Rose

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  J'étalais ma crème sur mes cuisses imberbes, passais mon short puis mon haut. Dans le miroir, je me trouvais ridicule soudain. Mes cuisses semblaient énormes, ma mère détestait ce chemisier qu'elle jugeait trop féminin, avec le col en dentelle qui fermait par deux boutons. Il était mon préféré, en coton blanc, léger et délicat. Je voulais tant lui plaire, être beau, lui donner envie de moi.

Le reflet de ma tante apparut à côté de moi.

« Tu es beau. C'est pour quelqu'un en particulier ? »

Je secouais la tête, le ventre lourd, la gorge serrée. Je parti à pied, dans la chaleur de la fin de soirée, le soleil bas au-dessus des montagnes ; je marchais au rythme des cigales qui s'ébattaient dans les fourrés. Je regardais les papillons s'envolant sur mon passage, les arbres bruissant dans la brise d'été. Une nuée d'oiseau me dépassa alors qu'une quinzaine de minutes après être parti, je vis se dessiner la barrière blanche ; ouverte. 

Je soufflais un bon coup avant de pénétrer dans le jardin. Les fleurs qu'il avait mises en terre quelques jours avant s'étaient ouvertes, la tête vers le soleil, leurs pétales multicolores dessinant des coroles de lumière sur la paume de ma main quand je m'approchais pour les toucher. Une grande et ferme main se posa dans ma nuque, son ombre me noyait en entier. Je me redressais face à son sourire.

« Salut princesse. Content que tu sois venu. »

Je rougis, baissais la tête vers mes pieds. Il portait, comme la première fois, sa salopette verte et tachées, un râteau dans sa main libre.

« Viens, suis-moi. Je vais me laver, tu pourras attendre à l'intérieur. »

Intimidé, je le suivis. Je n'avais jamais vu la maison, bien cachée derrière les serres. De plein pied, les façades en pierres grises, une petite table de métal ronde était posée sous une fenêtre. Il m'invita à entrer dans la fraîcheur accueillante de la petite cuisine, minuscule mais d'une propreté impeccable. Il détacha sa salopette pour la rouler jusque sur ses hanches, restant en tee-shirt gris. Il ouvrit le frigo en se penchant, se tourna vers moi.

« Tu veux quelque chose ? Une bière ?

- Je... Ne bois pas d'alcool.

- Attends princesse. »

Il sortit une bouteille que je n'eus pas le temps de voir puis me tendit un verre où pétillait de la limonade, une paille rose roulant sur les rebords.

« De la limonade ? Avec une paille ?

- Je les ai achetées pour toi. Attends-moi là, je reviens. »

J'attendis une dizaine de minutes, entendant l'eau de la douche couler derrière le mur qui semblait séparer les deux pièces. Il réapparut, dans un jean et un tee-shirt, bien plus saillants que sa salopette, et tous les deux d'une couleur anthracite.

Il me sourit, rouvrit le frigo.

« J'espère que tu as faim ! »

Il sortit plusieurs boites et rassembla le tout dans un large panier blanc élimé.

« On ne mange pas ici ? m'étonais-je.

- Ici à l'intérieur, non. Mais ici à la maison, oui. Com'on princesse ! »

Posant sa main dans mon dos, il me poussa gentiment vers le jardin. Le soleil avait encore baissé, m'aveuglant presque. Sa main me poussa vers l'arrière de la maison et j'aperçus une serre, éloignée des autres, qui même à encore quelques mètres, dégageait une chaleur étouffante.

Il ouvrit la porte sur une cage aux merveilles : un paradis de fleurs aux couleurs et aux odeurs exotiques et exaltantes. Sur plusieurs étagères s'amoncelaient des pots de tailles diverses qui contenaient des fleurs et des plantes que je ne connaissais pas. Il déposa une nappe sur le sol en carrelage humide, puis dessus, le panier dont il sortit les boites et deux coussins plats.

Boy who loves Flowers (BxB)Where stories live. Discover now