Entre deux services | Antoine Griezmann

9. Excuses

17h35
Lorelia Roden

Avec Lucas, nous nous installons sur les transats présents au bord de la piscine. Monsieur décide de retirer son t-shirt tout en se plaignant de la chaleur extérieure.

— Fait comme chez toi

Il me fixe en s'arrêtant dans son mouvement.

— Pourquoi, ça te dérange ? me demande-t-il en montrant des mains son corps

— Pas spécialement, mais on peut dire qu'il y a une belle vue

Il se relève et me fixe d'un air étonné.

— C'est toi qui me fais du charme maintenant ? Je croyais que tu ne voulais pas de moi

— Et c'est toujours le cas ! Ce n'est pas parce que je te dis que tu es bien foutu que je te veux spécialement dans mon lit

Il se ré-allonge dans le transat.

— Dommage, conclut-il

— Tu sais, je pensais que tu allais t'excuser pour ce que tu avais dit à la soirée, mais au final non, l'accusais-je avec un sourire discret, tu sais, quand tu as fait une remarque déplacée à deux reprises.

— Deux reprises ? La seconde fois c'était un compliment sur ta cuisine ! Et je suis réellement désolé pour la première remarque, j'y suis allé un peu fort, mais c'est dans mon habitude.

— C'est loin d'être classe, mais merci

— Et je te rappelle à juste titre que vous m'avez aussi menacé de m'empoisonner juste après ça !

Je le regarde avec des gros yeux, ce qui ne lui plait pas.

— Ok, je retire ce que j'ai dit, c'était mérité, s'excuse-t-il, mais je m'excuse sincèrement si j'ai pu te blesser et pour les avances douteuses que j'ai pu faire. Et puis, on se connait depuis peu, la façon dont tu m'as parlé m'a surpris, tu as l'air très à l'aise avec les inconnus

— Je ne le suis pas, je sais juste faire semblant

— Tu dois être forte pour cacher tes sentiments, je te félicite

— Merci, mais je ne suis pas certaine que ce soit une qualité

— Comment ça ? me dit-il en s'asseyant en tailleur, ce qui fait ressortir ses jambes musclées

— Je peux te faire confiance ?

Il acquiesce de la tête, et je commence à lui raconter l'après-soirée que nous avons eu avec Antoine, après la soirée où je l'ai rencontré. Je lui passe les détails de l'histoire d'Antoine, mais j'évoque simplement le fait qu'il soit triste de son départ à Munich. Et j'enchaîne sur mon histoire, que j'arrive cette fois-ci à raconter en contenant mes larmes. Une fois terminée, il me regarde avec pitié.

— Tu es quelqu'un d'incroyablement forte et je pense que tu fais bien d'en parler, tu peux me faire confiance là-dessus, je n'ébruiterais pas ça, et puis, ce ne serait pas dans mon intérêt de faire ça

— Maintenant, tu comprends pourquoi j'ai cette capacité à cacher ce que je ressens, et pourquoi le regard et les réflexions des gens m'atteignent autant, lui expliquais-je

— Tu sais, j'aimerais vraiment qu'on soit amis tous les deux, tu as l'air d'être quelqu'un de géniale, je ne sais pas comment on a pu te faire ça. Surtout que tu prends soin d'Antoine, je pourrais bien prendre soin de toi, être ton ange gardien ici à Madrid et je sais que même si bientôt je ne serais plus là tout le temps, j'aurai toujours un œil sur toi.

— Ça me touche vraiment ce que tu me dis là, et il est vrai que j'aurai bien besoin de quelqu'un pour couvrir mes arrières.

Après cette remarque, nous nous enlaçons amicalement pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'une voix nous sépare.

— J'ai loupé un épisode ? nous demande Antoine en se dirigeant vers nous

Je m'écarte et rougis timidement à cette remarque. Je ne m'imagine pas une seconde avec Lucas, il ne tiendrait pas dans une relation, il est trop volage, je ne voudrais pas l'emprisonner même si je l'avoue, il arrive à me faire du charme.

— Pas particulièrement, nous défend Lucas, ta fabuleuse employée m'expliquait son passé très touchant et nous avons décidé d'être amis après cela.

Antoine affiche une mine étonnée, mais ravie.

— Bon, c'est pas tout, mais j'ai des choses à faire moi ! s'exclame Lucas en remettant son t-shirt

Il se lève et nous salue. Il est raccompagné à sa voiture par Antoine qui revient à moi directement après. Il s'installe là où était Lucas et ne dit rien. Il a l'air d'aller bien mieux et je pense qu'il profite simplement de l'instant.

— Tu lui as fait quoi pour qu'il paraisse aussi gentil ? C'est rare qu'il soit délicat avec les filles.

— Je lui ai simplement expliqué mon passé, et il s'est proposé comme « ange gardien » pour mon long séjour à Madrid.

Il n'ajoute rien à ça, il a l'air satisfait. Je suis satisfaite également d'avoir un job qui va me payer mes études, d'avoir deux amis présents, une nouvelle vie loin de Paris.

Nous nous laissons aller ici, posés, pour finir cette journée. J'indique simplement à Antoine que je changerais ses draps avant qu'il aille dormir. Et notre journée finit bien plus facilement qu'elle n'a commencé.