4 novembre- 6 novembre

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4 novembre , j-10 avant mon anniversaire .

Aujourd'hui je reçois mon oncle Henry. Je me dois d'avoir l'air normal.

J'appuis sur le bouton d'appel, et Edward débarque. Il me regarde , inquiet et me demande:

" qu'es ce qu'il veut le petit prince ?"

- " oncle henry vient aujourd'hui "

-" ok, douche ou toilette "?

- " je préfère le douche, m'sieu"

Rester propre ici est un vrai calvaire, aucune intimité, mieux vaut ne pas être pudique.

Depuis un accident humiliant, je préfère que ce soit Edward qu'il me lave.

Tiens, vous allez rire.

Vous voyez , quand j'avais à peut prés quinze ans , dans un autre hôpital, je me suis fait faire ma toilette par l'infirmière la plus mignonne de l'étage de chirurgie oncologique. Jeune, avec de ravissantes taches de rousseur sur le nez et un corps qui épousait à merveille le polyester de son uniforme et des yeux bleus de chat . Et elle était gentille avec ça. Pas difficile de deviner comment ça a fini . Le top de l'humiliation, mais au jour d'aujourd'hui je trouve ça hilarant.

Donc j'étais là, allongé sur le dos, ligoté par mes perfs, mes drains thoraciques et tous matos de bondage. Et la voilà qu'elle me passe un gant de toilette chaud et savonneux sur les pieds et les mollets. Elle papote comme elles le ont toujours pour nous détendre - elle me raconte une histoire débile, la fête qu'a organisé sa sœur pour la naissance de son bébé, avec ces petits bodys " trop mignon" et cet ours en peluche " craquant". Elle a les cheveux couleur miel, longs et raides et elle n'arrête de se remettre une mèche folle derrière l'oreille (" pourquoi les infirmières ne portent pas de calot ? avait un jour demandé ma mère en voyant cette splendide chevelure " , était-elle jalouse ? " )

En général , les infirmières qui vous lavent au gant s'arrête juste au dessus du genou, et là elles vous demandent si vous préférez nettoyer vos parties intimes vous-même - ou alors elles ignorent complètement cet zone et t'es bon pour sentir le poisson pendant des jours.

Sauf que là , elle prend son travail à cœur. Une infirmière en chef a du lui dire de bien me laver et , bon sang je peux vous dire qu'elle y a mit du sien.

Alors elle continue de discuter - " et puis il y avait des petits transats trop chou, et des couvertures bleues ", blablabla.... - et là le gant remonte le long de mes cuisses telle une langue tiède. Enfin j'imagine que sa s'en rapproche - l'imagination, c'est tous ce que j'ai. Et bien sûr je me retrouve en érection comme la tour Eiffel et forcément elle s'arrête net. Elle laisse échapper un gloussement manquant totalement de professionnalisme. - un " waouh , dis donc " que je préfère prendre comme un compliment. Et elle recule me dépose le gant dans la main en disant aussi doucement qu'elle le peut , les yeux baissés et en essayant visiblement de ne pas sourire : " et bien Louis , je crois que je vais te laisser terminer tout seul." En partant elle tire les rideaux de la chambre et ferme la porte . - " tu m'appel quand tu as fini !"

Quel moment gênant ahah . Donc depuis j'évite ce genre incident.

Donc ce matin , avachi sur le tabouret en plastique blanc de la douche , Edward me savonnant le dos , j'entends une grosse voix dans le couloir . Qui braille : " Hé il est où mon Louis IV?"

Ma visite est arrivé. La brebis galeuse de la famille et de retour .

(je tiens à dire que cette scène est tiré d'une histoire vrai ahah )

Depuis la douche je crie " Hé oncle Henry , par ici!"

Edward a juste le temps de me jeter un gant sur l'entrejambe , qu'Henry rempli toute la cabine embuée de son odeur de bacon , de marihuana et de cigarette . J'essaie de me redresser, bombe le torse , histoire d'avoir l'air plus grand et plus fort. Et quand Henry pose les yeux sur moi, je l'accueille avec un bon gros sourire.

Edward, lui dit gentiment de bouger de la douche et d'attendre dans la chambre.

Henry s'exécute et me lâche une petite vanne : "j'attendrai que le Roi Louis XIV enfile son peignoir et veuille bien recevoir son sujet "

Il recule, s'incline en abaissant son chapeau imaginaire.

Pour les visites, j'aime bien mettre un jean , pour avoir l'air normal et moins malade.

Après une lutte acharnée pour introduire ma carcasse dans le jean , je prend une minute dans la salle de bain pour me regarder dans le miroir.

J'ai l'air d'un épouvantail maigre et chauve, nageant dans mon jean .

Plus de cils , plus de sourcil, la peau couleur craie. No problemo, je me sent bien, et pleins d'énergie . Edward se penche au-dessus de mon épaule pour essayer de me remettre un bandage sur la main . Mais je la brandit face au miroir et dis: "eh laisse la comme ça, pas besoin de la cacher."

Les jointures sont toute bleues , et il y'a un fatras impressionnant de coupures presque à vif et qui suppurent. L'hématome me remonte même jusqu'au bras, avec une espèce de zigzag noirâtre assez dégoutante. Je vois bien que Edward est inquiet, mais je passe outre.

Je rentre dans la chambre, Henry sur le lis , regarde un match de tennis.

"Louis X
IV est prés à recevoir son sujet."- " et bien petit soleil , je vous emmène pour une journée ,dehors."

Je regarde Edward, avec des étoiles dans les yeux - "tu étais au-courant"?

Il me regarde droit dans les yeux et affiche un grand sourire - "et oui p'tit gars, tu sors aujourd'hui, profite bien."

Il s'approche et me prend dans ses bras , il va me manquer lui!

Je regarde oncle Henry - " Allons y , mais où ?"

" On pars faire un peu la fête, ton anniversaire arrive bientôt, et si on le fêtait en avance?" A vrai dire, cette réponse m'attristé.

Je vais vous dire pourquoi....

En mai 2018 , quand je suis arrivé dans cet hôpital , mon espérance de vie n'était que 6-7 mois .

Et comme vous le savez , on ai en novembre . Je suis à mon 187 éme jour de vie depuis juin .

10 jours me sépare de mon anniversaire, je ne sais pas si je serais encore là , mais on va positivé.

Donc je lui répond courtoisement : " qu'es ce que tu dirais d'une journée promenade dans la ville, et d'une petite soirée tranquille chez toi?" - " c'est ta sorti , c'est toi qui décide, mon roi"

Je m'enroule d'une grosse couverture molletonnée et attrape mon gros bonnet rouge.

Prés à décoller !

Dieu me détesteWhere stories live. Discover now