Partie 4

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J'hésitai. Dans le fond je crois qu'ils avaient raison mais j'avais tiré un trait sur cet ancien  projet. Si j'étais bien le seul à pouvoir le faire, je me devais de sauver ma création, mon monde, qui était comparable à une partie de moi. Puis je repensai à tous les récents échecs, à l'influence que ça avait pu avoir sur ma santé mentale. Au point ou j'en étais, je ne pouvais rien y perdre. Alors, j'étais reparti pour des jours, de nouveau absorbé par mon travail. Diane et Hannah m'hébergeaient. Les yeux fixés sur l'horizon, j'avais peur d'apercevoir à mon tour le trou noir au loin. Je travaillais dur, plus dur que jamais, je réfléchissais à des centaines de fins différentes, cherchant la meilleure, celle qui assurerait la sécurité aux habitants. Je notais les meilleures idées, commençais petit à petit un classement. Mine de rien tout ça avançait lentement mais sûrement. Je retrouvais cette envie de réussir qui m'avait animé des mois. Je sortais prendre l'air, cherchant l'inspiration. J'observais la nature, le monde, je m'en émerveillais. J'avais vraiment du mal à me dire que c'était moi qui avais fait tout ça. Les gens ne m'interrompaient pas dans mon questionnement personnel, conscient de l'importance de ce que je faisais. C'était la première fois qu'on portait autant d'attention et de respect envers moi. Ça me touchait beaucoup. Je me rendais compte que ça allait mieux, que je trouvais quelques réponses, que je commençais à retrouver confiance en moi, en les autres et en la vie. J'étais fier, c'était bien. C'était l'essentiel. Cependant, malgré tout ça, je restais inquiet à l'idée d'échouer. J'avais peur de l'échec parce que ça me ferait trop de mal, je sombrerais de nouveau et finirais par perdre cette histoire. Je crois que ça pourrait même m'achevé.  

Un beau jour, alors que le trou noir pouvait maintenant se voir du village, je me baladais près de ce lac que j'avais repéré à mon arrivée quand l'idée me vint : la fin parfaite. Je l'avais ! Je courus jusqu'au village, rentrai chez moi et j'écris, pendant des heures cherchant la perfection dans les moindres détails. Chaque phrase, chaque mot, chaque virgule, tout était penser et repenser au millimètre. J'étais sûr d'y arriver, j'étais si proche du but ! Cette histoire était redevenue mon obsession.

Mes feuilles dans les mains, je les relisais, fier de mon travail. Ma fin était géniale, parfaite, comme je l'avais tant voulu. Je m'étonnais moi même à le reconnaître. Cela prouvait bien que j'avais retrouvé une certain estime de moi. 

Maintenant une seule question se posait : que fait-on ? C'est bien beau d'avoir la fin du récit mais il faudrait savoir comment s'en servir. Je recommençais à m'arracher les cheveux pour trouver une solution. J'étais un peu fatigué, ça devenait compliqué. Pendant des jours et des nuits je me cassais la tête, me disant que j'avais fait tout ce travail pour rien, que le village était réellement perdu d'avance. J'étais démotivé. Les habitants l'avaient remarqué et essayaient de m'aider, certains tentaient de me résonner, me consolant. « C'est plus beau quand c'est inutile », si cette phrase est bien vraie alors Tobiasse était peut-être devenu héro pour avoir essayé, seulement essayé de sauver ce village. Le conte aurait été enjolivé pour faire rêver les jeunes enfants du village. J'y croyais de moins en moins. J'étais angoissé : j'allais échoué. Je continuais à sortir toute la journée pour réfléchir, jamais rien. Et une nuit, alors que je m'étais assis dans l'herbe pour contempler le ciel étoilé, mes yeux se perdirent dans le blanc de la lune. Elle était pleine, le ciel était dégagé. J'appréciais ce genre de ciel, ça m'apaisait. Je me questionnais une énième fois, cherchant la révélation. Si j'avais vraiment cette part de génie enfouie quelque part en moi, je pouvais forcément la faire sortir, et c'est vrai que j'en avais bien besoin. Ma tête pleine de questions, je me perdais dans le blanc profond de la lune. Elle m'évoquait la pureté, je dérivais de ma réelle question et pensais à mon enfance. Ça  faisait pas mal de temps maintenant que j'étais arrivé ici, beaucoup de temps s'était écoulé depuis le début de cette folle aventure. J'avais encore du mal à y croire. 

Alors que dans cette nuit sombre seules les étoiles et la lune osaient s'illuminer, une forte lumière m'éblouit. Elle était encore plus violente que celle dont j'avais été victime à mon arrivée. Après ce flash, quelques secondes de néant encore une fois et puis le son me revint. J'entendais des personnes s'affoler à côté de moi, j'ouvrai les yeux tant bien que mal. Mes yeux me faisaient un mal de chien, ils n'étaient plus habitués à la véritable lumière du jour sans aucun doute. Je m'étais réveillé. Après un rapide bilan des médecins, j'obtins le droit de visite. Personne, personne n'était là... et selon les infirmiers, jamais personne n'était venu, même lors de mon sommeil. Ça ne m'étonnait pas plus que ça. Les médecins m'annoncèrent que je pourrais sortir d'ici une semaine si tout se passe bien de part mon état de santé très bon mais qu'au moindre problème je devrais consulter. J'acquiesçait, content de pouvoir partir aussi tôt. Cependant, je n'oubliais pas ce qu'il s'était passé durant mon sommeil. Une bonne expérience, bien qu'étrange, elle m'a permis d'avancer sur mon état mental et par conséquent d'aller mieux. Je me suis aussi rendu compte qu'il fallait que je finisse cette histoire, absolument, je me le devais. Au final, cet accident n'en était pas vraiment un, n'est-ce pas ?

Il n'y a rien de meilleur que le mal.जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें