Chien de Guerre

Chapitre 18 : La Promesse

En dépit de la coquetterie de sa chambre, Sakhar ne s'y sentait pas à l'aise. Il finit par ressortir au bout d'une heure. Ne sachant pas trop quoi faire, il regarda la porte de Silna... Et finit par décider de s'asseoir dos à son mur, gardant l'entrée.

Ils étaient en guerre. Depuis la pièce de la carte, en haut de la tour du palais, il avait clairement vu les légions de Wolff s'étendant à perte de vue. Il n'avait jamais affronté une telle armée. Et pourtant, il se sentait prêt. Pour Silna, pour celle qui lui avait permis de rêver un peu dans sa vie d'esclave, il était prêt à affronter ces milliers de soldats.

L'oreille aux aguets, il ferma les yeux. Il ne savait pas exactement ce qu'avait prévu la belle Prêtresse. Il savait que pour envoyer une attaque décisive sur l'armée ennemie, elle allait devoir laisser tomber le bouclier. C'était là qu'il allait devoir intervenir.

Quitte à en mourir, il ferait tout ce qu'elle lui demandait.

Surpris, il se demanda d'où lui venait son abnégation pour ce petit bout de femme. Après tout, ils se connaissaient depuis des années... Mais s'étaient rencontrés il y avait quelques jours à peine. Pourtant, il se sentait prêt à se battre en son nom.

Songeur, il perçut néanmoins les bruits de pas remontant le couloir menant aux chambres. Néanmoins, il n'ouvrit pas les yeux. Le pas était léger, mais un grincement de métal le ponctuait. La personne dut l'apercevoir, car il y eut une légère pause, comme une manifestation de surprise.

À quoi pensait-il, déjà ? Ah oui. À une triste chose. Une fois que le combat serait fini, s'il y survivait, il allait devoir retourner à Ghania. Silna s'y était engagée, Ravish le surveillait et Wokabi... Que faisait exactement Wokabi dans l'histoire, en fait ? À part chercher à procréer par tous les moyens possibles et imaginables ?

À l'instant où la personne arriva à son niveau, il lança :

-Où allez-vous, Reine Lubilla ?

Ouvrant lentement les yeux, il les darda sur la souveraine d'Ydra. Belle, grande et blonde, elle posa un poing ganté sur sa hanche.

-Vous m'avez reconnu à l'odeur ou quoi ?

-J'ai passé un certain temps les yeux bandés. Il fallait bien que je puisse reconnaitre les intrus dans ma chambre.

Fronçant les sourcils, elle se pencha vers lui.

-Puis-je savoir pourquoi vous vous bandiez les yeux, Sakhar ?

-L'esclavage fait que nous ne sommes pas toujours maitres de ce qui nous arrive, Reine.

Cette fois-ci, elle écarquilla les yeux.

-Pardon ? Esclave ? Mais attendez...

-Je suis un esclave, confirma-t-il.

Il préférait que cela se sache maintenant. Cela éviterait les complications par la suite.

-Mais... Vous êtes un Élémentaire.

-Oui. Et je serais contraint de partir dès que la Cité sera débarrassée des armées de Wolff. Mon... Roi m'a gracieusement prêté à la Prêtresse de l'Eau.

Cette fois-ci, Lubilla était totalement stupéfaite. Puis, les sourcils froncés, elle entra en trombe dans la chambre de Silna. S'en suivirent des éclats de voix, puis la porte se rouvrit aussitôt sur la Prêtresse, qui décocha une gifle sur l'arrière de la tête de Sakhar.