« Regarde-moi faire ! »

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J'ai baissé les yeux sur la première question imprimée sur le papier devant moi et mes espoirs d'obtenir une note décente pour ce questionnaire disparaissèrent instantanément. J'avais essayé d'étudier après être sortie de la douche la nuit dernière, mais les pensées dans ma tête avaient été trop fortes et j'avais fini par ne parcourir que deux pages du manuel en vingt minutes.
J'avais espéré qu'une douche froide me réveillerait, mais le sentiment de vigilance que j'avais ressenti lorsque je suis sortie des toilettes n'avait duré que quelques minutes.
Maman était entrée et m'avait vue penchée sur la table de la cuisine, la fatigue intégrée dans mes traits. Elle m'avait suggéré de me coucher de bonne heure, en m'envoyant balader quand j'avais exprimé des protestations sans conviction. Mes jambes m'avaient portée dans les escaliers, mais c'était comme si elles appartenaient à quelqu'un d'autre. Je ne savais pas d'où venait la force ou la volonté de les faire bouger. Je me suis endormie dans mon lit avant même que ma tête ne frappa l'oreiller.

Notre professeur regardait fixement son ordinateur, capturé par un article qui parlait probablement d'un concept scientifique que je ne comprennais pas. Je me suis retournée pour regarder les réponses de Tobin, et elle déplaça sa fiche vers le bord de son bureau aussi subtilement que possible. D'habitude, j'excellais dans les matières sans avoir besoin de tricher, mais quelque chose au sujet de la Physique me donnait envie de me cogner la tête contre le bureau pour galvaniser mon cerveau jusqu'à ce que j'ai un déclic.
Tobin avait toujours été meilleure en mathématiques que moi, alors elle m'aidait de temps en temps, quand j'étais perdue.

Le son strident de la sonnerie du téléphone me fit me retourner face à l'avant de la classe et Tobin glissa rapidement son papier loin de moi. Notre instructeur sursauta au bruit soudain, mais prit rapidement l'appareil et prononça un message de bonjour.

Oui, elles sont ici. Je vais les envoyer tout de suite, il remit le téléphone sur le combiné et regarda droit vers Tobin et moi. Le principal veut vous voir toutes les deux dans son bureau. Vous devriez probablement partir là-bas le plus tôt possible. Ne vous inquiétez pas pour le test ; je vous laisserai le faire la semaine prochaine.

J'entendis Tobin respirer profondément et instinctivement, j'ai tendu la main derrière moi pour lui donner un coup de main. Mon angoisse monta aussi, mais mes nerfs me perturber n'allait pas aider ma milieu de terrain à se sentir mieux. Je lui ai serré la main, puis nous avons récupéré nos sacs et nous sommes dirigées vers le hall.

La promenade jusqu'au bureau de la principale fut longue.
Tobin me lâchait la main toutes les quelques secondes, seulement pour initier à nouveau l'interrelation de nos doigts quand elle avait besoin de l'assurance que tout allait bien se passer. Je voulais lui dire quelque chose, n'importe quoi pour qu'elle se sente plus détendue, mais je suis restée péniblement silencieuse.

Nous prenions un risque énorme, et il était très probable que le plan que nous avions élaboré avec Mme Foudy soit anéanti.
Quand nous sommes arrivées au bureau principal, j'ai enroulé mes bras autour de Tobin et je l'ai serrée contre moi jusqu'à ce que son rythme cardiaque ralentisse. Elle se relâcha au fil des secondes pour se fondre en moi comme le reste du monde et tous les problèmes qu’elle avait connus n'avaient jamais existé.

Alors, qu'en est-il de ce rendez-vous ?

Je me suis éloignée et j'ai mis son visage dans mes mains, juste pour pouvoir la regarder un petit peu.

Sautons juste la partie des rendez-vous et marions-nous, dis-je la faisant sourir et échapper un léger rire.

Si tu insistes.

J'aurais pu vivre en cet instant pour toujours, la regarder et dire toutes les lignes sinueuses qui me traversaient la tête. La porte fermée nous séparait de tout ce qui pouvait nous séparer.

Goals [Talex]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant