São Paulo (Tome 2)

Chapitre 19

Can't look away - Seafret
***

Voilà près de douze heures que Carla est inconsciente. Sa moue angélique me fait sourire, elle a repris des couleurs depuis hier soir malgré les bleus qui recouvrent son visage. Ses doigts ne sont plus aussi gelés, son pouls est de nouveau devenu régulier.

Je caresse sa joue, la contemplant silencieusement. J'entortille deux mèches brunes autour de mes doigts et soupire. Lorsque je me penche pour embrasser son front, un gémissement sourd s'échappe d'entre ses lèvres rosées.

Je me recule aussitôt, surpris.

— Carla ? l'appelé-je prudemment.

Elle entrouvre les yeux et déglutit en grimaçant. Elle entrouvre les lèvres et tente de parler. Je me souviens alors que José m'a dit qu'elle ne devrait pas user de ses cordes vocales jusqu'à tant que sa blessure ne se remette pas d'aplomb.

- Ne tente pas de parler, tes cordes vocales en ont pris un coup, lui dis-je avec douceur.

Ses prunelles croisent les miennes, mon cœur bat un peu plus fort. Je souris et serre affectueusement sa main dans la mienne.

— Tout va bien, dis-je en la voyant écarquiller les yeux, tu es vivante.

Soulagée, elle me regarde et se met à sangloter. Je pose une main contre sa joue et embrasse son nez, son front, son visage. Son souffle chaud chatouille mes lèvres alors que je pose mon front contre le sien.

— Tu es vivante, répété-je dans un souffle.

Un mince sourire étire ses lèvres blessées tandis que je lorgne dessus.

— Je suis désolé, susurré-je.

Rongé par la culpabilité, je soupire et m'éloigne de quelques centimètres. Ses sourcils se froncent, son regard m'interroge.

— Je t'ai laissé seule, je t'ai mise en danger. C'est de ma faute tout ça...

Alors que mes paupières sont toujours closes, je sens sa paume chaude ainsi que ses doigts fins glisser sur ma joue. Je rouvre les yeux et la fixe, incrédule.

Je comprends rien qu'a son regard tendre qu'elle ne m'en veut pas. J'approche alors mes lèvres des siennes et les caresse, les effleurent, les frôlent avec tentation. Son souffle devient rapidement irrégulier, le mien également.

Lorsque je l'embrasse enfin, une explosion de saveurs m'envahit malgré le goût âcre du sang qui recouvre sa bouche. Les plaies qui étaient ouvertes tantôt, ne forment plus que des croûtes. Ses petites mains frêles viennent s'accrocher derrière ma nuque alors que j'approfondis le baiser en grognant de contentement.

À bout de souffle, je m'écarte et lui souris.

— Tu devrais te reposer, Carlos va t'apporter de quoi reprendre des forces.

Elle acquiesce tandis que je m'apprête à repartir. Je l'entends se racler difficilement la gorge, je me fige.

— Cael, m'appelle-t-elle d'une voix enrouée.

Je me retourne lentement et plonge mon regard sombre dans le sien, envoûtant.

— Oui ?

Carla se déplace dans le lit tout en grimaçant et tapote la place à ses côtés.

— Viens là, sourit-elle.

Je m'approche et m'allonge à côté d'elle et enroule un bras autour de sa taille, faisant attention à ses diverses blessures. En parlant de plaies, sa clavicule a cicatrisé, heureusement.