Chapitre 1

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Comme à mon habitude, en arrivant dans le vestiaire, je retire ma queue de cheval pour laisser respirer mes cheveux. Le vendredi est mon jour préféré. Pour la seule et unique raison que je dispose du studio de danse qui se trouve près de ma fac. J'y passe souvent des heures, voir même jusqu'à très tard dans la nuit.
Je pose mon sac sur le banc et sors mes vêtements de danse ainsi que mes chaussons. Je passe mes collants, mon justaucorps et enfile un pull fin par dessus ce dernier. Je jette un dernier coup d'il à mon téléphone avant de le mettre en mode avion pour être certaine de ne pas être dérangée. Je noue mes chaussons et me fait une natte que je relève en chignon. Enfin, je me dirige vers la porte du studio, serviette et bouteille d'eau à la main. En arrivant à l'intérieur, je souris à la simple vue des miroirs et du parquet. Par la fenêtre, les flocons tombent et la lune se lève dans l'épais manteau noir de la nuit. Je me dirige vers la chaîne hi-fi, pose mes affaires et branche mon téléphone. Je lance la musique et me place au milieu de la pièce face au miroir.
Bras au dessus de la tête, menton relevé, je me laisse emporter par les notes de musique, enchaînant sauts, pirouettes et arabesques. Plus rien n'a d'importance, seulement la musique et moi. Malgré les nombreuses années de pratique, ma passion pour la danse n'a jamais disparu, au contraire elle s'est intensifiée. J'envisage même de devenir professeure si l'avenir m'en donne l'occasion. Enseigner ce que j'ai moi-même appris pendant des dizaines d'années me fait rêver.

Je continue de danser, sans me soucier du temps qui passe. Je me sens forte et légère en même temps, une sensation que j'adore.

- Tu vas finir par tomber un jour.

Je m'arrête et éteins ma musique.

- Julien, que fais-tu ici ? je demande en essuyant mon front avec la serviette.
- Je suis venu t'apporter de quoi manger. Je sais très bien que tu ne prends jamais le temps de grignoter quelque chose quand tu viens ici.

Mon meilleur ami me tend une boîte Tupperware et je sens mon ventre gargouiller. J'étais tellement absorbée que je n'avais pas remarqué que je n'avais pas manger depuis la faible collation que j'ai avalé en fin d'après-midi.

- Je sais que tu adores ça.
- De la tortilla ? Oh tu me connais vraiment trop bien !

Je prend un morceau avec mes doigts et goûte cette spécialité espagnole que j'aime tant. Julien me regarde en souriant.

- Tu comptes rester tard ?
- À ton avis ? Tu me connais.
- Je vois...

Je fronce les sourcils.

- Pourquoi cette question ?
- Je voulais que tu rencontres mon petit ami.
- Quoi ? Tu es en couple et tu ne m'as rien dis du tout ?!
- Bien sûr que si je te l'ai dis. La preuve.
- Et depuis combien de temps tu me caches ça ?
- Deux mois ?

Je me lève et croise les bras sur ma poitrine.

- Je veux absolument le rencontrer. Demain, apéro chez moi, non négociable.

Julien se lève à son tour et rigole.

- Ok pas de soucis. Bon je te laisse t'amuser, à demain ma belle, dit-il en déposant un bisous sur ma joue.

Une fois qu'il est parti, je me retourne vers le miroir. Mon reflet fait peur à voir : mon mascara a légèrement coulé à cause de la transpiration, mon visage est rouge et mon chignon s'est défait. Je regarde l'heure sur la grande horloge accrochée au mur. 21h45. J'essaie de me replonger dans la danse mais impossible de me reconcentrer.

Je soupire. J'aimerais pouvoir continuer à danser, mais je sens que mes jambes n'en peuvent plus.
Je reprend mes affaires et repars au vestiaire. Je me recoiffe rapidement et me passe un coup d'eau sur le visage pour retirer le reste de mascara qu'il me restait.
Je jette un dernier coup d'oeil à mon reflet dans le miroir.

- Hm.. Ça fera l'affaire, dans tous les cas il fait nuit, je murmure à moi-même.

Je quitte le studio en faisant attention à bien fermer les portes à clé derrière moi.
Je décide de faire un détour avant de rentrer chez moi pour profiter un peu de la neige. Il neige rarement par ici, pourtant c'est ce que je préfère. L'hiver... Le paysage est figé par ce manteau blanc et l'air est froid, comme si le temps s'arrêtait.

Je resserre un peu plus mon écharpe et enfonce mon bonnet sur ma tête. Je marche le long des trottoirs, sac à dos sur les épaules et les joues rougies par le froid glacial. En me rapprochant du centre ville, je m'attarde de plus en plus pour observer les gens dans les restaurants, à l'entrée des boîtes de nuits...
Au loin, à l'entrée d'un bar, un visage que je connais bien. Beaucoup trop bien.. Pendant un instant je me sens prise de vertige.
Adrien.
Mais qu'est-ce qu'il fait ici ?

La Danseuse & Le Boxeur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant