~ Randonné en montagne ~

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En sortant de la cuisine, Océane se prit les pieds dans le tapis recouvrant le sol du salon et s'étala de tout son long au centre de la salle. Le plat plein de sauce bouillante qu'elle tenait dans les mains se renversa, l'éclaboussant à moitié.

Blessée dans sa trop grande fierté et la peau toute brulée, la jeune fille aux cheveux de feu se redressa d'un bond. Furieuse de s'être humiliée de la sorte, elle décida de laisser libre court à sa colère pour empêcher les personnes présentes dans la pièce de se moquer d'elle.

« J'en ai marre de cette boucle de merde ! hurla-t-elle en tapant du pied par terre. On ne peut rien faire sans que ça ne se passe mal. Et même quand on ne fait rien, quelque chose ne va pas ! Je n'en peux plus ! Un de ces jours je vais me casser d'ici une bonne fois pour toutes ! Et là, fini les journées monotones toutes plus ennuyantes les unes que les autres, à vivre entourée de crétins en tous genres !

Boris, qui se trouvait dans un canapé un peu plus loin, ouvrit la bouche pour protester.

- Mais...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Océane déchaînait déjà son pouvoir contre lui. Une seconde plus tard, il avait perdu le contrôle de son corps qui se retrouvait totalement immobilisé, tout comme la jambe droite de la jeune fille.

- D'autres amateurs ? reprit cette dernière en balayant ses amis du regard.

Ernest, Azilis, Elisa et Gabin la regardèrent sans répondre. Aucun n'avait envie de s'exposer à la colère de la particulière.

- Non ? Très bien, je vais choisir moi-même alors !

- Océane, tu ne peux pas, on ne t'a rien fait !

- Tais-toi ! Il faut bien que je défoule ma particularité de temps en temps et c'est le seul moyen que j'ai trouvé. »

Océane fusilla celui qui avait osé s'opposer à elle, c'est à dire Ernest et plongea son regard dans le sien, le paralysant à son tour.

Azilis et Elisa étant toutes deux incapables d'utiliser leurs particularités pour stopper la jeune fille - l'une étant trop mortelle, l'autre pas assez offensive -, elles laissèrent ce travail à Gabin qui, se servant de sa super-vitesse, vint se placer dans le dos de son amie et lui plaqua les mains sur les yeux afin qu'elle ne puisse plus immobiliser personne.

En se utilisant de son pouvoir contre Azilis et Elisa, Océane avait perdu l'usage de ses deux bras en plus de ses jambes, elle ne pouvait donc en aucun cas se libérer de son emprise.

Pourtant, ce ne fut que lorsque Gabin se pencha vers elle et lui chuchota à l'oreille : « Océane, arrête s'il-te-plait. » qu'elle obéit. Ses muscles se détendirent d'un coup et Boris, Ernest et les deux filles redevinrent maîtres de leurs mouvements.

Ensuite, la jeune fille rousse tourna les talons, repoussa Gabin qui se trouvait en travers de son chemin et monta dans sa chambre.

***

Quand les enfants racontèrent la mésaventure de la matinée à Miss Ramier, elle ne fâcha pas, au contraire. Elle décréta qu'Océane avait raison dans ses propos, bien qu'elle se soit montrée un peu trop démonstrative et promit à ses pupilles de chercher au plus tôt un moyen de remédier à leur ennui.

***

Après avoir inspecté la question sous toutes les coutumes, avoir envisagé toutes ses options et leurs conséquences, Miss Ramier avait pris la décision audacieuse de violer toutes les lois qu'elle s'était elle-même fixées pour emmener ses pupilles hors de leur boucle le temps d'une après-midi. La directrice aurait préféré ne pas avoir à venir jusqu'à cette extrémité mais elle sentait bien que le moral de ses petits protégés était en train de chuter et que si elle ne faisait pas rapidement quelque chose pour y remédier, ils risquaient de gravement dégénérer.

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