chap'15

1.1K 118 16
                                    

✈︎ Valletta, malta
16:36
12 juillet

Trois heures s'étaient écoulées depuis ma rencontre avec Hope.
Trois heures de discussions faibles, ruisseau de mots insignifiants, mais ce n'était pas vraiment ce que j'avais retenu.
C'était surtout trois heures passées avec l'odeur de Taehyung sous le nez, son corps élancé à mes côtés et son ombre marchant si près de la mienne.

Je sortais d'une boutique de lunettes de soleil quand je le vis filmer Hope qui le suivait sagement, oubliant presque que c'était moi, son meilleur ami.
Traître de Hope.

Taehyung était illisible.
Non, flou.
Ses expressions faciales étaient flous.
Lors de nos balades et pauses, il avait ce visage sévère et stoïque ainsi que ce putain de sourcil haussé, comme s'il se questionnait intérieurement. Ou bien, il souriait au sol, basculant ensuite sa tête sur le côté.
Peu importe la gueule qu'il tirait, il était anormalement charmant.

Cependant, je le lisais tel un livre ouvert à travers ses œuvres.
Lorsqu'il était en convalescence à l'hôpital, je puisais une inspiration interdite à travers sa carte mémoire, vivant ainsi, ses moments qu'il ne pouvait laisser mourir dans le cruel temps qui passe. J'écrivais ce qu'il avait capturé, jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent et qu'il devienne ma priorité.

La solitude me faisait faire de ces choses...

"Oh, tu m'observes..." dit Taehyung en grattant le haut de sa lèvre, sûrement pour dissimuler un sourire idiot.

Je haussai furtivement des sourcils, pris délicatement entre mes mains Hope et le mis dans mon sac en tissu beige.

"Tu sais, j'ai vu qu'il y avait une piscine intérieure à l'hôtel. Tu voudras y aller ?" Demanda-t-il, marchant nonchalamment.

Sa voix sonnait vraiment comme si elle était en italique, brodée sur un drap de velours mauve avec un fil d'argent. Et lorsque la nuit tombait sur ses mots et qu'ils se fatiguèrent, ce velours qu'était son timbre devenait bleu sombre.
Elle semblait même couler de ses lèvres.
Élixir infini venant d'une bouche de cristal clair.

"J'ai pas de maillot de bain, répondis je.

-J'ai vu ça, dans ta valise.

-Ah oui c'est vrai.

-C'est pas comme si t'en avais besoin...

-Y-y'a des enfants dans l'hôtel, tu—

-Je rigole."

Il se chuchotait quelque chose, un sourire en coin, et il se pouvait que mon cœur s'eut arrêté un instant.

Nos pieds se promenaient partout et nul part.
Seulement, nous étions ensemble, à une distance agréable.
J'étais strictement certain que si mes mains n'étaient pas enterrées dans mes poches, elles m'auraient fait regretter.
Regretter de me jeter sur l'être dont j'oublie trop les actes, mais qui me force à l'aimer.

Dans un cadre pareil, aussi doré qu'amer, la raison perd ses mots et bégaye devant un si bel homme parlant ma langue.
Le soleil ne brille plus si souvent que ça sur ma bague de fiançailles, et comme un artiste, je le prend comme un signe inquiétant.

La Terre n'envisage même pas de perdre le soleil.
Pourquoi le devrais-je ?

Un gémissement grave se fit entendre dans mon dos. Taehyung s'était abandonné sur un banc, caressant ses cuisses, les yeux clos.
Je vérifiai qu'aucun sang ne coulait de mes narines.
Ses lèvres étaient entrouvertes, asséché sûrement. Je sortis ma gourde, ouvris sa main et la déposa sur sa paume.
Il me remerciait d'un signe de la tête, puis but.

Je le fixais beaucoup, pour un gars qui se désaltère, dont la paume d'Adam monte et descend...
puis monte...
puis descend...

Il poussa encore un gémissement, plus aigu cette fois, et je me sentais mal d'avoir profité de ce son. Aussi d'avoir voulu en faire ma sonnerie de téléphone.
Il m'ordonnait de m'assoir à côté de lui, des gouttes d'eau glissant hors de sa bouche.
Enfaite il était un peu dégoûtant.

Me tenant trop près de son visage à mon goût, je voulu éjecter la goutte du bord de sa lèvre, mais il n'avait qu'à le faire lui-même.
J'avais assez fait pour lui.

"Où est l'autre ? Demanda t'il, les paupières toujours fermées.

-Dans mon sac."

Il hocha doucement sa tête, avant de soupirer profondément.
Nous n'avions pas tant marché que ça, pourtant.
Mais lorsque mon regard s'aventura sur son corps, je me rappelais que sous sa chemise demeurait une blessure a peine cicatrisée.
Ma gorge menaçait de se nouer au simple souvenir de son corps ensanglanté sur le sol poussiéreux. Ce corps, que je voulais étrangement chérir et protéger jusqu'à mon dernier souffle,
À Malte, évidemment.

Sa tête bougeait lourdement, tombant de tous les côtés.
Cette enflure allait jeter sa grosse tête sur moi n'est-ce pas ?

Non, elle bascula en avant.
Je le rattrapai par son front, et dés lors que ma main le tenait, je ne vis aucun autre choix que déposer sa joue sur mon épaule.

C'était donc moi, l'enflure.

Ses fines mèches blondes qui fondait sur le noir de mon t-shirt m'inspirait.
La longueur de ses fins doigts hésitant à se reposer sur ma cuisse aussi.
Comme sa respiration régulière, ayant le même rythme que la mer se jetant sur le sable, tel un nouveau né s'adaptant au rythme cardiaque de sa mère.

Dans ce doux petit instant à deux, je ne pu m'empêcher de me pencher légèrement, voulant voir, rien qu'une seconde, le visage endormi de Taehyung.
Mon torse se baissait lentement quand je croisai son regard levé vers le mien.

"Tu dors pas ? Interrogeai-je.

-Non." Répondît-il.

Je ne pu esquiver son attaque oculaire que Hoseok à très certainement subi, et qui a très sûrement du le convaincre de me tromper,
une seconde fois.
Et cette même attaque oculaire, pour lequel je succombais lors d'un été à Malte, assis sur un banc inconfortable, je ne m'en lassais pas.
Je souhaitais qu'elle continue jusqu'à que nos soucis s'évaporent vers les restes de nuages flottant sur l'azur tranquille.
Je voulais que Taehyung continue de me regarder tel un prédateur ne connaissant le mot pitié.
Je voulais qu'il laisse ses lèvres entrouvertes de façon provocante pour toujours, mais qu'un moment donné, il gâchera notre jeu de regard pour que sa langue fonde sur la mienne, et que ce contact nous rende addict et fous l'un de l'autre.

Je le voulais, comme Hoseok le voulait avant moi, jusqu'à ce qu'il aille détruire sa vie à ses côtés.
Mais contrairement à lui, le charme toxique de Taehyung ne me faisait pas oublier mon fiancé.

"La piscine est ouverte la nuit ? Demandai-je

-Non, mais est-ce vraiment un problème ?

-Non. On y va a minuit."

Il but une gorgée d'eau, puis se releva. Il hochait de la tête, relevant dangereusement le coin de ses lèvres brillantes.
Et avant qu'il ne put prononcer un autre mot, je ne pu résister. Je m'approchai de son visage, puis de ses lèvres.

Et enfin, j'essuyai cette foutue goutte au coin de sa bouche.

⌈ switching ⌋ ᵀᴬᴱᴳᴵOù les histoires vivent. Découvrez maintenant