▶️ Chapitre 22

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" Nous viendrons faire les transfusions dans l'après-midi, monsieur Midoriya. Veuillez juste à ne pas quitter votre chambre, s'il vous plaît.  "

L'infirmière devant moi commence à ranger mon plateau-repas, posant ce dernier sur un chariot et triant les éléments dessus. J'acquiesce vivement et elle se retourne pour me sourire. Ses mains se posent sur le chariot et elle ouvre la porte pour passer. 

Puis, sans un mot de plus, la femme sort et me laisse seul dans la pièce.

Mes yeux se déposent sur le livre que Shoto m'a prêté la veille, après avoir été sur le toit. C'est le même livre qu'il lisait quand il était à l'hôpital. Il m'a expliqué que le contenu lui avait tellement plu qu'il avait racheté un exemplaire pour lui et rendu celui du lycée. Le bicolore me l'a vivement conseillé, même si l'ambiance similaire à celle des hôpitaux était beaucoup écrasantes pour un gars en zone noire.

Je l'attrape en remuant difficilement dans mon lit et feuillette rapidement les pages blanches.

L'histoire est assez banale en somme. C'est l'histoire d'une fille qui tombe amoureuse d'un garçon qu'elle rencontre dans son lycée. Mais ce dernier s'absente de plus en plus, et elle peine à se rapprocher de lui suffisamment pour qu'il lui en parle. Ils finissent tout de même par sortir ensemble et vivent des jours heureux. Jusqu'au jour fatidique où celui qu'elle aime fait un malaise à ses côtés, dans la cour de leur établissement.

Elle découvre finalement que son amant était atteint d'un cancer, qui lui complique bien la vie. On a pas plus de détails mais on sait que son état est critique par les expressions des personnages, le nombre de machines l'entourant, les sentiments contradictoires du personnage principale...

Je suis arrêté à l'instant même où le garçon lui annonce une opération sensée le sauver de sa maladie. Mais je devine très bien que, comme dans chaque histoire tragique, qu'il y restera et qu'elle sera dévastée. Je l'ai aussi deviné grâce au regard triste de Shoto lorsqu'il m'a tendu le livre.

Je dévore les pages les unes après les autres, malgré le fait qu'elles soient nombreuses. J'en suis déjà à la fin, enfin quasiment, alors je ne l'ai eu qu'hier...

Je retourne le livre et fixe le résumé d'un mauvais œil. On sent tout de suite que c'est le genre de récit à nous faire pleurer.

Je tourne les pages jusqu'à arriver jusqu'au passage auquel je me suis arrêté. Je laisse mes yeux coulisser sur les mots, les imprégner et enregistrer les rebondissements de l'histoire.

Mais j'y pense, je ne pourrais donc pas voir Shoto aujourd'hui. Si je me fais perfuser cet après-midi, il ne pourra pas venir me voir après ses cours. Je ne le verrais pas... Moi qui voulait profiter un maximum de lui avant qu-

Non, j'ai promis de ne plus y penser.

Je pose le livre à côté de mes jambes sur le lit et sors mon téléphone de la poche de mon pull. Je compose le numéro de mon copain et l'apporte à mon oreille. Il doit être 10h... il est sûrement en pause.

J'écoute la sonnerie résonner contre mon oreille. Pendant quelques secondes, je patiente jusqu'à aller sur son répondeur. Il a sûrement plus de batterie.

" Salut Shoto... On ne pourra pas se voir aujourd'hui, je dois faire mes transfusion de sang, hé hé... Donc ne perds pas ton temps à venir dans la zone noire, profite plutôt de ta mère. On se verra demain, je te le promets. Je t'aime, à plus tard !"

Et je raccroche.

J'espère qu'il ne viendra pas malgré mes préventions. Ce serait bien son genre.

Pas sans ToiWhere stories live. Discover now