Chapitre 18

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Trafalgar Law

- Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu as fait ? demandai-je, sans ouvrir les yeux.

- Je... suis désolée, déclara Luisa, la voix tremblante.

J'ouvris les yeux et la regardai. Je lus dans son regard qu'elle comprit qu'il valait mieux pour elle ne pas m'interrompre.

- Tout le monde était fou d'inquiétude. Regarde-toi, décidant d'aller faire une petite balade, en pleine nuit, alors que tu es blessée de haut en bas et totalement amnésique. J'ai bien compris que les pirates n'étaient pas ce dont tu raffolais. Mais j'ignorais que tu avais aussi une dent contre les médecins.

Je ris jaune. Les gens avaient tendance à oublier que je savais aussi sauver des vies.

Je vis bien qu'elle tremblait. Mais je me maîtrisai pour ne pas lui hurler dessus et tentai de garder une voix la plus neutre possible.

- On s'est occupés de toi alors que tu venais de te faire cabosser le crâne. Tu as même réussi à t'ouvrir le bras en allant aux toilettes. Je t'ai même refermé le ventre après que...

Je m'interrompis, l'ayant vue se figer. Il était vrai que je n'avais peut-être pas besoin d'enfoncer le couteau dans cette plaie-là. Son agression n'était pas de sa faute, après tout.

- Bref, repris-je. Tout le monde a essayé de t'aider du mieux possible. Et je pense pouvoir affirmer sans me tromper qu'ils t'apprécient tous. C'est pourquoi je ne comprends pas. Pourquoi être partie ? Ta haine des pirates est-elle plus forte que ton envie de vivre ?

Elle semblait au bord des larmes.

Passerais-je pour un monstre si je disais que ça ne me déplaisait pas de la voir dans cet état ?

- Tu sais, poursuivis-je, on compte pas te garder contre ton gré. Du moins, pas à partir du moment où tu seras remise. Si tu décides de partir une fois tes blessures refermées, personne t'en empêchera. Bien sûr, je préfèrerais aussi que tu aies recouvré la mémoire avant de te laisser aller où bon te semble, mais cela ne dépend pas de moi. Mais sache que, tant que tu es blessée, il n'est pas question que tu t'en ailles. Pas parce que je suis un pirate qui veut te garder en otage, mais parce que je suis un médecin qui ne laisse pas son patient partir tant qu'il n'est pas totalement remis.

Je décidai de m'arrêter là. Je n'étais de toute manière pas sûr d'avoir encore beaucoup de reproches à formuler ou de choses à dire. Cependant, je voulais encore la torturer, juste un peu. C'est pourquoi je refermai les yeux.

Je pouvais sentir le regard de Luisa sur moi. Elle attendait la suite. Elle ignorait juste qu'il n'y en avait pas. Je souris intérieurement.

Je rouvris les yeux. Ceux de Luisa étaient tellement voilés de larmes que je me demandais comment elle s'y prenait pour ne pas les laisser couler.

- Tu peux retourner voir les autres, finis-je par dire. Je viendrai te chercher dans quelques minutes pour m'occuper de refermer tes blessures. Encore une fois.

Elle acquiesça sans ouvrir la bouche et je la vis partir précipitamment et refermer la porte derrière elle. Je soupirai et allai m'asseoir dans mon fauteuil, laissant ma tête tomber en arrière et fermant les yeux.

J'entendis la porte s'ouvrir quelques instants plus tard. Je n'avais pas besoin de regarder pour savoir de qui il s'agissait.

- Vous êtes pas sympa, Capitaine, me reprocha amicalement Penguin. On sait tous que vous êtes celui qui s'est le plus inquiété pour elle.

Je ne répondis pas, je n'en avais pas besoin. Mon ami me connaissait trop bien.

Nous nous étions rencontrés treize ans plus tôt sur l'île de Swallow, le jour où j'avais regagné ma liberté. Lui et Shachi étaient deux voyous. Je les avais surpris se battant avec un ours polaire – Bepo – et avais décidé d'intervenir en les séparant. Ils m'avaient instantanément apprécié, et les trois hommes avaient décidé de me suivre. C'est ainsi que l'équipage du Heart était né.

- Elle risque de vous en vouloir et d'avoir encore plus peur de vous, maintenant, me lança Penguin.

Je souris en le regardant.

- C'est possible, mais est-ce que ça ne rendrait pas la situation encore plus intéressante qu'elle ne l'est déjà ? lui demandai-je.

Il rit.

- Venez pas vous plaindre quand elle fuguera de nouveau ! s'esclaffa-t-il. Peut-être que je devrais retourner la prendre dans mes bras, histoire de lui faire comprendre qu'il y a des gens ici qui apprécient sa présence.

Il me tira la langue et partit en rigolant. Je jetai un œil vers le hublot, le sourire toujours aux lèvres.

Cette fille s'était intégrée si facilement ici, c'en était impressionnant.

Je me levai. J'avais des blessures dont je devais m'occuper.

Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]Where stories live. Discover now