Chapitre 45: Clé

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Enzo tambourina contre la porte en métal et souffla lorsqu'il comprit que personne ne viendrait lui ouvrir la porte. Il était enfermé. Il se retourna, son dos contre la porte et le froid qui le fit frissonner. Enzo porta un regard à l'intérieur et cogna sa tête contre le battant de la porte dans un petit entrechoquement qui résonna dans l'habitacle. Cela l'aidera sûrement à faire le point sur les récents événements cette petite mésaventure qui le tenaillait.


Il aimait Gaspard. Ça, s'en était sûr. Il ne pouvait plus voir sa vie sans lui. Il ne pourrait juste pas le supporter. Alors quoi ? Que devait-il faire maintenant ? Guidever le tenait toujours aux basques, ils n'avaient plus de nouvelle de Minho et sa bande même s'ils se sont échangé les numéros, mais l'emploi de leur école étant presque le même, ils avaient très peu de temps pour s'échanger un mail ou un appel quelconque. Leur temps étant restreint à l'étude et au cours sportif. Enzo soupira. Il finit par s'accroupir et mit sa tête contre ses cuisses, fermant les yeux.


Il se reposa légèrement et attendit très longtemps jusqu'à ce qu'il entendît un cliquetis qui le fit sursauter. Il se redressa et recula tandis que la porte s'ouvrit sur Gaspard, son prof d'histoire.


Ils plongèrent leur regard l'un dans l'autre. Comment cela se fait-il que Gaspard soit devant lui ? L'examen était-il déjà terminé ? L'avait-il loupé ? Enzo se mordillât la lèvre et serra les poings, honteux et furieux. Guidever...Guidever l'avait fait rater son examen !


—Enzo Levalier, que faites-vous ici ? Vous n'aviez rien à faire dans ce quartier de l'école, déclara Gaspard sans une once d'hésitation.

—Je...Je, commença à bégayer Enzo.


Gaspard soupira et regarda le jeune homme qui était mal à l'aise depuis son arrivé. Il voyait sa franche cacher son front en biais et ses bouclettes comblé le vide sur la nuque du jeune étudiant. Il le voyait légèrement tremblé de colère, peut-être même de honte.


—Suivez-moi, votre examen ne va pas se faire tout seul, déclara Gaspard.


Enzo releva la tête à ce propos. Il regarda Gaspard qui commençait à s'éloigner le laissant derrière lui comme la vieille. Il ressentit qu'inconsciemment, Gaspard, lui donnait un nouveau coup de poignard dans le cœur puisqu'il ressentit un pincement de tristesse dans sa cage thoracique. Il sentit l'air frais de l'extérieur caresser son visage d'une tendresse infinie et méticuleuse le faisant frissonner et rougir de bien-être. Il soupira, lâchant toute sa colère et sa frustration dans ce soupir. Il passa une main sur son visage pour enlever toute trace de malaise et d'hésitation.


En regardant à nouveau devant lui, il s'étonna que Gaspard l'attendît en le regardant d'un air autoritaire et impatient. Enzo commença alors à le rejoindre d'un pas rapide et le suivit jusqu'à ce qu'ils rentrent dans la salle de classe. Sur le chemin du retour, Enzo brûlait d'envie de lui demander comment il avait fait pour le trouver parmi tant d'autres cachettes possibles.


Professeur, comment avez-vous réussi à me trouver ? osa-t-il enfin demander.

Votre cher camarade, Lier, m'a permis de vous retrouver.


Le vouvoiement était insupportable pour Enzo. Il voulait tellement tutoyer son professeur comme la vieille au soir. Le vouvoiement lui mettait une barrière infranchissable et invisible, amplifiant une distance entre les deux. Prouvant qu'une possible relation amoureuse était impossible et inexplorable. Prouvant que Gaspard était plus adulte que lui, plus mature et inaccessible comme il n'aimait pas le dire. Gaspard était, pour lui, un être inaccessible. Il voulait s'affranchir cet interdit, il voulait exploser cette barrière qui lui barrait la route. Il voulait tellement avoir plus. Toujours plus était l'avidité même de l'homme. Il voulait combler ce vide qui lui tenaillait le cœur, il voulait arrêter ce pincement qui lui déchirait le corps tout entier dans un vaste terrain de flamme qui le succombait dans un espace ténébreux et à la fois flamboyant.


Enzo regardait Gaspard avec ébahissement lorsqu'il entendit le prénom d'un compagnon de Guidever. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi, alors que c'était lui qui l'avait conduit jusqu'à ce Hangard ? S'en voulait-il ? Qu'allait faire Guidever pour punir Lier de cet affront ? Enzo se rendit compte qu'il devait être plus confiant et autoritaire à la présence de Guidever puisque celui-ci perdait de plus en plus son influence puisque Lier l'avait « sauvé » de son confinement.


Enzo s'assit à la chaise de son bureau tandis que les élèves de sa classe l'observaient d'un air curieux et dans un silence froid, désagréable. Enzo déglutit et remercia son professeur lorsque celui-ci lui donna la copie. Dimitri se pencha vers lui et dans un souffle lui parla de sa curiosité.


—T'étais passé où, mec ? Tu t'es perdu au chiotte ? demanda Dimitri légèrement amusé.

—O—Ouais, c'est ça. Je me suis perdu, répondit Enzo en levant les yeux au ciel.


Dimitri secoua la tête, désespérée du mensonge de son meilleur ami. Quant à Enzo, il croisa le regard froid de Guidever qui le narguait. Enzo n'y porta pas plus attention que ça et commença son examen d'histoire sur le livre qu'ils avaient dû lire durant l'année. Bien qu'il eût que très peu lu son livre, Enzo trouva qu'il s'en est sorti pas trop mal. Il soupira de soulagement lorsqu'il eut fini d'écrire sa dernière phrase lorsque le professeur clama de rendre les copies par l'avant après que la sonnerie ait retenti.


Alors qu'il sortait de la classe, une main sur son épaule le fit se retourner et croiser le regard froid de Guidever. Il le suivit sans trop tarder tandis que Laurent et Lier étaient à son dos. Ils s'isolèrent des regards indiscrets et Enzo maintenait son regard face à Guidever.


—Baisse ton regarde devant moi, tu veux mec ? demanda Guidever avec autorité.


Enzo ne répondit pas à sa provocation de soumis et continua de le maintenir, énervant au plus haut point son interlocuteur. Celui-ci se retourna en soufflant d'exaspération et sous les yeux de ses deux complices, il se retourna rapidement, formant un poing et allait pour frapper le visage d'Enzo qui ne cligna pas des sourcils.

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