Chapitre 11

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Quelques minutes plus tard, Perceval se leva et demanda l'attention de la salle. Quand il l'obtint, il s'éclaircit bruyamment la gorge avant de prendre la parole :

- Sir, commença-t-il, gentes dames et vous aussi messires, je voudrais que vous m'accompagniez et leviez encore une fois vos coupes pour souhaiter un bon retour à notre Reine. A la Reine !

Les derniers mots furent repris par les convives. Guenièvre émue, un sourire éclatant sur les lèvres, inclina la tête avec grâce pour remercier Perceval. Ce geste fit grincer des dents Avalone. Une fois le silence revenu, Perceval continua son allocution :

- Vous l'ignorez peut-être, mais nous accueillons également au sein de ce château, une grande cantatrice, je nomme cette chère Dame Iris. Et avec votre permission Sir, je proposerai qu'elle nous gratifie d'une petite prestation afin de parachever la célébration de ce moment !

Avalone manqua alors de s'étouffer. Elle pesta intérieurement contre Perceval, un charretier lui aurait sans doute envié le fleuron de jurons auquel elle pensa.

Il la regardait avec une lueur malicieuse dans le regard. Elle lui rendit son sourire en prenant la main qu'il lui tendait :

- Messire, une mort violente parait bien douce par rapport au châtiment que je vous réserve, lui siffla-t-elle.

- Je n'en doute aucunement Madame, lui répondit-il toujours taquin.

Et tandis que la foule l'acclamait, Avalone réfléchissait. En réalité Perceval venait de lui donner une occasion en or d'attirer sur elle l'attention du Roi. Elle n'allait pas se lancer dans une danse du ventre endiablée, mais elle avait sa petite idée.

Les acclamations de la foule et la montée d'adrénaline, qu'elle ressentait, étaient pour elles des sensations familières, même s'ils lui semblaient qu'elles appartenaient à une autre vie.

Avalone se dégagea un peu de la table, en faisant quelques pas en arrière, et attendit que le silence se fasse dans la salle puis, commença à chanter. Au fur et à mesure qu'elle chantait, elle prenait de plus en plus confiance en elle. Ses cordes vocales se souvinrent de l'exercice, et ses notes se firent plus précises, et plus fortes.

« [...]

I have died every waiting for you,

I have loved you for a thousand years,

I'll love for a thousand more. »

Avalone avait choisi cette chanson parce qu'elle exprimait les sentiments qu'elle-même ressentait. Au début elle fixait Arthur car chacun des mots lui était adressé, puis elle ferma les yeux et se laissa emporter par les émotions qui l'envahissaient.

Quand elle les rouvrit, il semblait que la salle entière était figée, il semblait qu'ils assistaient à un évènement unique et presque sacré, et personne n'osait bouger par peur de le rompre.

Merlin était pareil à une statue, il osait à peine respirer, seul l'intensité de son regard trahissait ses émotions. Perceval la regardait la bouche ouverte, quand elle le remarqua, un sourire de satisfaction lui étira les lèvres. Elle fit alors une brève révérence et attendit.

Arthur fut le premier à se ressaisir, et se mit à applaudir, il fut bientôt accompagné par l'ensemble de la salle. Heureuse de l'effet produit Avalone revint s'asseoir et en profita pour fermer la bouche de Perceval qui ne cessait de la fixer.

Bientôt les bavardages reprirent de plus belle. Les musiciens commencèrent à jouer et essayèrent de reproduire la mélodie de la chanson d'Avalone.

Lost in a fairy taleWhere stories live. Discover now