselle. Je vous en prie entrez. Maître Pendragon vous attend.

Sans un mot elle obéit et il referme la portière avant de remonter et de démarrer.
Le trajet est silencieux et dure une quinzaine de minutes. Lorsqu'ils arrivent, il vient lui ouvrir.
Elle est de nouveau devant cette porte où tout a commencé, et rien n'a changé. Ni le vent qui se faufile dans son cou, ni son épais manteau sur ses épaules, ni l'appréhension encrée en elle, ni la nuit noire.
La seule différence est que ce soir, deux hommes habillés tout en noir se tiennent de chaque côté de la porte.

Antigone tourne son visage vers le chauffeur, mais ce dernier ne se contente que de lui dire d'un ton neutre avant de retourner dans la voiture:

-Maître Pendragon est à l'intérieur. Vous devriez vous dépêcher.

Elle avance d'un pas face aux deux armoires à glaces et tend timidement l'invitation. L'un des deux la saisit, lit et ouvre la porte.

-Bienvenue au Rouge et Noir. Excellente soirée à vous.

Elle entre et la porte se referme derrière elle. Aussitôt, deux femmes bien trop peu vêtues se jettent sur elle et lui retirent son manteau et son sac:

-Nous nous chargeons de ça mademoiselle. Vous n'en aurez pas besoin ici.
-Allez jusqu'à La Grande Salle. La soirée a déjà commencé depuis un moment. Ne tardez pas.

Sa tenue n'a pas l'air de choquer ni l'une ni l'autre des deux filles. Il faut dire qu'elle reste tout de même plus habillée que ces deux là.

Elle regarde les escaliers. De nouveau dans l'Antre...
Elle descend les marches une par une, prenant garde à ne pas se tordre une cheville. Elle longe le couloir rouge et plus elle s'approche de la grande porte plus elle entend les voix, les cris, les rires. L'ambiance est éclatante et puissante.

Elle respire, bombe le torse et ouvre la porte avec courage.
Et pendant un instant elle ne reconnaît pas l'endroit. Parce qu'il y a tant de monde, tant de décors, tant de cordages, tant d'objets,... Partout. Aucun endroit où poser ses yeux sans tomber sur un corps nu, un dos flagellé, une cage, une personne attachée...

Mon Dieu...

Si l'enfer existe, Antigone vient d'y mettre les pieds. Et à cette idée, la jeune femme ne peut s'empêcher de sourire malicieusement, parce que franchement, à quoi bon connaître le Paradis, si la luxure y est proscrite.

Antigone Where stories live. Discover now