▶️ Chapitre 9

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« Qui est-ce ? ( Je demande, sentant mon corps se crisper de lui-même. )

- C'est Eri. »

J'ai l'impression de sentir mon cœur s'arrêter à son annonce. Eri... Eri-chan... La petite tornade blanche ? La petite fille adorable qui court partout dans les couloirs sans arrêt ? Celle qui coupe toujours les conversations au mauvais moment ? Eri... La petite fille que tout le monde apprécie ?
Je m'appuie sur le dossier du banc et cache mes yeux avec mon bras.

Elle ne peut aller là-bas... Je sais que Midoriya assure que même ceux là-bas ont des chances de survie, mais ce n'est pas pour rien qu'elle est surnommée l'étoile de la mort. On y va, on en reviendra jamais vivant.

Je sens quelqu'un me secouer doucement.

« Todoroki, ce n'est pas le moment de faiblir -kero. Je suis venue chercher Ochako pour qu'on aille lui rendre visite. Elle ne doit pas être bien habituellement alors le moindre qu'on puisse faire, c'est de ne pas montrer notre tristesse. Ça ne ferait qu'aggraver sa détresse - kero. »

Tsuyu, la voie de la raison.

J'acquiesce et essaie de ne montrer qu'une façade neutre et froide. Je sais y faire de ce côté-là : montrer un visage neutre est mon point le plus fort. Par contre, si je sens que l'émotion est trop grande, je ne tiendrais pas longtemps.

Je quitte le banc et étire mes jambes engourdies. Discuter avec Ochako a pu m'aider à éclaircir certains points dans les pensées, mais elle en a assombri d'autres. Qu'est-ce que Midoriya peut-il avoir ? Elle semblait retissante à m'en parler sans son accord, ce qui veut dire qu'il ne veut pas que ça se sache. Peut-être veut-il cacher son état ? Ou peut-être est-ce une maladie qu'il le dégoûte. En même temps, il est compliqué de ne pas être dégoûté par sa maladie.

Les deux filles se lèvent à leur tour et Tsuyu me montre du doigt le couloir menant aux escaliers.

« Si on passe par là, on ira plus vite. L'ascenseur est souvent occupé -kero. »

Nous hochons la tête en rythme avec la brune et suivons la verte. Je comprends ce que voulait dire Ochako en disant que Tsuyu ne perdait pas son sang-froid dans les pires situations. Pas une fois je ne l'ai vu grimacer ou retenir un sanglot. Elle restait avec son expression neutre sans dévoiler ses émotions au grand jour. Comme les autres occupants de cet hôpital.

Nous montons les marches en pressant le pas, jusqu'à que la meilleure amie du vert demande une pause, les deux mains à plat sur les genoux, essoufflée et grimaçante. Elle fronce ses sourcils et s'assoit sur une des marches, ne cachant pas sa douleur.

« Foutus genoux ! ( S'écria t'elle. ) C'est pas le moment de se relâcher... »

Tsuyu attrape la main de sa copine et lui caresse le revers du pouce. J'avais oublié qu'elles avaient des douleurs aux articulations et que ça devait être compliqué de vivre avec ça. Heureusement, elles vont bientôt se faire soigner et pourront reprendre leur quotidien.

La grenouille me lance un regard et me murmure de sa voix rauque.

« Vas-y, ne nous attends pas. On risque d'être longues à monter ses escaliers. »

Je fais mine de refuser puis continue tout de même à grimper dans les escaliers. Elle a raison : j'irai plus vite en montant sans les attendre quand restant planté devant elles à les observer reprendre leur souffle.

J'arrive rapidement dans la zone noire et ma poitrine s'oppresse aussitôt. Je regarde vaguement les murs blancs m'entourer et m'étouffer dans ces longs couloirs. On n'entend que le bruit des machines des patients, quelques murmures et des sanglots. Énormément de sanglots. Et là ne fais pas de doutes : quelqu'un vient de mourir. Ce n'est pas comme avec Kota qui a pleuré car il quittait l'hôpital. Ici, presque personne n'en ressort.

Pas sans ToiWhere stories live. Discover now