chap'11

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✈︎ hôpital saint james
12:18
11 juillet

Yoongi apportait pour la dernière fois, la cuillère jusqu'à ma bouche, puis essuya le contour de mes lèvres sans un bruit.
Ma mère l'avait plusieurs fois rencontré, entre ses quatre murs, ou dans les couloirs, pensant si naïvement que c'était un simple ami avec une simple histoire.

Yoongi me cachait sa peine, mais tous les jours lorsqu'il traversait cette maudite porte, il maigrissait, bronzait certes, mais rougissait des yeux. Des cernes se creusaient sous celles-ci, et il avait souvent besoin d'eau, comme un malade.

Il devait pleurer chaque nuit, voir, chaque fois qu'il sortait de cette pièce.
Détruis par nous et Hoseok.

"Bien mangé ?" Me demanda t'il en se levant.

Je hochai la tête, lui offrant un minuscule sourire. La main sur mon pansement, je souhaitai sortir de là. De tout cœur.
Il remarqua mon attention vers la fenêtre, et allongea sa petite paume sur mes doigts.

"On peut s'enfuir si tu veux."

Son air sérieux, masquant toute émotions, comme s'il était programmé à me dire cela et me faire sentir ainsi.
Il était si précieux.

Je ne le quittai des yeux, peinant à avaler ma salive, puis pouffai que nous n'étions pas dans une fiction. Je me moquai ouvertement de son attitude alors que courir sur les nuages avec lui était numéro un dans ma liste de souhait.

Une bizarre lueur dans ses yeux se reflétait. Avant, je ne comprenais point comment des émotions pouvaient être lues dans les yeux d'un Homme. Comment des mots pouvaient être tracés dans des pupilles.
Puis j'ai rencontré Yoongi.

Son regard ne disait rien et tout, ses larmes écrivaient des poèmes et ses cils ponctuait ses mots oculaires.
Et à cet instant, son envie de fuir à mes côtés était plus que flagrante entre ses paupières.
Ça le démangeait presque.
Il reposa sa main droite sur la mienne et de l'autre,  brandit son téléphone de sa poche arrière.
Le mouvement vif de son pouce me fit deviner qu'il écrivait.
Une chanson ? A quelqu'un ?
Sa relecture inaudible m'invita à penser que c'était un poème.
En plein dans son art, je pouvais alors l'observer autant que je le souhaitais.

Je pouvais enfin l'aimer, lorsqu'il ne prêtait plus attention à moi.

Le regard levé vers son visage en diamant, brillant de la fine couche de sueur due à la chaleur qui enlaçait les maltais dehors.

Le faible souffle de la climatisation derrière lui, le fit soupirer et fermer ses yeux un court instant. Chacune de ses actions, même les plus minimes, me fascinaient absurdement.
Il était le plus beau du pays, du monde.

Son t-shirt crème ou était inscrit en grosses lettres "FG", fit ressortir son bronzage à peine visible.
Peut-être était ce la troisième fois, cette semaine-là, qu'il portait ce haut.
Et peut-être était ce la troisième fois, aujourd'hui, que je tombais amoureux de lui.

D'un coup, il chantonna.
Ce n'était donc pas un poème.
Je tournai la tête pour cacher mon sourire aux joues chauffantes, imitant une toux digne d'une statuette dorée. Il s'inquiéta la seconde suivante, me demandant presque affolé si ma gorge allait bien, si j'avais avalé quelque chose de travers ou un truc du genre.
Tout ce que j'avais retenu était ces sourcils qui s'élevait et ses yeux qui grandissaient, brillant encore plus.
Je le rassurais, me retenant à rire bêtement devant lui, mais lui offrant un sourire contagieux.

"Bref." Soupira t'il en s'asseyant sur le lit.

Son dos courbé, sa tête plongeant dans son téléphone, il se déconnecta parfaitement de moi. Je tentai de bailler à un volume raisonnable, étirant mes bras vers l'inaccessible, quand la porte s'ouvrît.
Yoongi tourna sa tête, je fermai ma bouche, ma mère ouvrit la sienne.

Ses lèvres couvertes d'un rouge assortie aux fleurs tachant sa blouse de soie, recouvrirent mes joues pansées, de baisers plastiques.
Je ne l'ai pas repoussé, par peur.
Elle invita de ses mains un jeune homme à entrer dans ma chambre, chantant des exclamations agaçantes.

Il avait la vingtaine, mais devait être plus âgé que moi. Il était très attirant. Très.
Mon regard se posa sur le grain de beauté décorant la nuque de Yoongi et je me rappelai.
Je me rappelai qui était la huitième merveille de ce bas monde.

"Voici ton avocat, Johnny Suh. Il faut effacer toutes les rumeurs qui circulent à ton sujet, et dès ta sortie de l'hôpital, nous rentrerons à Séoul. Il le faut." Prononça ma mère, ne quittant des yeux sa bague.

Non pas de fiançailles, juste une nouvelle Cartier. Son discours avait refroidi, et dans sa voix, des armes se braquait sur moi.

Je ne protestai pas.
Je n'acquiesçai pas non plus.
Je regardai Yoongi, tentant si désespérément d'une remarque tranchante de sa part, ou même, que sa main prenne la mienne.
Je voulais qu'il me sauve, là, maintenant.

"Je t'enverrais le numéro de Johnny par téléphone. Il a étudié aux États-Unis, soit poli s'il te plaît."

Ils partirent enfin, eux et leur aura lourdement sombre.

L'air devint respirable, et avant même que mon premier sanglot s'échappe de mes poumons, Yoongi enleva mon drap, m'aida a me relever, sorti des vêtements au hasard de mon sac et me les donna.
Il me regarda, enfin, dans le blanc des yeux.

"On s'en va." Dit-il.

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