Détesté Newt

•24 septembre•

Détesté Newt,

Je te déteste tellement. Tu ne peux pas savoir toute la haine que j'ai à ton égard. Pendant le dîner, je fixais un point invisible tout en mâchant ma nourriture un peu trop violemment, je me suis mordu. J'avais tellement de haine dans le regard que ma mère n'a pas osé me faire son speech habituel sur les filles qui défilent à l'appartement. Je n'ai pas dormi de la nuit. J'ai préféré me torturer l'esprit. Tu étais là, partout, tu envahissais mes pensées et je ne cessais de me répéter que je te déteste avec colère. Qu'est-ce qu'il m'avait pris de penser à toi avec Sonya ? Comment j'avais pu faire ça avec toi dans ma tête ?

Je te hais tellement !

J'ai quitté la maison avec peu d'enthousiasme ce matin. J'ai grogné un au-revoir à ma mère et j'ai claqué la porte. Habitant au cinquième étage de l'immeuble, j'ai pris l'ascenseur comme à mon habitude. Toi, du deuxième tu prenais les escaliers. Je savais donc que je n'aurais jamais à te croiser le matin. Et c'était tant mieux parce que je n'avais pas vraiment envie que tu sois la première personne que je rencontre le matin. Chaque jour, je pris pour que tu tombes et que tu te blesses à cause d'une de tes grandes jambes qui auraient malencontreusement glissées. Tu arrêterais peut-être de me poursuivre avec une jambe dans le plâtre. Enfin, je n'y crois pas trop. Tu es tenace. Mais je ne te donnerai jamais de réponse.

Pourtant ce matin, l'ascenseur s'est arrêté au deuxième. J'ai préféré ne pas y croire. Je ne voulais même pas y penser. Ça devait être ta vieille voisine qui descendait faire des courses. A sept heures trente du matin ? J'avais vraiment de l'espoir ! J'ai fermé les yeux. Je ne voulais surtout pas te voir. Je ne voulais pas que tu sois ma première vision du matin. Ça me pourrirait ma journée encore plus qu'elle ne l'était déjà.

Pourtant quand j'ai ouvert les yeux, tu te tenais dans le coin opposé à moi. Tu me tournais le dos. Tu as replacé une de tes mèches de cheveux en te regardant dans la glace du miroir. Tu ne sais définitivement pas te peigner. Tu semblais si calme. Comme s'il ne s'était rien passé hier.

Je te déteste.

Tu t'es retourné pour me regarder dans les yeux. Sans crier gare, ta colère a surgi et m'a surpris. J'ai fait un petit pas en arrière au cas où j'aurais besoin de te frapper pour te faire taire. Tu me détestes tellement pour hier soir que j'ai senti mon ventre se nouer de peur. Tu es dangereux parce que tu es plus fort que moi sur le plan mental. C'est pour ça que je donne toujours les premiers coups afin de te mettre hors d'état de nuire avant que tes paroles ne m'achèvent. On a pas les mêmes armes et les tiennes sont d'autant plus redoutables. Les mots ne laissent pas les mêmes blessures que les poings. J'en ai fait l'expérience.

A ce moment je me méfiais d'autant plus. Tu fulminais. Sans doute aussi pour toutes les fois où je t'ai fait du mal en plus d'hier soir. Dans tes mains, tu tenais des feuilles maintenues entre elles par un trombone rouge. Je me suis souvenu que tu en avais une boîte immense. Petit on s'amusait à en faire des colliers.

Je te déteste. Je déteste ces souvenirs.

J'ai menacé de te frapper quand tu as fait un geste un peu trop rapide et brusque vers moi. Tu t'es figé en me menaçant du regard. J'ai cru que ton regard allait me tuer quand tu as mis ces feuilles entre mes bras avec colère. Je pouvais sentir ton souffle accéléré par ta fureur. Je t'ai repoussé. Tu me faisais peur. Tu pourrais dire n'importe quoi à ce moment, me cracher les pires mots du monde. Tu en avais l'occasion et je n'étais même pas sûr de pouvoir répliquer après tes paroles. C'était le bon moment pour me mettre hors d'état de nuire.

Je te déteste.

" Démerdes-toi. "

C'était sec et froid. Mais tu t'es contenté de ça. Tu aurais pu me faire tellement de mal à cet instant mais tu y as renoncé. A croire que tu n'es pas aussi mauvais que moi. J'ai dégluti en te regardant sortir sans un mot parce que je me doute qu'un jour, tu n'hésiteras plus et que tu utiliseras tes mots pour me mettre à terre.