Partie 2

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J'écrivais, ça me faisait tenir, mais quand un jour l'inspiration me manqua, que toutes les phrases que j'osais écrire finissaient sous des couches d'encre, je perdis pieds. J'en devenais fou. La feuille blanche que j'étais incapable de remplir me narguait. J'avais l'impression qu'elle se moquait de moi, consciente de mon incapacité. Il y avait de quoi avoir honte selon moi. Ça a continué pendant des semaines, c'était interminable. Je craquais petit à petit. J'avais fait un nombre incalculable de ratures et j'étais même prêt à en faire une sur ce livre. Comme souvent je voulais abandonner, j'y croyais plus. Ça me paraissait inutile. J'écrivais de moins en moins, j'avais perdu cette habitude. Parfois j'y repensais mais c'était comme un ancien rêve. J'avais comme tourné une page.

Dans le fond je gardais cette envie, un peu d'espoir, je crois que j'y croyais encore. Pourtant, mon idiotie me répétait que je ne pouvais pas, que je ne pouvais plus. Rappelez-vous, j'avais décidé d'être cet idiot là au lieu de changer d'avis. Je commençais vraiment à le regretter. Les journées étaient longues et mornes. La vie ne me paraissait plus longue, elle était devenue interminable. J'en avais marre. J'avais tout quitté quelques temps auparavant et ça me manquait un peu... J'avais, je crois, en quelque sorte, perdu goût en la vie. C'était difficile, vraiment. Pourtant, le suicide m'était impossible, heureusement. Je n'en avais pas le courage même si ma pensée se perdait souvent dans ce genre de mauvaise idée.

Mais un beau jour, alors que je rentrais chez moi, le destin a fait le travail à ma place. Je marchais sur le trottoir, tranquillement. J'ai traversé la route, tranquillement. Une voiture m'a renversé, tranquillement. Tout c'était passé si vite et pourtant si lentement. Je n'avais pas eu le temps de réaliser et pourtant j'avais vécu cette scène comme au ralenti. Aucune douleur. Ma tête avait percuté le sol. J'avais perdu connaissance. Laissant mon corps et l'ensemble de ma personne aux autres. Moi qui avait perdu foi en tout être humain, j'étais soumis à devoir faire confiance aux gens et aussi en quelque sorte à moi même. J'arrivais dans un nouveau combat.

Après être resté dans un noir complet, j'avais vu des souvenirs incroyables, oubliés. C'était beau. J'avais vu mon enfance, mon ancien chez moi, des gens fabuleux qui étaient partis continuer plus loin. Ça m'apaisait. J'étais bien devant tout ça. J'avais l'impression de revivre ma vie. Je ne voyais rien de sombre ou de triste. Il n'y avait que les beaux moments, ce qui m'avait rendu heureux. Je n'avais pas assez profité de tout ça. Je me détestais de ne pas l'avoir fait, je regrettais tellement.

Je m'étais rendu compte que la solitude était une notion assez flou pour moi. J'avais souvent eu l'impression d'être seul tout au long de ma vie, surtout ces derniers temps mais en fait on est jamais réellement seul. Les gens sont là, dehors, à la télé, peu importe, la trace de l'humain, des gens est partout autour de nous. Mais dans l'état ou j'étais maintenant, il n'y avait rien. Certes, mes souvenirs montraient des personnes qui avaient fait partie de ma vie mais c'était tout. Quand toute cette folie de mes souvenirs s'est arrêtée, plus rien, le néant à nouveau. Il n'y avait que moi. Je n'entendais rien. Malgré ce que les gens racontent, moi, je n'entendais rien, même pas l'extérieur. J'étais capable de réfléchir. Je ne paniquais pas trop. J'étais assez calme et lucide. J'avais du temps devant moi, je le savais, je mettais ce temps a profit et réfléchissais sur ces derniers jours, mon réel état de santé. La conclusion n'était pas très belle. J'essayai de chasser toutes ces mauvaises choses mais je n'y arrivai pas : un échec de plus.

J'essayais de repenser à de beaux souvenirs, quelque chose qui pourrait faire avancer ma réflexion. Puis, le livre me revint, et là, comme si on avait placé un projecteur devant moi, la lumière apparue. Je mis du temps à m'y habituer, elle était arrivée trop violemment pour mes yeux. Je ne savais pas si j'étais réveillé mais je compris très vite en découvrant ce qui m'entourait que ce n'était pas vraiment le cas. Aucun lit, j'étais debout dans l'herbe. On aurait dit un début de printemps, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, il y avait un grand soleil sans nuage, les fleurs bourgeonnaient, je sentais la rosée caresser mes jambes. C'était incroyable, une journée parfaite comme je n'en avais jamais vu. Tout était calme, presque silencieux, seul le léger chant des oiseaux était audible. Je ne savais pas quelle réaction avoir. J'analysais encore plus en détails le lieu, cherchant des indices, des traces, et par conséquent des idées, des pistes sur ce que je faisais là, où pouvais-je bien être ? Je devinais un petit sentier à ma gauche reliant un espèce de village à une forêt. À ma droite se trouvait un magnifique coin paisible. On y apercevait un lac à l'eau d'un bleu qui ferait jalouser tous les yeux du monde. Derrière moi on pouvait voir au loin de petites collines à l'apparence tranquille. Je pris quelques secondes pour faire un léger bilan de la situation : je m'étais donc réveillé dans un endroit magnifique, ne savais absolument pas où j'étais réellement et la raison de ma présence. Oui, c'est ça, j'étais perdu, comme à mon habitude. Je gardais mon calme. Je pris ma décision : il fallait que je cherche des gens qui pourraient m'aider. Alors, je pris la direction du village à la recherche d'une quelconque civilisation. Sur le chemin je prenais le temps de tout découvrir, je contemplais toute cette nature parfaite. À part ces quelques maisons, l'homme n'avait rien touché. C'était la première fois que je voyais quelques choses d'aussi authentique. J'en étais presque ému. 


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Je n'ai toujours pas eu le temps de corriger les fautes excusez-moi ^^'.

Il n'y a rien de meilleur que le mal.Where stories live. Discover now