Chapitre 22

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- C'était vraiment génial !

Pour une fois, toute la famille avait un sourire collé sur leur visage. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas passé du bon temps tous ensemble. Après être rentré du travail, mon père avait eu l'idée de tous nous emmener au restaurant. Même pour les plus jeunes ! Une première pour nous. Bien sûr, il avait mis en garde toute la petite troupe de ne pas faire de vacarme dans le restaurant, sinon, pas de desserts. Et ça avait marché.

- Merci papa !

Aimée, la dernière, souris de ces pleines dents ( du moins, celle qui avait survécu à la petite souris ), à mon père. Toute la tribu se mit à crier de pleine voix un énorme "merci" collectif, qui lui faisait plaisir. Nous avions passé une soirée vraiment géniale, et cela nous avait permis d'oublier les mauvais moments de ces derniers temps.

- Chris, tu peux me porter ? J'ai trop mangé, j'arrive plus à marcher.

- Même ta sœur de quatre ans arrive à marcher, et tu veux que je te porte, Edward ?

- S'il te plaît...

Je ne pouvais pas résister plus longtemps à sa petite bouille, et je le pris dans mes bras. Son frère jumeau se trouvait à côté de mes parents, à quelques mètres plus loin, alors que mes deux sœurs restaient près de moi. Une telle ambiance n'avait jamais vraiment existé dans la famille Miller. Un sourire niait dessinait mon visage depuis désormais de nombreuses minutes, et je n'arrivais pas à l'effacer. J'étais heureux.

Une semaine auparavant, mes parents étaient intervenus entre Brandon et moi. Quand les coups sont partis de ce dernier. Je n'étais pas sorti de ma chambre pendant près de trois jours, et je n'arrivai pas à les regarder droit dans les yeux. J'avais honte. Ils avaient assisté à une scène qui prouvait que je ne faisais pas le poids envers lui. Mais surtout, qu'il n'était pas une personne bien. J'avais décidé de couper les ponts, allant même jusqu'à bloquer son numéro. Pour mon bien.

- On est arrivé.

La porte de notre appartement se dessinait enfin, et j'en profitais pour déposer mon frère sur le sol. Il devenait de plus en plus lourd, et j'avais de plus en plus de mal à le porter. Je devrais peut-être m'inscrire dans une salle de sport, pour développer ma musculature. Mais surtout, pour savoir me défendre, en cas de danger.

- Les petits, vous allez directement vous laver les dents, puis au lit.

Mon père leur fit un clin d'œil, avant d'ouvrir la porte. Mes quatre frères et sœurs se précipitèrent à l'intérieur, alors que j'en profitai pour prendre mon géniteur dans les bras. Un signe d'affection que j'exerçai peu.

- Merci... Merci beaucoup, pour cette soirée.

- C'est normal fiston. On est soudé. On est une famille.

Je lui souris, avant de prendre à son tour ma mère dans les bras. Même si la vie à la maison pouvait être parfois compliquée avec eux, ils étaient malgré tout très proches de leurs enfants. Ils avaient l'habitude de nous dire des mots doux, de nous faire des câlins. Et surtout, ce qu'ils voulaient, c'était tous nous voir heureux. Ils mettaient donc tout en œuvre pour arriver à leur but. Pour arriver au bonheur dans cette famille.

- Allez, rentre, il est tard chéri.

Ma mère me tapota l'épaule, et j'en profitai pour rentrer le premier dans notre petite cour. Une petite cour à la Française, qui donnait vue sur notre maison, de trois étages. Ma chambre se trouvait au dernier étage, et à ma grande surprise, cette dernière était éclairée. Je levai un sourcil, alors que ma génitrice arriva à ma hauteur.

- Tu as oublié d'éteindre ta lumière ?

- Je... Je ne sais pas.

- Eh bien, tu payeras la facture d'électricité, dans ce cas.

Mon père me dit ça avec une note d'humour, même si je savais qu'au fond de lui, ça l'énervait. Nous étions partis pendant plus de deux heures, et j'avais laissé éclairer cette lumière pendant longtemps. La facture allait donc être élevée. Nous nous approchions de la porte d'entrée, quand mes frères et sœurs sortirent en même temps dans la cour, en chaussette, toujours habillé chaudement.

- Jeunes gens ? Je peux savoir ce que vous faites ?

Mon père s'accroupit vers ces derniers, tout en déboutonnant la veste d'Aimée, en premier. Cette dernière prit la parole, son pouce dans la bouche.

- On ne peut pas rentrer. Il y a le copain de Chris dedans, avec une batte. Il a l'air vraiment en colère, et on a eu peur.

À cet instant, j'avais l'impression que mon cœur s'était arrêté de battre. J'ouvris grand les yeux, alors que mes mains commencèrent à trembler. Même si ma petite sœur avait beaucoup d'imagination, elle n'avait pas pu inventer ça. De plus, tout le monde avait l'air d'accord avec ce qu'elle disait. Ma mère se retourna vers moi, avant de lancer un regard de détresse à mon père.

- Comment ça ? Brandon est ici ?

- Oui, et il a même cassé le pot que j'avais fait à maman pour la fête des mères, dit Andrew la larme à l'œil.

Mon père se releva, avant de s'engouffrer dans la maison. À cet instant même, je ne savais pas quoi faire. Le suivre ? Veiller sur mes frères et sœurs ? Appeler la police ? Après de longues secondes d'hésitations, je ne pouvais pas le laisser à l'intérieur avec lui. C'était trop dangereux. Je secouai ma mère dans tous les sens, qui semblait comme paralysée par la situation. Le danger était réel.

- Maman, tu dois mettre les petits dans un endroit en sécurité. Appelle les flics après, et...

- Tu ne dois pas rentrer à l'intérieur Chris... 

La nature reprend ses droits. [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant